Publié le 17 mars 2020 à 7h39 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h29
C’est un Président de la République grave qui s’est adressé ce lundi 16 mars aux Français en pleine crise du coronavirus pour annoncer de nouvelles mesures d’interdit, en appelant à la responsabilité des citoyens pour qu’elles soient respectées, tout en précisant que des sanctions seraient prises en cas de non-respect de ces dernières. Il devait également annoncé le report du second tour des municipales ainsi que tout un ensemble de mesures en direction de l’économie, des entreprises ainsi que des plus précaires et des plus démunis. Rendant hommage au travail accompli par les personnels soignants il a annoncé des actions spécifiques en leur direction. Dans cette période de crise Emmanuel Macron invite à respecter les règles mais aussi à éviter l’esprit de panique, «de croire dans toutes les fausses rumeurs, les demi-experts ou les faux-sachants. La parole est claire, l’information est transparente et nous continuerons de la donner.» Une intervention qu’il conclut par des phrases fortes: «Nous gagnerons. Mais cette période nous aura beaucoup appris, beaucoup de certitudes, de convictions sont balayées, seront remises en cause. (…). Le jour d’après, quand nous aurons gagné, cela ne sera pas un retour au jour d’avant. Nous serons plus forts moralement, nous aurons appris et je saurai aussi, avec vous, en tirer toutes les conséquences».
Emmanuel Macron déplore: «Alors même que les personnels soignants des services de réanimation alertaient sur la gravité de la situation, nous avons aussi vu du monde se rassembler dans les parcs, des marchés bondés, des restaurants, des bars qui n’ont pas respecté la consigne de fermeture. Comme si, au fond, la vie n’avait pas changé». Alors, le Président alerte: «A tous ceux qui, adoptant ces comportements, ont bravé les consignes, je veux dire ce soir très clairement : non seulement vous ne vous protégez pas vous – et l’évolution récente a montré que personne n’est invulnérable y compris les plus jeunes- mais vous ne protégez pas les autres. Même si vous ne présentez aucun symptôme, vous pouvez transmettre le virus. Même si vous ne présentez aucun symptôme, vous risquez de contaminer vos amis, vos parents, vos grands-parents, de mettre en danger la santé de ceux qui vous sont chers.» Et de redire avec force: «Respectons les gestes barrières, les consignes sanitaires. C’est le seul moyen de protéger les personnes vulnérables, d’avoir moins de concitoyens infectés et ainsi de réduire la pression sur les services de réanimation pour qu’ils puissent mieux accueillir, mieux soigner». De préciser immédiatement: «Sans signe grave, contactons notre médecin traitant. N’appelons le Samu et ne nous rendons à l’hôpital qu’en cas de forte fièvre, de difficulté à respirer, sans quoi, ils ne pourront faire face à la vague de cas graves qui déjà se profile dans certaines régions. »
«Les regroupements extérieurs, les réunions familiales ou amicales ne seront plus permises»
Puis d’annoncer des mesures, et, en premier lieu, une restriction des déplacements dès ce mardi 17 mars, midi. «Cela signifie que les regroupements extérieurs, les réunions familiales ou amicales ne seront plus permises. Se promener, retrouver ses amis dans le parc, dans la rue, ne sera plus possible». Partout sur le territoire français, en métropole comme Outre-mer, précise-t-il: «Seuls doivent demeurer les trajets nécessaires, nécessaires pour aller faire ses courses avec de la discipline et en mettant les distances d’au moins un mètre, en ne serrant pas la main, en ne s’embrassant pas, les trajets nécessaires pour se soigner, évidemment, les trajets nécessaires pour aller travailler si le travail à distance n’est pas possible et les trajets nécessaires pour faire un peu d’activité physique mais sans retrouver, là encore, des amis ou des proches». Concernant les entreprises il entend que ces dernières s’organisent pour faciliter le travail à distance, et quand cela ne sera pas possible, elles devront adapter dès ce mardi leur organisation pour faire respecter ces gestes barrières contre le virus. Dans ce contexte et après avoir consulté le