Publié le 27 avril 2020 à 9h10 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 11h15
Yvon Grosso, le président du Medef Sud a fait un point sur la situation des entreprises de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’action du syndicat patronal pendant cette période avant d’évoquer le déconfinement et de considérer à ce propos: «Il ne faudra pas que les salariés subissent un stress sanitaire. Nous travaillons à cet effet à un protocole d’accord avec les syndicats de salariés. Il ne faudra pas non plus stresser ces derniers sur les retards pris, ils ne se rattraperont pas. Il faut partir sur des bases solides, sereines».
Pour Yvon Grosso «il va falloir des mois pour retrouver une économie stable. Mais si le virus a su s’adapter eh bien nous aussi nous nous adapterons. Nous sommes tenaces et nous voulons reconstruire les richesses de la France et nous sortirons renforcés de cette crise, avec un développement du télé-travail notamment ce qui permettra de réduire la circulation et donc la pollution ainsi que le stress des salariés». Il souhaite également que la France mesure, avec cette crise, l’importance de se réindustrialiser. «La France y est elle prête?», interroge-t-il avant de rappeler: «Nous étions devant l’Allemagne il y a quelques années mais nous avons tellement désindustrialisé que nous sommes maintenant derrière. Et, si nous voulons repartir de l’avant il va nous falloir développer des infrastructures routières, ferroviaires… Il va falloir du temps. Si on veut traduire dans les faits la volonté du Président Macron d’être autonomes sur les secteurs essentiels il faudra un grand plan d’investissement et un vrai projet industriel. Et je serai ravi qu’un tel plan Marshall voit le jour dans notre pays car il ferait notamment baisser fortement le chômage».
L’économie régionale subit un brusque et violent recul de son activité
Mais, dans un premier temps, le responsable patronal se fait l’écho d’un baromètre. Au 14 avril 2020, 84 600 demandes d’autorisation préalables (DAP) d’activité partielle ont été déposées en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, soit 9,4 % des demandes effectuées. En région, ces demandes concernent 622 800 salariés (soit 7,2 % des salariés en France). «Il est vrai que face à une pandémie mondiale, l’économie régionale dans son ensemble (industrie, services marchands, construction) subit un brusque et violent recul de son activité», souligne le président du Medef Sud. Au niveau national, l’activité baisse fortement, près de 35 %. En Région, c’est une chute brutale de près de 50 % de l’activité. «Cette tendance s’explique par un tissu régional important de TPE-PME, tourné majoritairement vers les services (hébergement, transport, intérim, ingénierie, publicité, communication, location, etc.) mais aussi vers la construction, qui connaît un arrêt quasi-total de toute l’activité.» Dans l’industrie, l’activité économique a freiné brutalement de 30 à 40 % avec l’arrêt immédiat de chaines de production. «Une reprise très progressive a été observée par les entreprises en tenant compte de mesures sanitaires et protectrices mises en place pour les salariés. Le taux d’utilisation des capacités de production atteint à peine 60 % soit une chute brutale de 18 points en 1 mois.»
Un recul brutal de l’activité d’au moins 50 % est observé dans les services marchands
Dans les services marchands, un recul brutal de l’activité d’au moins 50 % est observé, quels que soient les secteurs (transport, hébergement, intérim, nettoyage industriel, ingénierie, maintenance industrielle, etc.). «Et il faut s’attendre à un été difficile pour l’hébergement et la restauration», avance Yvon Grosso qui évoque également la construction, où près 80 à 90 % des entreprises sont à l’arrêt complet. «L’activité a été réduite de 70 % à 90 % en fin de mois.» Afin de préserver la reprise du tissu économique, de nombreux chefs d’entreprises ont privilégié le chômage partiel, notamment des TPE et PME, essentiellement dans les services marchands et la construction. À court terme et notamment pour le mois d’avril, «aucune amélioration n’est anticipée dans cette période de confinement qui ne permet pas à l’ensemble des chefs d’entreprises de se projeter.» Au 14 avril 2020, plus de 153 000 entreprises en Provence-Alpes-Côte d’Azur bénéficient d’un report de cotisations sociales. Parmi elles, un peu plus de la moitié (78 700) sont des entreprises individuelles dont le report est automatique. Toutes les autres ont dû formuler cette demande de report auprès de l’Urssaf. «C’est notamment dans les Bouches-du-Rhône que les demandes ont été les plus nombreuses et relèvent le moins fréquemment d’entreprises individuelles», constate Yvon Grosso. En revanche, les entreprises du secteur public ne sont pas autorisées à reporter leur paiement. «Dans ce contexte, poursuit-il, nous avons dans un premier temps créé du lien en mettant en place des outils d’échanges». L’organisation a aussi «partagé les informations essentielles en triant, synthétisant et diffusant auprès d’eux les informations les plus importantes et mises à jour concernant les dispositifs publics d’aides aux entreprises, les initiatives du Medef national ou d’acteurs privés. Nous avons aussi nourri la réflexion du Medef national en communiquant à Paris ce que l’on récolte sur le terrain ». Elle a également facilité les relations avec les pouvoirs publics «en remontant les besoins (masques et protections, aides aux démarches administratives) et points de blocage spécifiques à leurs territoires ou secteurs auprès de la Préfecture, la Région, l’Urssaf, Bpifrance, la Direccte, etc. ». Il explique, concernant les masques: «Notre pays n’a pas été très bon sur la question des masques, il nous en manque et nous sommes très dépendants de la Chine». De fait, le Medef Sud a fait remonter à la Région les besoins des entreprises régionales. «Nous avions besoin de 9 millions de masques par semaine mais nous avons privilégié une filière sûre, avec CMA-CGM, et nous allons en recevoir 5 millions par semaine pendant 3 semaines. Parallèlement il faut féliciter notre filière textile qui a réorienté sa production pour répondre aux besoins».
La réouverture des écoles est incomprise par 52% des Français
Yvon Grosso en vient aux perspectives du déconfinement reconnaissant, sondages à l’appui, que bien des questions demeurent: «La réouverture des écoles est incomprise par 52% des Français et il y a encore beaucoup de questions de logistique à régler. Comment cela va se passer? Est-ce que la cantine va fonctionner? Plus largement les modalités de déconfinement sont incomprises par 54% des Français. Nous attendons donc la présentation, fin avril, du plan de déconfinement. De même, comment va-t-on passer de 25 000 tests par semaine à 500 000 tests semaine. Faut-il des tests en entreprise ? Faut-il rouvrir la restauration d’entreprise, et sous quelles conditions ? Quel plan pour le secteur touristique ? …».
Michel CAIRE