Publié le 6 mars 2020 à 21h05 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 9h48
C’est dans le grand auditorium du palais des congrès du parc Chanot que s’est tenu, ce jeudi 5 mars en début de soirée, le meeting d’Yvon Berland, l’ancien président d’Aix-Marseille Université (AMU) soutenu par La République En Marche (LREM) pour devenir le nouveau maire de Marseille.
Il y a eu du retard pour lancer les premières interventions de la soirée sur la scène de l’auditorium qui a rassemblé entre 700 à 800 personnes. Devant les colistiers assis aux premiers rangs, le duo Pascal Chamassian, tête de liste LREM dans les 11e-12e, et Caroline Pozmentier-Sportich, binôme d’Yvon Berland dans les 6e-8e, devait animer la soirée. Pour chauffer la salle, Saïd Ahamada, tête de liste dans les 15e-16e, fut l’un des plus efficaces. Avec l’écologiste Christophe Madrolle, il fut le seul à véritablement attaquer les adversaires, en premier lieu Martine Vassal, tête de liste à Marseille pour Les Républicains. «C’est une campagne très particulière», commence Saïd Ahamada qui explique notamment que «certains pensent que les élections se gagnent en nombre d’affiches, nous pensons qu’elles se gagnent en nombre de neurones. Certains pensent qu’elles se gagnent sur des calomnies répétitives contre les adversaires, nous pensons qu’elles se gagnent sur des projets. Certains pensent que les Marseillais sont des veaux, nous pensons que les Marseillais ont des cerveaux.» Avant de conclure: «J’ai fait un rêve, moi aussi… Celui que les Marseillais soient enfin respectés dans cette ville, au XXIe siècle.»
Laurent Nuñez : «Beaucoup de choses se délitent à Marseille depuis 30 ans»
Après un long message vidéo de Cédric O, le jeune secrétaire d’État au numérique -alors qu’il aurait été certainement plus efficace en termes médiatiques de faire monter sur scène un certain Mamadou Niang, dans un tel meeting, l’ancien buteur-capitaine de l’OM étant en 5e position sur la liste menée par Saïd Ahamada dans les 15e-16e- la star parisienne de la soirée, Laurent Nuñez a tout fait pour aller droit au but. «Marseille est la ville du vivre-ensemble. Je la connais bien puisque j’ai épousé une Marseillaise», lance le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur et ancien préfet de police des Bouches-du-Rhône entre 2015 et 2017, venu soutenir le candidat Marseillais. «Beaucoup de choses se délitent à Marseille depuis 30 ans. Le centre-ville est abandonné, des noyaux villageois le sont aussi. Il faut arriver à recoudre la ville, comme le dit Yvon Berland, pour retisser du lien entre les Marseillais. Il faut aller chercher des gens, des talents, pour transformer en profondeur la ville. Yvon, c’est beaucoup d’autorité, de volonté. Pour la question de la sécurité, avec ce qu’il annonce, je le trouve très courageux. Cette question est toujours vue ici comme l’affaire de l’État, des autres. Il a décidé de s’en occuper en personne, je le répète, c’est très courageux. Yvon, c’est tout sauf la passivité, c’est l’action.»
Christophe Madrolle : «Non Martine Vassal n’est pas écologiste et non, Yves Moraine ne sera jamais écologiste.»
Auparavant, Christophe Madrolle, l’ancienne tête de la liste de l’Union des écologistes (UDE), qui s’est retiré depuis le 18 février pour rallier l’équipe Berland, a montré qu’il avait pour sa part l’habitude de ce genre de meeting. «Une campagne, c’est avant toute chose une grande aventure humaine, a-t-il lâché, je suis impressionné par la mobilisation des équipes derrière Yvon Berland. Il a bâti Aix-Marseille Université, alors que personne n’y croyait. Pour le reste, quand j’entends certains qui ont tout bétonné ici pendant 20 ans qui veulent nous faire croire aujourd’hui qu’ils sont écologistes, je me marre. Je pense être bien placé pour vous dire que non, Martine Vassal n’est pas écologiste et que non, Yves Moraine ne sera jamais écologiste.» Les applaudissements qui suivirent furent parmi les plus prononcés de la soirée. Ce fut ensuite au tour d’Yvon Berland d’entrer en scène. «Notre équipe qui se présente pour Marseille est issue à 95 % de la société civile. Ce sont des Marseillaises et des Marseillais qui n’ont jamais fait de politique avant. Ils sont en effet 290 (sur 303) à ne jamais avoir été élus. Le renouveau, il passe par là, je ne le vois pas ailleurs.» Durant 25 minutes, le médecin et universitaire a mis en exergue les principaux thèmes de sa campagne, à l’image de son «fil rouge», l’éducation, tout en insistant davantage – par rapport à ses dernières sorties – sur la sécurité. «Nous venons d’horizons différents, mais nous avons les mêmes idées. Notre équipe ressemble à Marseille pour la faire progresser, et comment y arriver si on ne ressemble pas à cette ville ? La campagne est sportive et pour l’heure nous n’avons pas pris de but mais, nous en avons beaucoup marqués.» Il a témoigné sur ses échanges de campagne : «Ceux menés avec les familles de l’école Ruffi (3e) sont, jusque-là, les plus marquants pour moi. Quand je serai maire, ces enfants intégreront une école toute neuve.»
Yvon Berland : «Nous sommes la seule alternative possible au système et aux extrêmes »
Après avoir réaffirmé sa volonté de «doubler le nombre de policiers municipaux pour pouvoir compter sur un policier pour 1 000 habitants» ou de «créer 20 maisons de santé dans la ville pour mettre fin aux déserts médicaux dans la partie nord de Marseille», il a déclaré avant une Marseillaise finale chantée aux côtés de son épouse et de ses têtes de liste: «Nous sommes la seule équipe pouvant incarner le vrai changement pour la ville, la seule alternative possible au système et aux extrêmes. Avec les écoles dégradées, l’insécurité le soir, l’absence de transports, l’air pollué que l’on respire, les emplois qui nous manquent, le peu d’espaces verts, on doit agir vite pour garantir une vie tout simplement normale aux Marseillais.» Parfois critiqué pour son absence de vision métropolitaine dans ses dernières interventions, il a tenu à préciser : «Notre fil rouge pour la métropole est l’écologie». Avant de conclure : «On me dit que cette campagne est dure, violente, mais être médecin et au contact quotidien des grandes souffrances vous fait relativiser beaucoup de choses. Il faut éviter de se noyer dans l’écume des jours, comme dans le va-et-vient inutile des polémiques et du buzz.»
Bruno ANGELICA