Publié le 20 juillet 2020 à 18h49 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 11h52
Un débat sur le pacte de gouvernance entre les communes et la métropole a animé la plénière du 17 juillet d’Aix-Marseille-Provence et montré combien la question de la ville-centre (Marseille) était toujours aussi loin d’être réglée. La sénatrice Samia Ghali mettant en garde l’ensemble des élus: «Si Marseille va mal vous aurez l’effet escargot»…
Un débat lors duquel Michèle Rubirola, la maire de Marseille évoquera une métropole «incomprise, peu connue, mal aimée», avant de préciser «Au printemps Marseillais comme à la ville de Marseille nous aimerions porter le message de tous ces citoyens, qu’ils habitent Marseille, Salon ou la Ciotat qui vivent mal la métropole au quotidien, dans leurs déplacements, dans leur formations, leur recherche d’emplois… C’est le pacte de gouvernance que nous vous proposons». «Comme beaucoup d’entre vous, poursuit-elle, je pense qu’il faut redonner aux communes des compétences de proximité et que la métropole ne peut pas tout régler. Nous sommes d’accord là-dessus. Pour autant… Au mois de septembre vous aurez géré en deux ans près de 8 milliards d’euros dont 2 milliards d’investissements. Pour quels résultats ?». Pour Michèle Rubirola : «L’urgence de la métropole ce n’est pas de redonner une personnalité morale aux territoires mais au contraire de mutualiser et de déployer des moyens beaucoup plus importants pour s’occuper pleinement des sujets métropolitains». Et d’ajouter: «Comment pouvez-vous nous expliquer qu’en maintenant des dotations de compensation à des niveaux records, en moyenne 20 points supérieurs aux autres métropoles, vous puissiez demain aller quémander de l’argent à l’État pour financer les 7 milliards d’euros qu’il manque à notre plan mobilité ? ». Et de formuler le vœux que ce mandat «sera celui de la réconciliation entre Marseille et l’ensemble des autres communes car nous avons intérêt à travailler ensemble. La crise économique, sanitaire, sociale impose de se parler et de regarder l’intérêt général». Jean-Pierre Serrus, LREM, maire de La Roque-d’Anthéron rappelle l’importance qu’il accorde à la conférence métropolitaine des maires mais déplore: «Elle n’a pas été convoquée une seule fois lors des deux dernières années», et alerte ses collègues sur la situation financière rendue encore plus difficile par le Covid-19: «En 2017 nous avions investi 460 millions et avions emprunté 150 millions pour boucler le budget. Cette année l’investissement prévu est de 470 millions pour un emprunt de 300 millions». Stéphane Ravier, RN, tiendra pour sa part à féliciter, pour l’élection de Martine Vassal à la présidence de la métropole… Maryse Joissains-Masini, la maire d’Aix-en-Provence, ajoutant: «Jamais la métropole Aix-Marseille-Provence n’a aussi bien porté son nom. La monstropole au bénéfice unique des Marseillais est enfin renversée et nous nous acheminons vers la démétropolisation que nous appelons de nos vœux». Frédéric Guinieri, le maire de Puyloubier évoque les propos d’un ancien Préfet qui lui aurait dit que le défaut, sur ce territoire était «de ne pas savoir chasser en meute». Yves Vidal, le Maire de Grans, revient pour sa part sur les erreurs «stratégiques» de Gaston Defferre, voilà 40 ans. «Elles ont fait prendre un retard énorme à ce territoire». rappelle les promesses non tenues dont celles de Jean-Marc Ayrault, chef du gouvernement de François Hollande, «venu promettre des milliards pour la métropole que nous n’avons jamais eus». Et suggérer: «Nous représentons nos habitants, battons-nous ensemble pour obtenir l’argent promis et engageons-nous sur une modification de la Loi NOTRe pour construire une métropole qui ne se fera pas sur le dos de nos communes». Mais pour Marc Pena, qui a conduit la liste Aix en partage, liste progressiste et citoyenne: «La métropole n’est pas un syndicat de maires». Et de mettre en garde: «L’État est un observateur. Selon notre projet il nous accompagnera ou pas et je pense qu’il va être très inquiet de voir notre projet». Samia Ghali, deuxième adjointe de la ville de Marseille, met en garde les élus métropolitains: «Si Marseille va mal vous aurez l’effet escargot. Vous avez tous bien gérés vos communes et vous n’êtes pas responsables de la situation de Marseille, mais mesurez qu’un autre choix a été fait pour cette ville et il nous faut maintenant, ensemble, trouver un équilibre sinon chacun paiera l’addition pour ce qui ne va pas». Loïc Gachon, le maire PS de Vitrolles souhaite «bonne chance à l’exécutif», insiste sur l’importance de la métropole en donnant un exemple: «Si nous prenons la seule question des transports sur l’Est Étang de Berre elle relève de trois conseils de territoires», les solutions «ne peuvent donc être que métropolitaines», insiste-t-il. Puis d’évoquer le cas de Marseille dont les membres de l’exécutif métropolitain sont exclusivement des élus de l’opposition municipale: «Vous qui êtes maires posez-vous la question, comment avancer sur la voie de la mutualisation si les oppositions et exclusivement elles représentaient votre commune?». Ce à quoi Martine Vassal répondra: «Je n’ai pas demandé les couleurs politiques pour le bureau, ceux qui le composent ont été pris en fonction de leurs compétences». Sophie Camard, Printemps Marseillais, maire des 1/7, exprime le sens des responsabilités et la vigilance du Printemps Marseillais pour que l’hémicycle métropolitain ne soit pas un espace de règlements de compte. Elle entend d’autant plus les critiques des maires à l’encontre de la gestion de Marseille «que nous les partageons. Et nous arrivons avec la volonté de coopérer et nous sommes surtout attachés à la proximité. Mais il faudra bien des moyens, notamment pour résoudre la crise du logement indigne». Des interventions du Printemps Marseillais qui resteront sans réponse. Gaby Charroux le Maire PCF de Martigues regrette: «Un bureau monolithique» tout comme il regrette: «un débat que nous avons depuis des années». Il importe à ses yeux «de définir d’ici la fin de l’année un projet de mandature établi par toutes les parties prenantes, y compris la ville centre. Il faut aussi définir des projets métropolitains à mettre immédiatement en œuvre et mettre en place un budget qui, à la fois, respecte les finances des communes mais soit aussi solide pour l’ensemble des territoires, notamment en matière de transports».
Martine Vassal conclura le débat en annonçant la délocalisation des débats.
Michel CAIRE