Publié le 25 mai 2020 à 17h59 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 11h36
Lucile Tissot-Laÿs dirige l’agence Marseille-Centre de «Menus services» entreprise de portage à domicile de repas pour les personnes âgées. Elle explique comment son entreprise a vécu le confinement avec des règles de sécurité renforcée qui reste toujours la norme.
Destimed: Comment avez-vous vécu cette période de confinement?
Lucile Tissot-Laÿs: Trois mots qualifient cette période que nous avons traversée: angoisse, travail, solidarité. L’angoisse, c’est celle de nos bénéficiaires, inquiets de cette crise, confinés, c’est celle aussi de leur famille et de leurs proches qui nous appelaient pour prendre des nouvelles, pour prendre bien soin de nos bénéficiaires. Un phénomène d’autant plus important que, dans certain cas, les structures d’aide à la personne ont dû interrompre leur activité. C’est dans cette crise que l’on a donc pleinement pu mesurer que «Les Menus Services» était un service à la personne car, au-delà des repas nous avons maintenu un lien social.
Dans le même temps, vous devez prendre en compte les distances de sécurité et les gestes barrières…
Effectivement, nous avons immédiatement utilisé les masques et les gants, le gel hydroalcoolique que nous utilisions déjà. Et là où nous entrions dans les cuisines pour déposer les plats, nous avons déposé les sacs sur le pas de la porte. D’autres méthodes se sont imposées pour maintenir le lien social. Avant le confinement nous discutions des menus chez la personne, nous l’avons fait par téléphone et, au-delà de la commande, nous avons pris le temps de discuter, parfois nous avons alerté la famille lorsque nous sentions que la personne n’allait pas bien, physiquement ou moralement. Puis, une amie a eu l’idée d’organiser un concours de dessins d’enfants, dessins que nous avons remis à nos bénéficiaires. Puis je dois rendre hommage à mes deux collaboratrices, Sarah et Carole qui sont venues travailler, toujours attentives aux personnes qu’elles livraient, toujours souriantes. Et ce n’était pas simple car, outre l’angoisse du Covid-19, nous avons vu notre charge de travail augmenter avec des personnes qui, au lieu de ne prendre que quelques repas par semaine en ont pris tous les jours.
Que retenez-vous de cette période de confinement?
Déjà une pratique, l’hygiène était déjà dans notre ADN, nous allons la renforcer en conservant masques et gants. Ensuite, cette chaîne de solidarité qui s’est mise en place, avec les familles, les proches, mais aussi entre entreprises. Il y a eu ce concours de dessins, un collègue pharmacien a livré des produis pharmaceutiques, j’ai mis dans le pot commun des masques, des sur-chaussures et des sur-blouses, une consœur a livré des sur-blouses, une autre des masques, je dois dire que le réseau de Femmes chefs d’entreprises (FCE) a été efficace, plein d’humanité pendant cette période d’incertitudes et d’inquiétude.
Propos recueillis par Michel CAIRE