Publié le 17 février 2020 à 9h36 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 9h47
Les quatre groupes lauréats du Prix Ilan Halimi ont été formés et accompagnés au Camp des Milles. Dédié à la lutte contre les préjugés ce prix national récompense les initiatives engagées par des collectifs de jeunes de moins de 25 ans qui, par leur créativité et leur inventivité, contribuent à faire reculer les préjugés et les stéréotypes racistes et antisémites
Le Prix Ilan Halimi a été remis par le Premier Ministre, en présence du ministre de l’Education nationale, le mercredi 12 février à quatre groupes de jeunes de moins de 25 ans ayant réalisé un projet collectif visant à faire reculer les préjugés racistes et antisémites. Une forte reconnaissance pour ces jeunes devenus par-là acteurs du vivre ensemble, ainsi que pour le travail de la Fondation du Camp des Milles qui les a accompagnés, tous les quatre, dans cette mise en mouvement. Créé par le Premier Ministre et l’Education nationale en hommage au jeune français enlevé, séquestré et torturé à mort parce que juif par des individus aveuglés par la haine et les préjugés antisémites en 2006, le prix Ilan Halimi récompense des initiatives de jeunes de moins de 25 ans qui luttent contre le racisme et l’antisémitisme. Face aux préjugés et aux engrenages qui en découlent, chacun peut agir, chacun peut résister, chacun à sa manière. Les quatre collectifs lauréats 2020 du Prix Ilan Halimi en sont la preuve. Originaires de l’Aude, des Bouches-du-Rhône ou du Var, ils ont en commun d’être passés à l’action, chacun à leur façon. Pour les guider dans la mise en œuvre de leurs projets, la Fondation du Camp des Milles était présente à leurs côtés dans le cadre de son dispositif de labellisation citoyenne. L’an dernier, pour la première édition de ce prix national, trois des cinq projets lauréats, dont le lauréat du Grand Prix, avaient été accompagnés dans le cadre du Label citoyen.
En 2020, le jury a retenu quatre projets lauréats, tous accompagnés par la Fondation du Camp des Milles. Il s’agit de: – Association Vatos Locos Vidéo (13) au titre de l’action « Vitrollywood : tous unis contre le racisme » qui a obtenu le grand Prix Ilan Halimi – Musicaix/Conservatoire de Pertuis (13) au titre de l’action « L’empereur d’Atlantis » – Adolescent citoyen souvenir (83) au titre de l’action « Recueil de mémoire de Chibanis » – Collège Georges Brassens (11) au titre de l’action « Mobilisés contre le racisme et l’antisémitisme ! ».
Le Label citoyen, pour faciliter la mobilisation de terrain
Le Label citoyen a été développé dans le cadre de la Chaire Unesco « Éducation à la citoyenneté, sciences de l’homme et convergence des mémoires » par la Fondation du Camp des Milles en partenariat avec la DILCRAH, le Défenseur des droits, Aix-Marseille Université et l’Éducation nationale. L’objectif : accompagner les porteurs de projets dans la définition et la mise en œuvre d’actions de sensibilisation à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, les discriminations et les extrémismes.
Ce dispositif d’accompagnement de projets de terrain après formation des porteurs de projets permet à toute personne (professionnels de l’éducation, de la culture, des ressources humaines, représentants syndicaux, salariés d’entreprises ou encore travailleurs du milieu associatif) souhaitant mobiliser ses publics autour de ces questions, de devenir référent de sa structure en la matière. Durant 2 jours, retours d’expérience et ateliers d’émergence d’idées complètent la découverte du Site-mémorial, outil au potentiel multiple au service du vivre ensemble, à partir de l’Histoire et de la mémoire de l’expérience tragique de l’humanité. Chaque année, parmi la cinquantaine de projets présentés par les référents formés, le jury du label en sélectionne une vingtaine que la Fondation accompagne ensuite, à l’instar des quatre lauréats 2020 du Prix Ilan Halimi.
Edouard Philippe: «Auschwitz n’est pas tombé du ciel, la mort d’Ilan Halimi n’est pas tombée du ciel»
Dans son intervention, le Premier ministre, Edouard Philippe, devait notamment évoquer son voyage à Auschwitz, à l’occasion du 75e anniversaire de la libération du camp, comme une invitation à combattre: «un survivant a eu cette phrase magnifique : “Auschwitz n’est pas tombé du ciel.” Cela n’est pas intervenu comme cela, c’est intervenu en Europe alors que le peuple allemand était un des peuples les plus civilisés du monde, avec une culture et une richesse intellectuelle exceptionnelle, une poésie, une philosophie, une musique, une histoire. Et pourtant Auschwitz est arrivé. Il n’est pas tombé du ciel. Il est arrivé après que, petit à petit et assez vite, un discours, des paroles, une idéologie et une haine se furent développés dans un pays qui, pourtant, était un pays incroyablement cultivé et civilisé. De la même façon, la mort d’Ilan Halimi n’est pas tombée du ciel. Elle n’est pas un hasard, elle n’est pas un accident. Elle est l’expression de la mise en œuvre de préjugés qui, petit à petit et parfois très vite, se construisent et se développent. Elle n’est pas tombée du ciel. Et notre tâche et ceux qui portent la cause ont pour objectif de faire en sorte qu’on ne passe pas de ces préjugés et de ces idées -dont certains disent que ce sont des préjugés et des idées- à des actes qui ne tomberaient pas du ciel. Autrement dit, l’objectif de ce prix n’est pas simplement de saluer le remarquable travail fait par des enfants et ceux qui les accompagnent, il est de créer des gens qui luttent contre les choses qui ne tombent pas du ciel».
Grâce à leur projet « Vitrollywood », les jeunes de l’association Vatos Locos de Vitrolles ont remporté hier soir à Matignon le Prix Ilan Halimi. Bravo à eux ! pic.twitter.com/1F007AxcQz
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) February 13, 2020