Publié le 19 octobre 2013 à 9h45 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h24
Lors de sa dernière réunion publique, marquée par le soutien appuyé des trois candidats qui l’ont rallié entre les deux tours, Patrick Mennucci s’est projeté vendredi soir sur le futur combat électoral à mener en mars prochain face à Jean-Claude Gaudin et au FN. Une double bataille qui ne se gagnera selon lui qu’avec l’apport de l’ensemble de la gauche, Europe Ecologie-Les Verts et Front de Gauche compris. C’est ce collectif qu’il souhaite animer dans un « esprit de collégialité ».
C’est devant une belle chambrée que Patrick Mennucci a tenu son dernier meeting de campagne ce vendredi 18 octobre, rue Sénac, dans le premier arrondissement de Marseille. A deux jours du second tour des Primaires Citoyennes, plusieurs élus sont venus afficher leur soutien au député-maire du 1er secteur parmi lesquels les conseillers généraux socialistes Josette Sportiello, Michel Pezet et Janine Ecochard. Sans oublier, au côté d’Annie Levy-Mozziconacci, secrétaire de la section PS du 8e arrondissement et porte-parole de Patrick Mennucci, la présence exceptionnelle de Robert Vigouroux, l’ancien maire de Marseille (1986-1995), président du comité de soutien du maire des 1/7. « Cela fait 18 ans que j’ai quitté la politique, mais il y a toujours de la vivacité au parti socialiste », se réjouit-il.
Mais les « vedettes américaines » de la soirée ont été sans conteste les trois candidats éliminés au premier tour des Primaires dimanche dernier et qui ont depuis appelé à voter en faveur de Patrick Mennucci, à savoir Henri Jibrayel, Eugène Caselli et Marie-Arlette Carlotti. A l’applaudimètre, c’est la ministre déléguée aux Personnes handicapées et à la Lutte contre l’exclusion et le président de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM) qui ont remporté le plus de suffrages, leur prénom étant même scandé par les militants.
Premier à monter sur scène, Henri Jibrayel, député et conseiller général des quartiers Nord, a rappelé que « notre objectif est que Patrick Mennucci arrive en tête et, au-delà, que dimanche soir les six candidats soient réunis contre Jean-Claude Gaudin ». Avant d’expliquer les raisons de son ralliement. « La métropole est l’avenir de cette ville. Une certaine candidate du même secteur que moi est contre cette métropole, alors que cette métropole, c’est ce qui nous unit tous les 4 », souligne-t-il. En le remerciant, Patrick Mennucci indique qu’Henri Jibrayel a pris le pari de le faire arriver en tête dimanche soir dans le 16e arrondissement. Un pari sur lequel le député-maire du 1er secteur était au départ sceptique. Mais les échos de campagne qui lui parviennent l’amènent désormais à croire en une telle issue. « Certains de mes amis m’ont demandé : « Pourquoi il n’a pas fait campagne pour lui et maintenant il fait campagne pour toi ? » », ironise Patrick Mennucci.
L’accolade à Eugène Caselli
Eugène Caselli explique pour sa part qu’une fois éliminé au premier tour, « un homme politique doit faire un choix, faire connaître quel est son choix et quel est son sens ». Et ce choix est « un choix de convergence car c’est avec Patrick qu’elles sont les plus nombreuses », notamment sur « la métropole » où « Patrick est pour » quand « l’autre est contre ». Le président de la communauté urbaine n’occulte pas qu’il a eu des différends avec le député-maire du 1er secteur lors de la campagne du premier tour. « Nous avons eu des mots pendant les Primaires, et alors ? J’ai été blessé, il a été blessé, on s’est excusé mutuellement et on s’est embrassé », précise-t-il. Une issue rendue possible car « nous sommes des hommes politiques responsables : ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous sépare ponctuellement ». Et d’évoquer d’ores et déjà les futurs combats à mener ensemble comme celui de l’avenir de la SNCM où l’actionnaire principal Transdev, filiale transports de Véolia, « risque de se désengager ». « On va dès lundi en parler au Premier ministre », précise Eugène Caselli. Patrick Mennucci saluera le « sérieux » et la « compétence » du président de MPM, avant de revenir sur leurs différends durant la campagne des Primaires. « Nous avons eu des mots difficiles au premier tour, des discussions sévères. Si je t’ai blessé, je m’excuse de l’avoir fait », souligne-t-il avant de donne une accolade à Eugène Caselli sous les ovations.
