Non seulement la campagne de Martine Vassal, candidate officielle LR a du mal à décoller mais elle semble s’embourber chaque jour un peu plus dans la vase du Vieux-Port. Cela d’autant plus qu’elle avait tout pour gagner, il y a quelque temps encore : un bon bilan au département des Bouches-du-Rhône et une prise de distance avec Jean-Claude Gaudin. Elle ne cessait alors de clamer que, si elle avait pu se présenter et prendre le Département, c’est parce que personne ne croyait en sa victoire au sein de sa propre famille. Elle se positionne même comme Macron compatible et plus rien ne semble lui résister… Si elle s’était laissée porter par la vague, promise lui était la victoire. Mais, elle aurait dû se souvenir qu’il n’y a pas loin du Capitole la roche tarpéienne. Des premiers nuages s’amoncellent dès son premier meeting mal maîtrisé au Silo avec une intervention huée du macroniste Jean-Philippe Agresti. Et, dans la salle, chose unique, l’arrivée au premier rang de Jean-Claude Gaudin, Claude Bertrand et Jean-Pierre Chanal. Et, plus que les Rois mages leur cortège laissait penser à celui des Tontons flingueurs. De fait, Martine Vassal redevient l’héritière et tombe dans un premier piège -celui pourtant annoncé par le président LR de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier: «Reprendre les mêmes à l’exception de Jean-Claude Gaudin»- en omettant le poids de la personnalité hors-norme de l’édile dans les victoires tout comme celui de Renaud Muselier et Bruno Gilles dans nombre de ces dernières. Deuxième erreur, la nomination de la très clivante Valérie Boyer au poste de porte-parole nationale de la campagne. Et, Martine Vassal porte alors le poids d’un héritage de plus en plus lourd avec le drame de la rue d’Aubagne, qui a coûté la vie à 8 personnes, le PPP des écoles recalé par la Justice, le tout aussi volumineux que critique rapport de la Chambre Régionale des Comptes et enfin, un conservatisme auquel les Marseillais ont pu s’adonner entre plaisir et fatalisme avant de s’en détourner. Alors arrive, ce qui est plutôt déconseillé dans une campagne: une valse à trois temps. Au premier temps de la valse, Martine Vassal se présente comme le rempart contre l’extrême-droite. Las, elle est devenue trop clivante pour pouvoir s’unir avec quiconque au second tour sans que cela ne ressemble au mariage de la carpe et du lapin. Au deuxième temps de la valse elle devient inquiétante en véhiculant l’idée que le principal danger à Marseille est le « Printemps Marseillais » -qu’elle qualifie «d’extrême-gauche»-, conduit par l’ex-écologiste Michèle Rubirola, le socialiste Benoît Payan, le communiste Jean-Marc Coppola et la société civile Olivia Fortin. Mais il est vrai que pour Valérie Boyer la gauche arrive extrêmement vite sur l’échiquier politique. Martine Vassal devient ainsi illégitime à s’afficher comme rempart à l’extrême-droite puisqu’elle affirme que le danger est ailleurs… à « l’extrême-gauche ». Alors, vient le troisième temps de la valse, la campagne Calimero. Tous les candidats seraient contre elle avec un «Tout sauf Vassal». Ces mêmes candidats n’auraient, de plus, pas d’idées et peut-être même, pas de programme au point qu’elle refuse tout débat contradictoire. Mais là encore, quelle union possible au second tour avec des personnes méchantes et stupides? Et, est-ce là la stature que les électeurs attendent de quelqu’un qui veut être à la fois maire de la deuxième ville de France et d’une métropole qu’elle rêve de voir englober Arles et son Pays? Enfin, conjuguer les trois temps de la valse risque de provoquer non point une Fièvre du samedi soir mais du dimanche soir…
Michel CAIRE