Marseille. On a vu au Toursky (avant le confinement) et le report pour l’an prochain de deux spectacles) « Le mariage de Figaro » à la sauce russe

Publié le 4 avril 2020 à  11h27 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h14

Le mariage de Figaro © Egor Aleev
Le mariage de Figaro © Egor Aleev
Festival somptueux que celui organisé par le Théâtre Toursky de Marseille autour de représentations à la sauce russe. Un festival amputé pour cause de confinement de deux spectacles à savoir «Le maître et Marguerite» chef d’oeuvre de mise en scène d’Igor Mendjisky vu déjà au Off d’Avignon et «Les ballets légendaires» par les théâtres du Bolchoï, Marinski et Mikhaïlovski. L’administration du Toursky ayant organisé leurs reports en 2021, nous eûmes la joie avant ces événements d’assister au «Mariage de Figaro» de Marivaux adapté en langue russe et mis en scène par Alexandre Slavoutski, à la tête du Grand Théâtre dramatique russe Katchalov de Kazan. Un classique français proposé sous la forme d’une comédie musicale surtitrée en français dans une scénographie d’Alexandre Patrakov, et une sélection de poèmes de différents auteurs tels que Shakespeare, Shelley, Goethe, et Juan de Mena. Fête à tous les étages dans cette proposition russe. Mais souvent un rien nihiliste et assez sombre au final. Une vision dramatique du monde et une danse macabre dans la dernière partie rendue plus dramatique encore par son aspect faussement joyeuse. Sur scène Ila Slavoutski (le fils du metteur en scène) incarne Figaro, tandis que sa mère est aussi de la partie. Jeu d’acteurs plutôt cohérent, donné avec un esprit de troupe, et dans des costumes tirant sur le blanc fait virevolter les sentiments des personnages dans une unicité de traitement. On retiendra des comédiens leur amour du chant, et leur faculté à rendre assez magique cette histoire d’amours croisées au dénouement heureux. «Théâtre pour les hommes, tel est le credo artistique de notre troupe» précise Alexandre Slavoutsky qui ajoute : «Nous essayons de nous débarrasser des clichés de notre passé, de comprendre l’époque actuelle et, par toute notre activité, pouvoir aider le spectateur à garder sa confiance en bien et en justice». Louables intentions mais qui sur scène ont trouvé des relais très disparates. On saluera la formidable et énergique prestation de Aleksei Zakharov qui dans la peau de Chérubin fait des merveilles. On vantera la beauté des costumes et du décor. On sera plus circonspects sur les allers-venues un peu répétitives des personnages enfermés dans une chorégraphie plutôt unique. On sera en total désaccord avec les coupes orchestrées dans le texte, avec ce qui pour moi est une aberration la suppression dans le monologue de Figaro de la tirade: «Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloges flatteurs, et il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits esprits ». C’est d’autant plus absurde et incompréhensible que Beaumarchais que Alaxandre Slavoutski connaît par cœur semble avoir fait de ces affirmations le nœud gordien de sa pièce. Ce n’est donc pas un oubli mais un choix très étrange. C’est comme si vous faisiez jouer «L’avare» de Molière sans la tirade d’Harpagon «Au voleur » ou «Le Cid» de Corneille sans celle de Don Diègue : «Ô rage ô désespoir». On pourrait même aller jusqu’à parler de sacrilège, et pourtant le Théâtre de Kazan l’a entrepris. Ceci dit ce spectacle hybride, génial par moments et très contestable bien souvent fut accueilli par les spectateurs du Tourky par une salve d’applaudissements et des bravos sincères. Da, da !
Jean-Rémi BARLAND

Dans le cadre du 26e Festival Russe qui se déroulera en 2021, le Théâtre Toursky confirme officiellement la reprogrammation pour la saison prochaine de deux spectacles qui étaient à guichets fermés :
• Le Maître et Marguerite – De Boulgakov mis en scène par Igor Mendjiskyour
Tous ceux donc qui voudraient voir ce(s) spectacle(s) lors de la saison prochaine, et qui avaient déjà leurs billets, merci de bien conserver ces derniers pour un échange de date. Pour les autres qui désireraient un échange, un avoir ou un remboursement, nous vous demandons également de bien conserver vos billets.
• Les Ballets Légendaires – Par les Théâtres Bolchoï, Mariinsky & Mikhaïlovski
Pour tous ceux donc qui voudraient voir ce(s) spectacle(s) lors de la saison prochaine, et qui avaient déjà leurs billets, bien conserver ces derniers pour un échange de date. Pour les autres qui désireraient un échange, un avoir ou un remboursement, conserver également vos billets.

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