Publié le 21 juillet 2020 à 21h34 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 11h52
Lors d’une sortie de terrain menée avec la police nationale dans le cadre du dispositif de sécurisation du littoral marseillais pendant l’été, Emmanuel Barbe, le nouveau préfet de police des Bouches-du-Rhône, a rencontré les animateurs et les adolescents accueillis au Centre de Loisirs Jeunes (CLJ) de la police nationale sur la plage du Prophète (7e arrondissement). Avant d’assister à une opération de contrôles coordonnés dans les bus de la RTM sur les arrêts des Plages du Prado à proximité du David (8e arrondissement). L’occasion a été de mettre en lumière à la fois les actions citoyennes menées cet été par la police, comme les chiffres de leur implication sur les 11 plages du littoral marseillais.
Pour le préfet de police, il s’agit d’un dispositif de sécurisation «quasiment unique en France» qui est déployé depuis le début de l’été sur les 11 plages de Marseille, de Corbières à Sormiou, par la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP), « en partenariat étroit avec la ville de Marseille ». Un dispositif qui se double une nouvelle fois cet été par «une action de prévention de la délinquance» menée par les deux Centres de Loisirs Jeunes (CLJ) de la police nationale, présents sur les plages de Corbières (16e arrondissement) et du Prophète (7e arrondissement). Dans le but de rencontrer à la fois les jeunes sur place, issus des quartiers les plus sensibles de la ville, et échanger avec leurs éducateurs, Emmanuel Barbe avait ainsi décidé de se déplacer sur le littoral. «Avec cette initiative, il y a aussi l’idée de donner une autre image de la police par rapport à celle que l’on voit le plus souvent à la télé», indique le préfet de police qui décrit le contexte: «Nos effectifs sont aussi présents au contact des jeunes et s’occupent de la sécurité du littoral. Les jeunes gens ici viennent de quartiers difficiles, et rencontrent des professionnels de la police nationale aguerris à de tels contacts. Ces derniers parlent avec eux, essayent de casser leurs clichés, schémas. Et, pour certains jeunes, arrivent souvent à les sauver d’une vie qui vraisemblablement serait allée vers la délinquance… Donc c’est miraculeux ce qui se peut se passer dans un tel centre. Avec des jeunes gens qui arrivent au départ en étant à l’aise dans la haine de la police… et qui en repartent différemment. Cela montre à la fois l’importance et la dimension sociales de la police.»«Chaque été est un challenge pour la police nationale»
Sur le terrain, le préfet a encore voulu insister sur les 700 enfants qui s’étaient perdus sur les plages du littoral marseillais durant l’été 2019. Évoque également «des personnes à appréhender qui créent chaque année des tensions pour la population à chaque fois, la police doit intervenir. Je tiens aussi à dire que chaque été est un challenge pour la police nationale. Mais elle est bien aidée pour le relever en bénéficiant des importants moyens déployés de la ville de Marseille.» Emmanuel Barbe considère que la Covid-19 complique les choses cette année. «Avec l’obligation de respecter les règles de distanciation, nous pouvons accueillir moins de jeunes dans le centre et de personnes sur les plages. Mais nous avons la chance de partager à Marseille la responsabilité de la baignade avec la municipalité, ce qui n’est pas fréquent dans le pays.»Entretien avec Emmanuel Barbe, préfet de police des Bouches-du-Rhône emmanuel_barbe_prefet_de_police_jeudi_9_07_2020.mp3 |
«On est là pour réconcilier les jeunes des quartiers sensibles avec l’image qu’ils se font de la police »
Le major a ensuite expliqué la vocation du CLJ du Prophète : «Nous y faisons de la prévention de la délinquance. On est là pour réconcilier les jeunes des quartiers sensibles avec l’image qu’ils se font de la police. On va vers eux, puisque eux ne viennent pas vers nous.» Ce sont une quinzaine de policiers qui animent la plage du Prophète cet été « le plus important centre de loisirs jeunes de France, dans le cadre d’une initiative citoyenne organisée en lien avec les éducateurs des associations locales», souligne-t-il. Au programme : beach-volley, ping-pong, balade en bateau, et donc rapprochement entre jeunes et policiers. Cet été, ce sont 180 policiers nationaux (dont 80 maîtres-nageurs sauveteurs) et une compagnie de CRS qui sont mobilisés pendant deux mois pour surveiller les abords des plages, comme les véhicules des baigneurs. Il faut ajouter à ces effectifs les membres de la police municipale dédiés au littoral (80 annoncés) et les deux médiateurs par plage qui circulent tous les jours pour faire respecter la distanciation sociale liée à la crise sanitaire.Entretien avec le major de police Philippe Brunetti, chef de l’Unité de sécurité et de prévention du littoral (USPL) de la police marseillaise major_brunetti_uspl_jeudi_9_7_2020.mp3 |
