Publié le 21 février 2020 à 9h47 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 9h47
Le partenariat entre l’Armée et le Medef Provence-Alpes-Côte d’Azur a été officialisé ce jeudi 20 février à Marseille par le général de corps d’armée, Benoît Houssay, officier général de la zone de défense et de sécurité Sud, et Yvon Grosso, président du Medef de la région. La convention passée doit permettre aux deux mondes, trop éloignés, jusque-là, de pouvoir mettre en commun leurs réseaux pour mieux informer les entreprises des coopérations économiques possibles avec la Défense. Elle doit encore permettre de faciliter le recrutement à la fois des militaires en reconversion, des conjoints comme des blessés de guerre en réinsertion. L’autre finalité pour l’Armée est de promouvoir sa réserve opérationnelle au sein des entreprises afin de susciter l’engagement des salariés.
«Il n’arrive pas si souvent que le Château Saint-Victor, résidence du gouverneur militaire de Marseille, s’ouvre au civil, commence le général Houssay, c’est aujourd’hui pour nous symbolique de signer ici la convention car nous avons la volonté d’ouvrir toujours plus, notamment au monde économique, la représentation des armées à Marseille et dans la zone Sud.» «Cette convention, poursuit-il, a été possible car le courant est vite passé avec Yvon Grosso. Il y a eu la volonté de brancher tous les tuyaux entre nous, de développer les réseaux. On ne partait pas de zéro, mais rien ne rentrait dans un cadre défini. Pour résumer la nouvelle situation: le Medef pourra venir chez nous, et nous pourrons aller chez eux dans le cadre d’un vrai partenariat.» Yvon Grosso, dans l’un des salons de l’hôtel du commandement militaire, précise : «La convention a été initiée depuis l’automne dernier. Elle s’explique beaucoup par une affaire de personnes et de convictions. L’Armée a des militaires qui servent la France, s’engagent pour elle. Je considère qu’il est un devoir de citoyen d’aider les corps armés qui défendent la Nation.» La nouvelle collaboration entre l’Armée et le Medef régional portera sur 3 grands thèmes. Le patron des patrons de la région explique: «Le premier concerne l’industrie de la Défense et l’innovation. Il faut savoir que l’Armée fait chaque année dans le pays des appels d’offres de 15 milliards d’euros à l’industrie. On doit accompagner cette politique pour développer et aider les entreprises spécialisées dans le domaine, je pense par exemple au secteur des drones. Le premier investisseur public du pays, c’est l’Armée. Il est impératif d’avoir cela en tête pour l’avenir.»
Une nouvelle zone de commandement mise en place décisive pour faire évoluer les choses dans le bon sens
Deuxième thème porté par la convention : l’emploi. L’Armée effectue en moyenne chaque année 16 000 recrutements en France. Dans le même temps, les entreprises du pays ont à pourvoir 400 000 emplois par an. «Rapprocher les deux mondes» doit être la première finalité du nouvel accord passé. «Il y a une opportunité depuis peu pour aller dans ce sens», ajoute le général qui considère que les principaux acteurs du monde de l’entreprise des Bouches-du-Rhône «n’avaient pas une grande appétence pour l’Armée. Ce n’était pas de la méfiance mais une méconnaissance de l’Armée.» Insiste sur le fait que «les Armées étaient ici trop loin du monde de l’entreprise». Et, il estime que le Medef dans les Bouches-du-Rhône a toujours été isolé par rapport au Medef central: «C’est ce que j’ai remarqué en place ici». D’autre part, poursuit-il: «Pour diriger l’Armée, il y avait un gouverneur à Marseille mais qui était couvert en termes de rayonnement et de responsabilités par Lyon. La région marseillaise a été davantage mise en avant par les changements opérés -en termes de nouvelles zones de commandement- et j’ai été mis en place pour créer cette grande zone Sud. Je dois avouer que cela change beaucoup de choses.» Insiste particulièrement sur ces changements: «Beaucoup de responsabilités étaient à Lyon. C’est aujourd’hui différent. Cette dernière explication est sûrement la plus décisive pour pouvoir acter un tel partenariat.»
On a besoin d’une armée jeune. Il y a donc un fort besoin de réinsertion qui existe
La convention passée est une déclinaison régionale de celle établie en 2014 entre le ministère des Armées et le Medef national. «Un comité de pilotage régional est désormais installé avec cette convention», précise le général. Convention qui est donc de déclinaison ministérielle, pour toutes les armées, dans les 6 départements de la Provence-Alpes-Côte d’Azur. «Les chefs d’entreprises doivent avoir un regard bienveillant sur l’outil de défense de leur pays. Avec le nouveau président national du Medef, on a connu une impulsion pour faire changer les choses de manière à davantage collaborer avec l’Armée. Nous devons penser aux emplois des militaires qui, après leur service, pendant en moyenne 15 à 17 ans, ont un besoin de reclassement dans la société civile. Nous avons un modèle très pyramidal. On a besoin d’une armée jeune. Il y a donc un fort besoin de réinsertion qui existe, car, pour nous, la réinsertion fait partie du contrat d’engagement», rappelle le général qui conclut en évoquant «les conjoints de nos militaires» : «Il est très compliqué pour eux de retrouver du travail en cas de changement géographique. On doit aussi penser aux blessés de guerre. Il doit être pour nous comme un devoir de redonner une nouvelle chance et un nouvel emploi à ces militaires qui ont combattu pour le Pays. Penser encore à pouvoir proposer des emplois à l’adresse des veuves de guerre. Enfin, à la réserve opérationnelle, qui est un apport à l’Armée et un actif impératif aujourd’hui. Militaires à temps partiel, les réservistes ne doivent pas, ou plus, rester cachés dans leurs entreprises.»
Bruno ANGELICA
|Le chiffre : 44 000
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur se situe au 2e rang des régions françaises les plus peuplées en agents du ministère des Armées, avec un effectif de près de 44 000 personnes : ce qui représentent 9 000 civils des Armées et 35 000 militaires, soit 17 % des effectifs nationaux.|