Publié le 7 mai 2020 à 7h10 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 11h34
La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) Sud vient de rendre publique une enquête menée, auprès de ses adhérents, sur l’impact de la crise du Covid-19 sur les entreprises de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Alain Gargani, le président régional, parle de résultats particulièrement inquiétants. «61% des sondés nous disent notamment craindre une faillite. Des chiffres -que nous allons transmettre à la CPME nationale, aux députés et aux collectivités territoriales- qui nous incitent à mener des actions de soutien aussi bien au plus haut niveau étatique pour l’aménagement législatif, que sur le plan opérationnel avec des mesures immédiatement applicables». Il précise encore que, lors de cette enquête, réalisée en ligne auprès de 1 450 chefs d’entreprise, tous secteurs d’activité confondus, la CPME Sud a sondé les entrepreneurs sur les 6 départements du territoire (Var, Vaucluse, Bouches-du-Rhône, Hautes Alpes, Alpes- de-Haute-Provence et les Alpes Maritimes) afin de mesurer l’impact du Covid-19 sur leur activité. Une crise qui, pour Alain Gargani, «nous invite à nous réinventer et à favoriser le développement des productions françaises sur les secteurs stratégiques».
Alain Gargani rappelle : «La CPME Sud a été depuis le début de la crise aux côtés des entreprises afin de les aider à comprendre et à adopter les différents dispositifs mis en place». Grâce aux remontées d’informations qu’elle détenait, poursuit-il, «la CPME Sud a été à même d’intervenir au plus haut niveau de l’État, permettant aux responsables du gouvernement de réajuster, le cas échéant, certaines des mesures proposées.» A titre d’exemple, il évoque notamment une intervention «qui a permis de modifier les nouveaux critères du Fonds de Solidarité, qui attribuent une aide de 1 500 euros pour les entreprises, artisans ou indépendants en justifiant une baisse de leur chiffre d’affaires de 50% -et non plus de 70% comme initialement proposés- par rapport au mois de mars 2019». Il met en exergue un autre exemple: «Nous avons tiré la sonnette d’alarme et lancé un appel au gouvernement afin que les pertes d’exploitation des TPE-PME assurées soient couvertes par les assurances». Parle d’un autre combat mené actuellement: «Nous alertons depuis le début de la pandémie sur la nécessité de clarifier et de limiter la responsabilité civile et pénale de l’employeur qui pourrait, en l’état actuel de la législation, se voir mis en cause quand bien même il aurait fait diligence pour mettre en œuvre des mesures de protection sanitaire de ses salariés. D’ailleurs, la réaction unanime de nos chefs d’entreprise a été la satisfaction à l’annonce du déconfinement puis, est venu celui des maux de tête lorsqu’il a été question des conditions de sa mise en œuvre». Corinne Innesti, présidente de la CPME 13 insiste sur les mesures nécessaires pour favoriser la relance. Il s’agit de permettre de décaler ou d’annuler tous les impôts. (A ce stade, les mesures fiscales exceptionnelles ne portent que sur les impôts directs); d’examiner la possibilité de transformer les reports en annulations de charges sociales; d’inciter les préfets à accepter les demandes de dérogations d’ouverture de marchés de plein air; d’améliorer l’accessibilité et la transparence des mécanismes de financement du Prêt Garanti par l’Etat (PGE) et du Fonds de solidarité. «La trésorerie, c’est le nerf de la guerre. Le PGE représente un apport d’oxygène très important mais des banques ne jouent pas le jeu et il y a encore trop de refus. Et, en cas d’acceptation, nous proposons que le remboursement se fasse sur 10 ans au lieu de 5». La CPME demande également que soit élargi le report ou l’exonération ponctuelle de loyers commerciaux sans léser les bailleurs indépendants; de rendre possible pour les TPE/PME la mise en œuvre du dispositif de prise de congés payés sur décision unilatérale de l’employeur; l’instauration d’un dispositif faisant en sorte de couvrir financièrement tout ou une partie des pertes d’exploitation des TPE-PME assurées pour ce risque.