Marie-Arlette Carlotti plaidera pour sa part pour la métropole. « Comment s’opposer à cette métropole ? Comment ne pas voir quel est notre avenir ? Elle va permettre à notre ville de rivaliser avec les grandes villes du monde et d’apporter des réponses concrètes aux citoyens en matière de transports. Je veux une métropole pleine, pleine de créativité » lance-t-elle en réponse à Samia Ghali qui avait qualifié, la veille sur France 3, la métropole de « boîte à outils vide ». Et de souligner qu’« avec Patrick Mennucci, nous déclarons la guerre à la pauvreté et à la précarité dans Marseille. Dans notre ville fragmentée, je veux une dynamique de rassemblement. Or, qui incarne le rassemblement ? Qui refuse d’opposer les quartiers entre eux ? Qui peut parler de manière apaisée ? Lui, il en a fait la démonstration », étaye-t-elle. Patrick Mennucci ne manquera pas de la remercier pour son « soutien immédiat et sans faille ». « Je veux te dire que le sens de cette Primaire, c’est ce que tu as fait. Tu aurais pu être là debout et moi à ta place, à 300 voix près. J’espère que si dimanche il n’y a que 300 voix d’écart, chacun reconnaîtra le résultat », appuie-t-il.
« Je ne veux pas être un maire omnipotent »
Lors de ce dernier discours de campagne, le député-maire du 1er secteur a d’ores et déjà tourné son regard vers le printemps prochain. « Nous sommes à deux jours du 2e tour, à deux jours du début de la grande bataille contre Jean-Claude Gaudin et le Front national », proclame-t-il. Ainsi, davantage que Samia Ghali, c’est le sénateur-maire sortant a été la principale cible de ses attaques. « C’est l’absence de rêve qui a conduit Jean-Claude Gaudin à l’échec et à l’immobilisme. Il est habité par le conservatisme, persuadé qu’on a tout essayé et qu’il n’y a plus qu’à baisser les bras. Il est un peu dans son bureau lundi, il revient jeudi soir, il dort beaucoup, il est un peu cossard. Il se demande : est-ce qu’une entreprise viendrait s’installer ? Mais quand Jean-Claude Gaudin s’en remet à Notre-Dame-de-la-Garde, vous croyez que le maire de Lyon roupille, que le maire de Bordeaux sommeille, que le maire de Nice pique du nez ? », dénonce-t-il.
Il n’oublie pas qu’il y a le FN aussi. « Il ne faut pas baisser les yeux contre les extrémismes. Il faut lutter propositions contre propositions, valeurs contre valeurs », clame-t-il avant de tacler Samia Ghali. « Utiliser le populisme entre nous, c’est aussi un moyen de faire monter les extrémismes. Est-ce quelqu’un croit qu’on va battre Stéphane Ravier avec des slogans, avec quelques mots sur BFM et i-Télé ? C’est juste de la démagogie et la rupture avec ce que nous sommes », assène-t-il.
Estimant qu’« il n’y aura pas de victoire, s’il n’y a pas de collectif, de collégialité », il considère qu’il faudra « travailler ensemble avec tous les socialistes et aussi avec les autres ». « On ne gagnera pas Marseille sans un accord avec Europe Ecologie-Les Verts et le Front de Gauche », plaide-t-il. Avant d’indiquer : « Je ne veux pas être un maire omnipotent » comme a pu l’être en son temps Gaston Deferre. « Ce ne serait de toute façon plus possible aujourd’hui car il y a la métropole et que je ne suis pas candidat à la présidence de cette collectivité », souligne-t-il. Avant d’appeler à un « compromis historique entre notre culture de lutte et le développement économique » car « il n’y a pas d’autre solution pour assurer l’épanouissement de tous ».
Patrick Mennucci s’interroge par ailleurs sur l’opposition de Samia Ghali à la métropole qu’il n’a pas comprise. « S’il y a bien un secteur qui va bénéficier de la métropole, c’est les quartiers Nord. Quelqu’un peut croire qu’on va financer une ligne de métro sans la métropole ? Comment peut-on être candidat à la mairie de Marseille et être contre la métropole ? Sans doute que d’autres raisons la poussent à être contre la métropole », insinue-t-il sans en dire davantage.
Et d’appeler enfin à la mobilisation. « Dimanche, votez pour moi, et en mars, contre Jean-Claude Gaudin, je vous conduirai à la victoire. Je suis prêt à mener ce combat dans un esprit de collégialité que j’ai décrit », conclut-il.
Serge PAYRAU