Publié le 2 mars 2020 à 8h21 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 9h48
Théo Mavrostomos, le recordman mondial de la plongée la plus profonde -un record établi le 20 novembre 1992 et qui n’a encore jamais été battu- a rejoint Bruno Gilles, candidat sans étiquette à la mairie de Marseille. Il a travaillé avec lui sur la question du littoral et avance des propositions qui sont intégrées au programme. Un programme qui, en la matière, part d’un constat, «plus que tout autre espace, le littoral est soumis à des enjeux et des pressions contradictoires : attractivité résidentielle, urbanisation croissante, forte sensibilité environnementale et paysagère.» Et c’est avec passion que Théo Mavrostomos parle de la beauté du littoral, du potentiel économique tout autant qu’écologique qu’il représente mais aussi des pollutions qu’il subit.
Bruno Gilles ne cache pas sa satisfaction de voir à ses côtés Théo Mavrostomos :«De par son expérience de scaphandrier depuis 40 ans, recordman mondial de plongée à moins 701 mètres grâce à la technologie de la Comex pour laquelle il a travaillé, est reconnu dans l’expertise environnementale et de le monde de la mer». Et de rappeler qu’il a été par ailleurs responsable de la mission Gombessa V, durant le mois de juillet 2019. Une expédition qui avait pour but d’observer les fonds marins et mesurer l’impact de la pollution sur l’environnement. Un reportage va être diffusé sur Arte en mars 2020. Il forme depuis plus de 10 ans des élèves au sein de l’INPP (Institut national de plongée sous-marine.»
«Devenir la capitale de la plongée sportive et professionnelle»
«Notre ambition, reprend Théo Mavrostomos, est d’abord de devenir la capitale de la plongée sportive et professionnelle en nous inscrivant dans l’histoire puisque la plongée cinématographique a commencé à Marseille avec le Commandant Cousteau, et la plongée professionnelle avec la Comex». Il poursuit avec un projet de création de la Cité de la mer sur la zone de la Pointe Rouge, avec parking, commodités, voies d’accès. Il se félicite par ailleurs : «Comme il est notifié dans le Comité interministériel de la mer en 2019, l’État a pour projet de faire évoluer l’Institut National de la Plongée Professionnelle (INPP) en le confortant dans son rôle de centre d’expertise hyperbare national avec une vocation à l’international». Il importe, pour lui, de profiter pleinement de cette opportunité: «Nous accueillons déjà les pilotes d’hélicoptères et Canadair pour des stages de survie. Nous devons renforcer notre offre en proposant de meilleurs conditions d’accueil. Nous disposons d’un espace important, nous pourrions accueillir également des biologistes marins. Et nous sommes également favorables à la création de clubs de plongée dédiés aux personnes en situation de handicaps avec des moniteurs formés et spécialisés».