La CPME Sud et le jour d’après
Alain Gargani en vient à la présentation d’une initiative de la CPME Sud qui prépare activement le jour d’après: «Constatant que beaucoup d’entreprises se sont retrouvées contraintes de ralentir, voire de stopper leur activité par manque d’Équipement de protection Individuelle (EPI), la CPME Sud a lancé une initiative régionale : la Box « Protégeons nos salariés », pour permettre aux entrepreneurs et à leurs salariés un retour à une activité sécurisé». Cette initiative a été lancée et mise en place par la CPME Sud en partenariat avec l’entreprise adaptée Antilope. La Box est composée de 3 masques lavables (norme Afnor), de 200 lingettes antiseptiques et d’un flacon de gel hydroalcoolique 250 ml. «Tous les produits sont fabriqués en France». Le coût de cette Box est de 16 euros,elle peut être commandée sur le site de la CPME Sud . «Les premières commandes seront livrées le 11 mai. Et certains de nos partenaires, comme les experts-comptables ou les commissaires aux comptes ont fait le choix de s’en procurer pour les distribuer». La CPME Sud a également souhaité montrer son soutien auprès des professionnels de santé et les soutenir dans cette période. Ainsi, pour chaque Box vendue, la CPME Sud s’engage à reverser 1,50 € à Phoceo, le Fonds de Dotation des Hôpitaux, dédié à la recherche et aux soignants pour le Covid 19. Alain Gargani d’ajouter: «Cette initiative a séduit la CPME au niveau national qui a d’ores et déjà repris ce concept et l’a proposé à l’ensemble des confédérations du territoire». Bernard Vergier, le président de la CPME du Vaucluse plaide en faveur d’une aide à la digitalisation des commerces de proximité ainsi qu’une aide pour permettre aux commerces de s’équiper pour la protection de leurs clients et leurs salariés: «car l’état des trésoreries est tel que certains n’arriveront pas à faire face à ces frais supplémentaires». Honoré Ghetti, président de la CPME des Alpes-Maritimes met en exergue la création l’an dernier, du Groupement de prévention agréé (GPA), association qui, «de manière gratuite, vient en aide aux entrepreneurs pour trouver des solutions mais aussi les soutenir psychologiquement». Véronique Maurel, présidente de la CPME du Var, insiste pour sa part sur l’importance de soutenir les secteurs touristique et événementiel. Et un intervenant de noter: «La saison touristique est morte. Or, ce secteur représente 16 % du PIB régional». En vue de résister à la crise économique qui se profile dans les semaines et les mois à venir, la CPME Sud s’associe aux réflexions menées autour du «Plan Marshall Covid-19», pour sauver le tissu économique local et régional. «Si incontestablement les mesures de ce plan Marshall relèvent d’un apport d’investissement de la part de l’État et des collectivités, la reprise passera inévitablement par un encouragement à la consommation locale et par un appel au sens citoyen. La contribution individuelle sera indispensable à la sauvegarde des entreprises du territoire», insiste Alain Gargani qui annonce à ce propos qu’un travail est en cours visant à l’élaboration de 20 propositions qui serons transmises à la CPME nationale d’ici trois semaines afin d’être présentées au Gouvernement par son président, François Asselin.
Michel CAIRE
Les chiffres clés 93,6% des dirigeants interrogés constatent une baisse de leur chiffre d’affaires supérieure à 50%. 65% des chefs d’entreprise évaluent cette baisse entre 50 et et 70%. 61% des entrepreneurs craignent une faillite de leur entreprise après décision de la fermeture. 45% des entreprises disposent de seulement un mois de trésorerie pour couvrir les charges d’exploitation. 46% des TPE-PME subissent des retards de paiement, soit une entreprise sur deux. Concernant les dispositifs d’aides : 87% des entrepreneurs s’estiment bien informés sur les aides et les accompagnements dont ils peuvent bénéficier. 59% ont déjà fait une demande d’activité partielle, 52% une demande de report des échéances fiscales et sociales. 38% ont demandé à bénéficier du prêt garanti par l’État (PGE). 42% des TPE ont sollicité l’aide du fonds de solidarité. 80% des dirigeants ont le sentiment d’avoir été épaulés par leur banquier. L’enquête souligne également que plus des trois quarts des entreprises (76%) déplorent le manque de soutien de leur assureur. |