Des contrôles hebdomadaires et coordonnées entre la police et la RTM
Dans un second temps, toujours cette même journée le préfet de police des Bouches-du-Rhône a assisté à une opération de contrôles coordonnées entre la police nationale et les agents de la RTM au niveau des arrêts de bus à proximité des Plages du Prado et du David (8e arrondissement) sur les lignes revenant de la plage. «La sécurité dans les transports est un objectif de la police de sécurité du quotidien » a expliqué Emmanuel Barbe, « d’autant plus après le drame survenu le 10 juillet à Bayonne », où un chauffeur de bus, Philippe Monguillot, a été tué à la suite de coups adressés par deux hommes après leur avoir réclamé le port du masque, obligatoire depuis le déconfinement dans les transports publics. «Ces contrôles hebdomadaires ont pour vocation de rendre les trajets en bus plus sécurisés, mais aussi de s’assurer que tout le monde respecte le port obligatoire du masque dans les transports en commun. Je sais qu’à plusieurs endroits cela commence à faiblir… Donc nous comptons ré-insister, plutôt par la pédagogie, pour le moment, mais s’il le faut par des amendes, à faire respecter pour le reste de l’été les gestes barrières nécessaires pour lutter contre la propagation du virus.»L’appel du major de police :
Philippe Brunetti a profité de la visite de terrain et de la présence des médias pour lancer : « C’est bien beau d’aller nager dans une petite calanque où il n’y a personne, mais, au moindre malaise, vous êtes mort… Le temps que les pompiers arrivent sur place se situe entre un quart d’heure et 20 minutes. Il n’y a donc aucune chance de réanimer une personne qui se serait noyée. J’en appelle pour dire à tous : surtout, s’il vous plaît, venez vous baigner dans des plages qui sont surveillées ». Le major a désiré pointer du doigt un danger sur les plages au moment des plus fortes chaleurs estivales. «Quand les gens sont au soleil, en ce moment, le ressenti sur le corps peut monter à 60°. Et quand l’eau est à 19°, cela peut provoquer un énorme choc thermique… Depuis le début de la saison, nous avons eu deux cas très graves en réanimation pour cette raison, avec des personnes âgées de 65 et 62 ans qui sont passées très près de la mort, donc attention ! » Il a enfin rappelé les dangers liés à la pratique de la plongée sous marine : «Chaque année, il y a entre 5 et 10 personnes qui meurent dans les calanques ou ailleurs sur notre littoral. L’une des principales causes est que cela faisait souvent plus de quinze ans qu’elles n’avaient plus pratiqué la plongée sous marine. Elles font un bon restaurant, puis se mettent en tenue pour plonger et font un malaise mortel… Là-encore, il faut faire attention et le conseil est encore de pratiquer la plongée dans des endroits qui sont sécurisés.»La spécificité de la «gratuité» sur les plages marseillaises
«Nous avons la chance à Marseille d’avoir des plages où la mairie met le paquet», assène encore le major Philippe Brunetti, « dans le sens où les baigneurs peuvent bénéficier sur place et gratuitement à la fois de vestiaires, douches, cendriers sur les plages fumeurs, des présences de nageurs sauveteurs et médiateurs… Si vous allez dans d’autres communes, il faut payer entre 10 et 30 euros pour la même chose. A Marseille, tout est donc gratuit.»Déjà 100 enfants qui se sont perdus sur les plages depuis début juillet
Ce sont donc 700 enfants qui se sont perdus durant l’été 2019 sur les 11 plages marseillaises. Depuis le début de l’actuelle saison estivale, le major Brunetti a annoncé 100 enfants qui se sont encore égarés. Il remarque, un brin désabusé… « Les réflexions de certains parents sont de nous dire : vous êtes là pour ça, non, les policiers ?… Il faut savoir que si un jeune enfant s’éloigne de 5 mètres de sa mère, il ne peut plus la voir et peut alors partir en courant. On doit récupérer trop souvent des petits enfants de 6-7 ans noyés et en arrêt cardiaque à réanimer. Même dans 30 cm d’eau, un enfant, quand il se met en position horizontale, peut se noyer car il ne sait pas comment se relever. Une nouvelle fois : prudence, prudence… » Bruno ANGELICA (rédaction) & Mireille BIANCOTTO (son)Le chiffre : 2,5 millions Comme le nombre de baigneurs attendus cet été sur les plages du littoral marseillais. Une estimation annoncée par le préfet de police de Marseille.