Publié le 14 avril 2020 à 7h53 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h29
«Nous aurons des jours meilleurs et nous retrouverons les jours heureux. J’en ai la conviction. Prenez soin de vous, prenez soin les uns des autres, et nous tiendrons». C’est par ces mots que le Président de la République a conclu son allocation de 25 minutes, la quatrième depuis le début de la crise du Covid-19, ce lundi 13 avril. Allocation lors de laquelle il a annoncé que le confinement était prolongé jusqu’au 11 mai. Une date qui ne devrait pas concerner les personnes les plus âgées ou les plus fragiles. Ajoutant qu’après cette date «en complément des gestes barrières, l’État devra permettre à chaque Français de se procurer un masque». Le chef de l’État a également signalé que le programme de l’après 11 mai devrait être présentée par le Gouvernement d’ici quinze jours. Au-delà de l’urgence, des dimensions sanitaires et économiques de la crise il a, une nouvelle fois, insisté avec force et gravité sur le fait que le jour d’après ne devrait pas ressembler au jour d’avant traçant quelques perspectives en la matière. Comme autant de pistes de réflexions, de travail, d’espoir. Il invite ainsi: «Sachons nous réinventer, moi le premier». Et de considérer: «Le moment que nous vivons est un ébranlement intime et collectif. Sachons le vivre comme tel. Il nous rappelle que nous sommes vulnérables. Nous l’avions sans doute oublié. Et ne cherchons pas tout de suite à y trouver la confirmation de ce en quoi nous avons toujours cru. Sachons sortir des sentiers battus, des idéologies toutes faites». Il ne manque d’ailleurs pas d’admettre : «Le moment a révélé des failles, des insuffisances». Reconnaît que, lorsque l’on est au front, «il est difficile d’entendre qu’une pénurie mondiale empêche les livraisons». Une page aujourd’hui selon lui tournée avec des commandes passées et «surtout» une production nationale qui «comme en temps de guerre s’est mise place» ce qui devrait permettre, d’ici trois semaines, de multiplier par cinq la production de masques et «10 000 respirateurs supplémentaires».
«Ces semaines ont été et resteront l’honneur de nos soignants»
Une nouvelle fois, le Président de la République rend hommage, aux personnels soignants, aux pompiers, aux force de l’ordre: «Ces journées, ces semaines ont été et resteront l’honneur de nos soignants». Il évoque aussi la deuxième ligne: les enseignants,les agriculteurs, chauffeurs-routier, livreurs, manutentionnaires, caissiers, éboueurs… «Tous ont permis à la vie de continuer». Puis d’en venir aux raisons qui conduisent à un prolongement du confinement: «l’espoir renaît mais rien n’est acquis». Car «l’épidémie n’est pas encore maîtrisée, nous devons donc poursuivre nos efforts et continuer d’appliquer les règles». Tout en invitant à poursuivre les soins lorsque cela s’impose, rappelant: «Il n’y a pas que le virus qui tue il y a aussi la maladie et l’extrême solitude». Pendant cette période, les mesures de chômage partiel pour les salariés et de financement pour les entreprises «seront prolongées et renforcées». Emmanuel Macron ajoute: «J’ai demandé au Gouvernement d’accroître fortement les aides, de les simplifier». Envoie un message aux assurances qui «doivent être au rendez-vous de cette mobilisation économique». Met en avant le fait que, rapidement, un plan spécifique sera mis en œuvre pour le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, la culture, l’événementiel. Il évoque également des aides exceptionnelles en direction des familles les plus modestes ainsi que les étudiants les plus précaires.
«À partir du 11 mai, nous rouvrirons progressivement les crèches, les écoles, les collèges et les lycées»
Il ne manque toutefois pas de mettre en garde: «Le lundi 11 mai ne sera possible que si nous continuons d’être civiques, responsables, de respecter les règles et que si la propagation du virus a effectivement continué à ralentir». Il indique notamment : «À partir du 11 mai, nous rouvrirons progressivement les crèches, les écoles, les collèges et les lycées». Il précise à ce propos: «Le Gouvernement, dans la concertation, aura à aménager des règles particulières, à organiser différemment le temps et l’espace, bien protéger nos enseignants et nos enfants» Annonce encore: «Pour les étudiants de l’enseignement supérieur, les cours ne reprendront pas physiquement jusqu’à l’été». Une relance de l’activité est annoncée, «avec une priorité, la santé des salariés». Une relance qui ne touchera pas les restaurants, hôtels, cinéma, salles de spectacle… Et les grands festivals ne pourront pas se tenir au moins jusqu’à mi-juillet. Pour les autres secteurs une organisation nouvelle se met en place: «L’utilisation la plus large possible des tests et la détection sont des armes privilégiées pour sortir du confinement; (…). Le 11 mai nous serons en capacité de tester toute personne présentant des symptômes» tandis que tous devraient pouvoir disposer d’un masque grand public. «Pour les professions les plus exposées et pour certaines situations comme dans les transports en commun son usage pourra devenir systématique». Concernant l’application permettant de savoir si une personne a été en contact avec un porteur du virus il attend un débat: «Car cette épidémie ne saurait affaiblir notre démocratie ni mordre sur nos libertés ». Il souhaite un vaccin, «la voie la plus sûre» mais il ne pourra arriver, au mieux, que dans quelques mois. Reste donc les traitements «toutes les voies sont explorées», assure le chef de l’État qui insiste également sur un effort sans précédent pour la recherche. Indique encore que les frontières avec les pays non européens resteront fermées «jusqu’à nouvel ordre». Concernant l’Europe, le Président affiche sa volonté de porter «notre voix afin d’avoir plus d’unité et de solidarité». Il plaide, à ce propos, en faveur d’un «moment de refondation».
«Des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal»
Et le Président de la République montre ainsi qu’il entend se servir de cette crise pour le jour d’après. Il constate: «Très souvent, ce qui semblait impossible depuis des années, nous avons su le faire en quelques jours. (…). Beaucoup de solutions ont été trouvées. Nous devrons nous en souvenir car ce sont autant de forces pour le futur». Il évoque une Nation qui a su rester debout, solidaire. «On disait que nous étions un peuple indiscipliné et voilà que nous respectons les règles (…) On disait que nous étions routiniers et voilà que tant d’entre vous rivalisent de dévouement, d’engagement face à l’inattendu de cette menace». Ajoute qu’il faut : «Savoir aider nos voisins d’Afrique à lutter contre le virus plus efficacement. A les aider aussi sur le plan économique en annulant massivement leurs dettes». Pour lui, si notre monde se fragmente après cette crise: «Il est de notre responsabilité de bâtir, dès aujourd’hui, des solidarités et des coopérations nouvelles». Et de poursuivre: «Il nous faudra rebâtir notre économie plus forte (…) afin de garder notre indépendance financière. Il nous faudra rebâtir une indépendance agricole, industrielle et technologique française et plus d’autonomie stratégique pour notre Europe». Il attend aussi que le pays se souvienne qu’il tient, pendant cette crise «sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal». Pour lui il importe de retrouver le temps long pour bâtir une stratégie: «La possibilité de planifier, la sobriété carbone, la prévention, la résilience qui seuls peuvent permettre de faire face aux crises à venir». Et de considérer: «Il y a dans cette crise une chance. Nous ressouder et prouver notre humanité, bâtir une autre projet dans la concorde, un projet français, une raison de vivre ensemble, profonde». Dans ce cadre, le Président de la République annonce que, dans les semaines à venir, avec toutes les composantes de la société, il tâchera «de dessiner ce chemin qui rend cela possible».
Michel CAIRE