Publié le 13 juillet 2020 à 19h59 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 11h52
Pour pallier l’annulation du Festival d’Aix, c’est un programme numérique qui est proposé par Pierre Audi et son équipe, avec des captations réalisées lors des précédentes éditions mais aussi avec des concerts et récitals enregistrés «dans l’intimité» ces jours derniers. Ainsi, en ce 9 juillet, il y avait une centaine de personnes dans les fauteuils de l’Archevêché mis aux normes de la distanciation physique. Des représentants des institutions publiques qui ont décidé de verser leurs subventions malgré la crise, des mécènes qui, eux aussi, ne se sont pas retirés face à la pandémie et des personnels du Festival dont Pierre Audi, en préambule, avait tenu a souligner la qualité de leur investissement dans ces moments difficiles. Un concert pour remercier, mais aussi pour se tourner vers l’avenir. Car, à dire vrai, elle est bien triste la ville d’Aix sans son Festival, et le soir venu, ce centre-ville qui réunissait les années précédentes dans ses rues fêtards, festivaliers et touristes en une joyeuse foule bigarrée, était très calme, en ce jeudi soir. Masque sur le nez, c’est avec un plaisir non dissimulé que nous avons fait partie de ces «privilégiés» qui ont pu renouer, une heure durant, avec la musique vivante. Pour ce concert, le Balthasar Neumann Ensemble, placé sous la direction de son chef fondateur Thomas Hengelbrock était rejoint par le duo de solistes lyriques français Véronique Gens et Stanislas de Barbeyrac. Au programme, Beethoven, dont personne n’ignore que l’on commémore cette année le 250e anniversaire de la naissance et Mozart qui est chez lui à Aix, en particulier à l’Archevêché, depuis 1948 et la création du Festival. De Beethoven, outre l’air de concert «Ah ! perfido» donné avec un grande présence physique et vocale par Véronique Gens, c’était la «Symphonie n°5» qui était au programme. Une symphonie «saucissonnée» puisque ses mouvement encadraient les airs de Mozart, mais une symphonie qui a permis eux instruments d’époque de l’orchestre de faire valoir leurs couleurs et leurs qualités à tous les pupitres avec, force est de le reconnaître, une section vents somptueuse. Qualités mises en valeur par l’idéale lecture de la partition effectuée par le maestro Hengelbrock, dirigeant sans baguette, mais avec finesse et luminosité. Pour Mozart, et des airs tirés de Don Giovanni et Cosi fan tutte, Véronique Gens et Stanislas de Barbeyrac, deux artistes dont on connaît la précision ainsi que l’excellence de la ligne de chant, n’ont pas failli, le ténor n’hésitant pas à affronter sur le fil le redoutable air de Ferrando «Un aura amorosa» et les deux se retrouvant pour un superbe duo «Fra gli amplessi » livré avec passion dans la voix et flammes dans le regard. En ces temps où le spectacle vivant se fait rare, cette soirée nous a projetés vers l’avenir. Nous retrouverons dans les prochaines années ces interprètes au Festival, nous l’espérons dans des conditions redevenues normales.
Michel EGEA
Retrouvez ce concert sur le site du Festival d’Aix