Publié le 28 mai 2020 à 10h57 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 11h36
Les responsables du Pôle Unis – Union des syndicats de l’immobilier – de Provence-Alpes-Côte d’Azur et Marseille-Provence-Corse, qui est la première organisation des professionnels de l’immobilier regroupant tous les métiers du secteur, ont fait le point avec la presse sur la reprise de leurs activités à la suite de la fin du confinement. L’Unis, qui représente tous les métiers du secteur : agents immobilier, gestionnaires locatifs, administrateurs de biens, experts immobiliers, promoteurs-rénovateurs, est le premier syndicat de la gestion de copropriétés et le premier syndicat de la rénovation immobilière.
Les responsables du Pôle Unis Provence-Alpes-Côte d’Azur et Marseille-Provence-Corse, respectivement Jean-Luc Lieutaud et Jean Berthoz, avaient organisé une visioconférence, le mardi 19 mai, pour évoquer la situation de l’immobilier depuis les derniers mois et sur les conditions du «déconfinement» mises en place dans le secteur. Un secteur où de nouvelles règles ont été érigées par les professionnels afin de permettre une reprise plus rapide de l’activité. A ainsi été lancé par l’Unis, en partenariat avec la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), un «guide des préconisations» en termes de sécurité sanitaire pour la reprise des activités des métiers de l’immobilier (guide téléchargeable sur unis-immo.fr). Pendant le confinement et durant deux mois, le Pôle Unis a continué à organiser chaque lundi des «live» à l’adresse de ses membres en invitant différents experts et professionnels pour parler à chaque fois d’une thématique précise. Des «live» qui semblent avoir bien fonctionné, attirant en moyenne 1 500 personnes. Ils devraient se poursuivre les prochaines semaines, sur le même modèle. Depuis le 11 mai, «l’activité redémarre doucement, mais redémarre, précise Jean-Luc Lieutaud, nous pouvons constater que les demandes de location arrivent en nombre, et cela tombe bien puisque c’est la période où les gens déménagent souvent le plus, en raison des impératifs liés aux mutations professionnelles, aux changements scolaires… En revanche, au sujet des ventes, le redémarrage s’annonce plus long, et je vous avoue que l’on s’inquiète beaucoup sur les conséquences pour les plus petites agences immobilières, qui ont pour habitude de ne vivre que des transactions. Le temps de rentrer un mandat, de compter trois mois entre le compromis et la vente, elles ne pourront encaisser de ventes avant novembre-décembre…» Le chiffre de 2 500 agences nationales à être obligées dans ces circonstances «de devoir mettre la clé sous la porte» a été avancé par le responsable : «Des petites agences avec 2 ou 3 personnes» dont les fermetures annoncées pourraient entraîner la perte de 4 500 et 6 000 emplois. Sur le mois d’avril, les transactions réalisées ont ainsi connu une baisse de 55 % . Durant le confinement, le constat a été implacable : «l’activité de location s’est arrêtée, poursuit Jean-Luc Lieutaud, car il était devenu impossible de continuer à faire des diagnostics, de se déplacer pour les visites, comme de réaliser les états des lieux.» Sur le mois d’avril, les transactions réalisées ont ainsi connu une baisse de 55 %. Une baisse significative quelque peu amoindrie par le fait que depuis le 3 avril, les notaires ont obtenu le droit de pouvoir procéder aux signatures à distance des actes. Malgré le contexte, il faut noter que la grande majorité des professionnels est passée au télétravail pour pouvoir maintenir leur activité. «Notre profession a vraiment pris le tournant du digital , précise à son tour Jean Berthoz, et nous nous sommes mobilisés selon deux types d’actions. Au niveau des habitants, nous avons recensé les professionnels disponibles pour pouvoir intervenir dans les appartements, par exemple en cas de dégât des eaux. Autre action : l’accompagnement de nos adhérents, au moyen d’un Facebook live national chaque lundi.»