Plusieurs dispositifs pour l’Huveaune
Favoriser la plongée, devenir un centre mondial, une politique ambitieuse qui ne se fera pas au détriment de la population puisque, pour y parvenir, «il faut rendre les eaux de baignade propre et cela orage ou pas». Pour y parvenir, explique-t-il: «Nous mettrons en œuvre plusieurs dispositifs. Nous allons ainsi nettoyer l’Huveaune sur plusieurs centaines de mètres à partir de l’embouchure. Nous mettrons en place des filets en acier de barrage pour retenir les déchets qui se déversent en mer après les grosses pluies. Et, de plus, nous rendrons l’Huveaune à la population en aménageant des berges des 2 côtés en sentier piétons.» Il en vient aux boues rouges : «Le déversement des boues rouges Pechiney – Altéo doit être stoppé dans les six mois. Nous savons que des efforts sont accomplis par l’entreprise, le temps qu’ils soient pleinement concrétisés nous devons exiger à minima le remplacement du Pipe-line qui transporte ces boues rouges». Théo Mavrostomos aborde un autre sujet sensible, le déversement de la station d’épuration à l’émissaire de Cortiou. «Ces eaux contiennent toujours une grande quantité de restes médicamenteux comme des antibiotiques et des produits ménagers. Cette mixture se déverse dans la cuvette entre Cortiou et l’île Plane. La flore y est quasiment inexistante et la faune se nourrit de ces rejets concentrés avec des résultats catastrophiques». Pour remédier à cet état de fait, il indique: «Nous proposons dans un premier temps d’imposer à tous les hôpitaux de s’équiper d’une micro station d’épuration qui optimisera le filtrage de la station commune. Dans un 2e temps, nous devons rallonger la sortie de l’émissaire jusqu’à la fosse cassidaine, qui a une profondeur de 2 500 mètres et situé à 10 kilomètres de la côte. Nous considérons de plus que la création d’une station d’épuration supplémentaire s’impose». Les récifs artificiels ne sont pas oubliés: «Nous avons actuellement 400 récifs répartis entre le Frioul et la Corniche. Sur 57 kilomètres de littoral, il serait judicieux de multiplier les récifs artificiels pour la reconquête de la biodiversité marine, si l’on juge des bons résultats des premiers récifs mis en place en 2000. Le nombre d’espèces de poissons a été multiplié par 3 et la biodiversité a augmenté de 30%.
«Nous étudions la réouverture du Tunnel du Rove»
En ce qui concerne le Tunnel du Rove, il annonce :«Nous étudions sa réouverture, ce qui représenterait une solution pour réhabiliter biologiquement l’Étang de Berre pollué par les rejets des usines alentour. Cet apport d’eau salé servirait au retour de la faune et de la flore, une fonction que le tunnel remplissait jusqu’à sa fermeture en 1963». Ce tunnel, placé sous la chaîne de l’Estaque (16e), fait communiquer la rade de Marseille avec l’Étang de Berre. Il est long de 7 kilomètres et large de 22 mètres. «Nous travaillons à l’étude de faisabilité de la création d’une ligne de métro qui partirait de la gare Saint-Charles jusqu’à l’aéroport Marseille-Provence. Un tel projet ne nécessiterait qu’un accord avec la SNCF mais aucune ou quasiment aucune expropriation. Il permettrait enfin de relier la deuxième ville de France à son aéroport avec un transport en commun efficace qui éviterait de partir des heures en avance pour être sur d’avoir son avion. Cela permettrait aussi aux nombreux salariés de ce secteur de ne pas prendre leur voiture pour se rendre et revenir du travail. Les autoroutes seraient de ce fait désengorgées et la pollution réduite. Une opération pour laquelle nous pourrions demander des financements croisés Europe, État, Région, Métropole et ville de Marseille. Concernant le Frioul il préconise : «Un réaménagement en prenant exemple sur les îles des Cyclades mais en conservant l’identité provençale». Et, ajoute-t-il: «Nous souhaitons également que la connaissance du patrimoine marin marseillais soit développée à l’école. Pour cela nous pourrons travailler avec les associations nombreuses et compétentes en la matière».
Création d’un aquarium géant à l’eau de mer dans le 8e arrondissement
C’est encore un projet d’envergure que Théo Mavrostomos annonce avec la création d’un aquarium géant à l’eau de mer dans le 8e arrondissement, entre la Verrerie et l’Escalette. «Un site qui serait en harmonie avec le Parc national des calanques tout proche. Avec l’aménagement d’un parking qui pourra également servir aux visiteurs du parc des calanques. «Là, des navettes gratuites et électriques desserviront jusqu’à Callelongue les visiteurs. Seuls les riverains seront autorisés à circuler. Donc, moins de pollution, moins d’embouteillages». La conclusion reviendra à Bruno Gilles : «La mer, nous la voyons tous les jours. Superbe, attirante, elle est un bien précieux pour les Marseillais et les visiteurs. Nous n’avons plus les moyens de projets dispendieux. En revanche, nous devons la préserver des pollutions et créer les conditions d’une forme de réconciliation entre nous, humains, et cet élément naturel extraordinaire».
Michel CAIRE