Publié le 11 mars 2020 à 19h23 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h47
Il y a 3 ans, sans jamais m’être engagée en politique, j’ai décidé de répondre à l’appel de celui qui n’était pas encore Président et qui faisait la promesse aux Français de renouveler l’Assemblée nationale ; de faire en sorte que les représentants du peuple soient des citoyens du quotidien. Des citoyens au service des citoyens. Parfois il faut savoir plonger pour être en phase avec ses idéaux, en conformité avec ses valeurs. Je me suis engagée parce que j’avais envie de participer à changer la vie de mes voisins, de mes amis, de ceux de mes enfants à l’école, parce que j’étais indignée aussi par ce que je voyais de notre ville et de ses injustices toujours plus grandes.
Marseille est ma ville, comme elle était déjà la ville de mes grands-parents et comme elle est aujourd’hui celle de mes enfants. Mes enfants, qui comme 80 000 autres petits Marseillais fréquentent l’école publique, dans le centre-ville- dans le secteur sur lequel je me présente aux côtés de Mathieu Grapeloup sur la liste d’Yvon Berland- font de moi une observatrice en première ligne de l’extraordinaire chance, que chaque jour l’Éducation nationale leur donne, de devenir de futurs citoyens éclairés, mais aussi des dysfonctionnements criants et des lacunes de ce service public dont une partie relève des compétences municipales.
Notre école dysfonctionne
Depuis que je suis députée, en tant que vice-présidente de la Commission des Affaires culturelles et de l’Éducation à l’Assemblée nationale, je porte à la connaissance de mes collègues et du ministre Jean-Michel Blanquer ces sujets de préoccupation quotidienne pour les élèves, leurs parents et les enseignants marseillais ; je citerais en exemple 3 points qui illustrent les défaillances de l’école à Marseille :
-la mixité scolaire qui est un cas d’école à Marseille tant elle n’est pas respectée. La situation de l’école Ruffi dans le 3e arrondissement, comme celle de nombreuses autres écoles de cet arrondissement de Marseille, quartier le plus pauvre de France, est une illustration insupportable de la ségrégation scolaire que certains enfants subissent, en lien direct avec la ségrégation sociale et urbaine à laquelle les politiques menées depuis 25 ans, et même plus, ont conduit dans notre ville ; l’absence de mixité fabrique de l’exclusion dès le plus jeune âge. Elle pénalise les enfants des milieux les plus défavorisés qui n’ont bien souvent que l’école pour s’ouvrir sur le monde mais tout autant les enfants des milieux sociaux ou culturels plus favorables ; car contrairement aux idées reçues ou aux intuitions trompeuses, les études scientifiques démontrent que la mixité scolaire est un facteur de développement de la réussite scolaire pour « tous »les enfants quelques soient leur niveau et leur milieu.
-Je veux évoquer aussi la prise en charge de tous les temps de l’enfant, scolaire et périscolaire, avec une articulation entre les deux au service de leur épanouissement et de leurs apprentissages ; quand dans d’autres villes, on construit des projets sur le temps municipal pour favoriser l’accès aux arts, aux sciences, au sport, pour développer l’esprit critique et la citoyenneté, ici on se bat pour avoir 1/2h de plus de garderie, payante, où nos enfants se contentent bien souvent de jouer à la balle au prisonnier ou font des coloriages.
-Dernier exemple et non des moindres pour illustrer à quel point la situation de notre ville est anachronique : l’état du bâti scolaire. Ailleurs, les municipalités sont en train d’adapter le bâti scolaire pour construire l’école du XXI siècle : on adapte les salles de classe aux nouvelles formes pédagogiques pour optimiser les apprentissages de tous, en petit groupe, au plus près des besoins de chacun, on renouvèle les outils numériques. Et à Marseille, où en sommes-nous ? On s’inquiète pour la sécurité de nos murs. On se préoccupe des sensations de froid ou de chaud des élèves qui suffoquent l’été et font classe en doudoune l’hiver. On s’inquiète de savoir s’il y aura encore après les vacances de Noël du papier dans les toilettes. On demande aux parents de fournir des ramettes de papier parce que les enseignants n’ont plus de quoi imprimer et achètent tous sur leurs deniers personnels du matériel complémentaire à ce que la mairie leur fournit.
Je m’engage pour la réunification de notre ville autour de ces écoles
Alors aujourd’hui, comme je l’ai fait il y a 3 ans, je prends mes responsabilités. Et ma motivation est claire, nette et précise : Je ne veux pas que Marseille soit gouvernée par ceux qui la gouvernent depuis 25 ans et ont échoué. Ceux qui ont échoué ne peuvent pas rester. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de participer à cette dynamique de reconquête de notre ville ; sa reconquête par l’école, autour de l’école ; 470 écoles qui seront remises au cœur des villages marseillais et qui unifieront les 111 quartiers de Marseille. Une et indivisible, comme notre République. Cette promesse de réunification de notre ville, par l’école et par l’union des progressistes marseillais, c’est celle d’un citoyen expérimenté, qui m’a touchée par son écoute, par son humilité aussi, c’est celle d’Yvon Berland, que j’ai accepté d’épauler dans sa reconquête de l’école républicaine, pour toutes et tous. La tâche est immense, je le sais ; nous le savons tous ici, mais c’est le plus beau défi à relever parce que tout part de là. C’est au cœur de l’école que la promesse progressiste d’émancipation trouve tout son sens.
Pour y parvenir nous devrons relever trois défis qui me tiennent à cœur.