Une baisse des transactions de 15 %
Sur l’année 2020, les responsables annoncent une baisse des transactions de 15 %. Au sujet de l’évolution des prix, aucun pronostic n’est donné. «Il est impossible de pouvoir prédire ce qui va se passer dans les six mois qui arrivent, répond Jean-Luc Lieutaud, mon avis est que les prix n’augmenteront pas. Après, il faut toujours savoir que ce sont les vendeurs qui font baisser les prix. D’abord, ils attendent et cherchent à vendre au meilleur prix. Après avoir réalisé que le marché a changé, les prix devraient baisser.» Il résume: «Sur un plan général, il ne faut pas exagérer dans le pessimisme. Les gens ont de toute manière toujours besoin d’un toit. Mais j’en profite pour passer un message à toutes les autres professions qui travaillent avec nous : on doit tous tirer dans un même sens et s’adapter. Je pense à certains notaires, par exemple, qui n’ont pas joué le jeu les derniers temps, et devront changer d’attitude. Il en va d’une certaine solidarité entre nous pour pouvoir s’en sortir et impulser plus vite une reprise.» Afin d’accélérer cette reprise et le volume des transactions, l’Unis demande aux municipalités «de passer à la vitesse supérieure» au niveau du traitement des Déclarations d’Intention d’Aliéner (DIA), destinées à informer avant la vente le titulaire d’un droit de préemption. Jean-Luc Lieutaud précise : «Les municipalités disposent d’un délai de deux mois de réponse. Nous leur demandons d’accélérer et de répondre à ces DIA dans les deux-trois jours, une fois la demande du notaire reçue.» D’autre part, les nouvelles règles en termes de précautions sanitaires vont changer les habitudes lors de la visite des biens pour une vente ou une location. «L’acheteur ou le loueur potentiel devra être muni d’un masque et d’un gel hydroalcoolique, ajoute Jean Berthoz, dans le cas contraire, le professionnel pourra lui refuser la visite. Les nouvelles règles sanitaires vont aussi entraîner une présélection plus importante avant les visites. Concernant l’état des lieux de sortie, il sera recommandé de le réaliser 48 heures après la sortie des locataires du logement.»
«Les assemblées générales des copropriétés avant le 10 mars 2021»
Autre point évoqué: les copropriétés «où s’est posé le problème de l’échéance des contrats de syndics» durant le confinement. Les assemblées générales n’ont pas pu se tenir durant le confinement. Pour éviter que des copropriétés sans syndic ne basculent en administration judiciaire, il a ainsi été décidé de prolonger les contrats de syndic expirés entre le 12 mars et le 10 septembre 2020 de six mois, dans les mêmes termes, «jusqu’à la prise d’effet du nouveau contrat de syndic désigné par l’assemblée générale des copropriétaires.» Jean Berthoz précise : «Il faudra donc organiser les assemblées générales avant le 10 mars 2021.» Dernier sujet épineux, la tenue actuelle des assemblées générales des copropriétés : «Nous demandons, là-encore, plus de souplesse administrative, interpelle Jean-Luc Lieutaud, on ne peut pas continuer dans ce pays à vouloir tout régenter avec des circulaires ! Il faut laisser les professionnels s’organiser, il est temps de leur faire confiance.» Le responsable, toujours, face au retard pris sur le sujet par les autorités publiques depuis les derniers mois, a clairement demandé le report de la mise en œuvre du vote par correspondance, lors des AG des copropriétés, du 1er juin 2020 au 1er janvier 2021.
Depuis la tenue de cette visioconférence, il a pu noter un nouveau changement avec la parution d’une dernière ordonnance permettant désormais la tenue de réunions privées de plus de 10 personnes à condition de respecter le périmètre de 4 mètres carrés par personne et les mesures sanitaires actuelles : port des masques et désinfection. Une autre disposition de la loi logement vient d’être confirmée en permettant qu’un même copropriétaire votant au nom de ses voisins reçoive procuration jusqu’à désormais 10 % des millièmes, au lieu de 5 % auparavant. «Cela devrait faire diminuer le nombre de personnes présentes si la salle de l’AG devait être trop étroite», conclut Jean-Luc Lieutaud, quand je vous dis qu’il faudrait davantage faire confiance aux professionnels sur place : à Marseille, contrairement à ailleurs, nous avons beaucoup de grosses copropriétés avec ainsi davantage de gens à accueillir en AG ! Je vous informe enfin d’une autre nouvelle précision pour les tenues que nous venons d’apprendre : toujours en raison des nouvelles règles sanitaires, il sera envoyé à chaque copropriétaire avant l’AG un document pour lui demander de quelle manière il préférait y participer, de manière physique ou à distance par visioconférence ? Pour le moment, on en est là. En attendant la suite… »
Bruno ANGELICA