Président du Sénat, le Président de l’Assemblée nationale ainsi que ses prédécesseurs, il annonce le report du second tour des élections municipales. «Le Premier ministre en a informé aujourd’hui même les chefs de parti représentés au Parlement. Cette décision a fait l’objet d’un accord unanime». De même, il signale avoir décidé que toutes les réformes en cours seraient suspendues, à commencer par la réforme des retraites. Et, dès ce mardi, en Conseil des ministres, sera présenté un projet de loi permettant au gouvernement de répondre à l’urgence et, lorsque nécessaire, de légiférer par ordonnances dans les domaines relevant strictement de la gestion de crise. Ce projet sera soumis au Parlement dès jeudi. Dans ce contexte, Emmanuel Macron prend des mesures, des interdits, il se veut aussi le Président d’une Nation qui protège. «La Nation soutiendra ses enfants qui, personnels soignants en ville, à l’hôpital, se trouvent en première ligne dans un combat qui va leur demander énergie, détermination, solidarité. Ils ont des droits sur nous. Nous leur devons évidemment les moyens, la protection. Nous serons là. Nous leur devons des masques, du gel, tout le matériel nécessaire et nous y veillons et veillerons». Il déclare aussi J’ai aussi entendu le message des spécialistes, en particulier des chirurgiens-dentistes et beaucoup d’autres: «Des solutions seront trouvées avec le ministre de la Santé dans les prochaines heures».
«Un hôpital de campagne du service de santé des armées sera déployé dans les jours à venir en Alsace»
Il assure également du soutien de l’État les régions les plus touchées. «A ce titre, je veux assurer les habitants et les personnels soignants du Grand Est que nous serons au rendez-vous pour les appuyer face à l’afflux de patients et à la saturation des hôpitaux». Un hôpital de campagne du service de santé des armées sera ainsi déployé dans les jours à venir en Alsace. «Les armées apporteront aussi leur concours pour déplacer les malades des régions les plus affectées et ainsi réduire la congestion des hôpitaux de certains territoires». Il met en exergue d’autre part une décision prise au niveau européen et entrant en fonction dès ce 17 mars, à midi: «Les frontières à l’entrée de l’Union européenne et de l’espace Schengen seront fermées. Concrètement, tous les voyages entre les pays non-européens et l’Union européenne seront suspendus pendant 30 jours. Les Françaises et les Français qui sont actuellement à l’étranger et souhaitent rentrer pourront, bien entendu, rejoindre leur pays». Si le Président demande des sacrifices pour ralentir l’épidémie: «Jamais ils ne doivent mettre en cause l’aide aux plus fragiles, la pérennité d’une entreprise, les moyens de subsistance des salariés comme des indépendants. Pour les plus précaires, pour les plus démunis, pour les personnes isolées, nous ferons en sorte, avec les grandes associations, avec aussi les collectivités locales et leurs services, qu’ils puissent être nourris, protégés, que les services que nous leur devons soient assurés».
«Aucune entreprise, quelle que soit sa taille, ne sera livrée au risque de faillite»
Sur le plan économique, «pour ce qui concerne la France, aucune entreprise, quelle que soit sa taille, ne sera livrée au risque de faillite. Aucune Française, aucun Français, ne sera laissé sans ressources». S’agissant des entreprises, il annonce: «Nous mettons en place un dispositif exceptionnel de report de charges fiscales et sociales, de soutien au report d’échéances bancaires et de garanties de l’État à hauteur de 300 milliards d’euros pour tous les prêts bancaires contractés auprès des banques. Pour les plus petites d’entre elles et tant que la situation durera, celles qui font face à des difficultés n’auront rien à débourser, ni pour les impôts, ni pour les cotisations sociales. Les factures d’eau, de gaz ou d’électricité ainsi que les loyers devront être suspendus.» En outre, pour les salariés, le dispositif de chômage partiel sera massivement élargi. Pour les entrepreneurs, commerçants, artisans, un fonds de solidarité sera créé, «abondé par L’État, et auquel le Premier ministre proposera aux régions aussi de contribuer».
Michel CAIRE