Défi numéro 1 : parer à l’essentiel
Il va falloir d’abord parer à l’essentiel et rétablir des conditions matérielles de travail convenables pour les élèves, les enseignants et le personnel municipal. Rénover et construire des écoles (51 écoles supplémentaires devraient déjà être construites pour accueillir une population scolaire en hausse de plus de 1000 enfants chaque année). Nous mettrons fin définitivement au programme de reconstruction de 34 écoles en Partenariat Public Privé proposé par la municipalité actuelle et lancerons un plan d’urgence pour l’école. Cela va nécessiter des investissements massifs et cela ne se règlera pas en un jour. Mais nous continuerons à mobiliser le gouvernement, sur ce chantier de rénovation et de construction, comme je l’ai fait l’année dernière avec un amendement qui a fait beaucoup de bruit au sein de la municipalité actuelle et qui a eu le mérite de jouer les trouble-fête puisqu’il demandait à l’État de se saisir de la question du bâti scolaire marseillais pour, au moins, en faire un diagnostic fiable et transparent.
Comme pour la rénovation du centre-ville ancien de Marseille, celle de nos écoles ne pourra se réaliser que dans une logique d’alliance publique. Le plan d’urgence sera conçu sous la responsabilité de la Ville mais fera appel à un soutien élargi de l’Etat, des autres collectivités et de l’Union européenne. A situation exceptionnelle, dispositif exceptionnel !
Défi numéro 2 : construire un véritable service public municipal de l’éducation en partenariat avec l’Éducation nationale de l’académie.
Il s’agira de renouer la confiance entre la municipalité, son personnel, les parents d’élèves et le personnel enseignant. Les relations ont été abimées, il y a un important travail de restauration à mener qui passera par la valorisation des équipes et leur responsabilisation. L’augmentation des effectifs du personnel municipal sera nécessaire pour assurer un taux d’encadrement satisfaisant : la norme dit 1 pour 15 en maternelle et 1 pour 30 en élémentaire ; nous viserons l’objectif à atteindre de 1 pour 10 et 1 pour 20. Plus de personnel et une meilleure formation, une mobilisation autour d’une mission redéfinie au plus près des enfants et en renfort des enseignants et des directeurs d’écoles. Aide administrative, pilotage du temps périscolaire avec le tissu associatif mobilisé dans chaque quartier sont des exemples de ce que nous devrons mettre en place.
Défi numéro 3 : mobilisation générale pour accompagner les petits marseillais vers la réussite
C’est peut-être le défi le plus ambitieux : le lancement d’une mobilisation massive pour l’accompagnement vers la réussite des 80 000 élèves marseillais. En renfort de l’Éducation nationale et dans le prolongement des mesures nationales initiées ces dernières années (je pense au dédoublement des classes de CP, CE1 et prochainement en GS de maternelle en zone d’éducation prioritaire et à la création des Cités Éducatives dont 6 sont en train de voir le jour à Marseille), la municipalité devra lancer un grand plan contre le déterminisme social et le décrochage scolaire.
Il est fondamental pour assurer la cohésion de notre ville de réduire la fracture Nord Sud et ce dès le plus jeune âge à l’école, en favorisant aussi les sorties scolaires, les allers et venues d’un point à un autre de la ville sans Jamais être empêché par des contraintes matérielles. Je suis souvent dépitée d’entendre des enseignants me dire, alors que les acteurs culturels sont incités à développer des médiations dédiées au scolaire: «Je n’ai pas pu m’y rendre, la caisse des écoles ou la coopérative n’a plus d’argent pour financer les tickets de bus ou de métro». Chaque enseignant de Marseille devra pouvoir se déplacer partout dans la ville gratuitement avec ses élèves. C’est un enjeu fondamental pour favoriser les échanges et offrir à tous les enfants une ouverture sur la ville, d’où qu’ils viennent. Innover pour favoriser la mixité scolaire est également un des leviers majeurs de cette lutte contre le déterminisme social. Si l’école est de fait un service public de proximité qui induit une scolarisation de l’enfant près de son domicile, soyons inventifs pour créer les conditions de l’ouverture sur la ville et sur les autres. Dans cette perspective, les jumelages de classe inter-quartiers, entre école du Nord et école du Sud seront encouragés pour créer des rencontres, des échanges et des temps de partage autour d’activités artistiques et sportives notamment. Apprendre à faire ensemble, pour mieux vivre ensemble. A nous de rendre cela possible.
Recoudre la ville ensemble.
Je me présente devant les Marseillaises et les Marseillais pour apporter ma pierre à l’édifice de cette reconstruction progressiste marseillaise, où l’important sera de remettre l’ambition de justice sociale au cœur de notre volonté politique. Ces valeurs, ces convictions je tiens à dire que nous les partageons avec d’autres. J’appelle à un grand dépassement, au rassemblement et à une mobilisation commune pour construire ensemble une véritable alternative aux politiques publiques mortifères subies par notre ville. Si l’on veut recoudre la ville, nous avons le devoir de tisser des liens forts avec tous les progressistes marseillais et de gouverner ensemble : tisser la toile progressiste la plus grande possible pour refonder Marseille, pour réconcilier ses habitants entre eux et parfois avec eux-mêmes, et pour lui redonner l’éclat de cette terre d’accueil, de mixité, d’ouverture qu’elle a toujours été. Cette promesse de reconquête républicaine commence à l’école. Nous ne pouvons plus accepter que notre école fabrique de l’exclusion dès le plus jeune âge. Il est grand temps de mettre en œuvre à Marseille la promesse que j’ai faite mienne et que je m’efforce de mettre au cœur de tous mes engagements : «Donner plus à ceux qui en ont le plus besoin ». Trop longtemps, c’est l’inverse qui a été fait ici.
Cathy Racon-Bouzon est députée LREM de la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône, candidate candidate aux municipales dans le 3e secteur (4e et 5e arrondissements) de Marseille aux côtés de Mathieu Grapeloup sur la liste de Yvon Berland