Publié le 20 mai 2020 à 19h53 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 11h36
A l’occasion d’une visite de chantier dans le 13e arrondissement de Marseille en compagnie du préfet de police des Bouches-du-Rhône, la présidente de la fédération du BTP 13, Isabelle Lonchampt, en a profité pour dresser l’état des lieux dans la construction à la suite de deux mois d’arrêt en raison du confinement. Son message s’est voulu précis.
«Un trou d’air qui se transformera en massacre économique avec à peu près 20 % des entreprises qui devraient disparaître »
Isabelle Lonchampt, présidente de la fédération du BTP 13, en a profité pour dresser un bilan des effets du confinement et l’arrêt de la plupart des chantiers durant ces deux mois et, pousser un coup de gueule. «Cette reprise est compliquée pour notre activité, car nous avons connu un retard à l’allumage des marchés publics et des collectivités territoriales, qui ont du mal à faire redémarrer les chantiers. On espère que plus ça va aller, désormais, plus ça va redémarrer.» Elle aborde ensuite la question de la tenue du second tour des élections municipales «qui n’est bien sûr pas de ma compétence, c’est au pouvoir politique de décider. Mais, si les élections ne devaient pas se tenir rapidement, on nous répond dans le même temps que les marchés ne reprendront pas. Je tiens à dire que si la situation locale, comme c’est le cas en ce moment, continue à bloquer les marchés et les nouveaux appels d’offres, cela commencera vite à devenir dramatique pour notre profession. Si nous avons un trou d’activité en fin d’année et au premier semestre 2021, en raison des marchés et des appels d’offres toujours non relancés, le trou d’air se transformera en massacre économique avec à peu près 20 % des entreprises qui devraient disparaître. Ce serait une catastrophe.» De fait, la présidente de la fédération du BTP 13 considère: «On a besoin que l’on nous invente des choses pour réduire les délais d’instructions, notamment des permis de construire.» Et lance «un appel au secours en disant attention. Les administrations doivent faire en sorte de mettre en place des mesures exceptionnelles dans une situation du même ordre. A ce jour, l’État a accompli ce qu’il fallait avec le chômage partiel, par exemple, mais si en bout de course les entreprises n’ont pas d’activités, on aura fait tout ça, et on aura dépensé beaucoup d’argent, pour rien…» Elle précise que 90 % des chantiers nationaux étaient à l’arrêt total pendant le confinement. Seuls des «travaux d’urgence qui étaient essentiels pendant la gestion de la crise étaient autorisés», citant notamment la maintenance pour les hôpitaux. «Avant cette crise, nous avions des activités et un carnet de commandes correctement rempli», insiste-t-elle avant de souligner: «Nous avons été la première profession à avoir sorti un guide des bonnes pratiques de travail pour cette crise sanitaire, avons aussi de nouvelles organisations de marchés, du matériel supplémentaire à acheter, louer, pour reprendre. Autant de surcoûts que nous ne pourrons pas assurer seuls, on demande une répartition équitable de ces frais.» Dans les conditions actuelles, Isabelle Lonchampt de prévenir: «Notre Fédération du bâtiment incite ses adhérents à négocier avec la maîtrise d’ouvrage avant la reprise du chantier, en encourageant ses entreprises à ne pas reprendre si les négociations dans ce sens ne sont pas possibles.»
Bruno ANGELICA
Les trois volets d’origine du dispositif “Ras-le-Vol”: -La police doit former les salariés et les dirigeants des entreprises du BTP pour rendre la sécurisation de leurs chantiers plus efficace. -les maîtres d’ouvrage doivent signaler à la préfecture, la police et la gendarmerie les travaux de construction ou de rénovation à venir donnant le calendrier des opérations prévues; – Les salariés sont invités à signaler tous les incidents inhabituels sur les chantiers. Les derniers chiffres communiqués par le secteur du BTP au niveau national -72 % des chantiers de bâtiment sont ouverts -37 % affichent un niveau d’activité normal, permettant de maintenir l’activité de 76 % des salariés et intérimaires ETP (Équivalent temps plein) du secteur présent avant la crise sanitaire. -36 % des chantiers actuellement à l’arrêt sont sous maitrise d’ouvrage publique -33 % des chantiers à l’arrêt pourraient reprendre à partir du 18 mai 2020 -67% des entreprises ont confiance en la reprise de leur activité. Les derniers chiffres communiqués par le secteur du BTP au niveau du département des Bouches-du-Rhône : -70 % des chantiers de bâtiment sont ouverts -36 % affichent un niveau d’activité normal -76 % des salariés et intérim d’avant crise sanitaire sont en activité -28 % des chantiers actuellement à l’arrêt sont sous maitrise d’ouvrage publique -62 % des entreprises ont confiance en la reprise de leur activité. -90 % des chantiers devraient être ouverts d’ici fin mai |