Publié le 11 septembre 2020 à 9h31 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h12
Jean-Bernard Lévy, PDG du groupe EDF, détenu pour rappel à 83,6 % par l’État, était à Marseille, le 4 septembre 2020, pour participer à un colloque organisé par son entreprise, au Théâtre de la Joliette, sur le thème de «l’apprentissage et l’économie inclusive à Marseille et dans sa région». Avant de participer aux différents échanges, il a répondu à nos questions afin de présenter la politique de son groupe pour attirer plus de jeunes vers les métiers des «filières manuelles, industrielles». Il a évoqué par la même occasion les effets de la crise sanitaire comme du réchauffement climatique sur le futur marché de l’emploi et dans la politique liée à la RSE dans son entreprise. Entretien.
Destimed : Pourquoi avez-vous souhaité venir à Marseille pour participer à ce colloque sur le thème de l’apprentissage et de l’économie inclusive ?
Jean-Bernard Lévy: Ce colloque est un événement, c’est la première fois depuis la sortie du confinement que nous organisons au nom du groupe une manifestation de grande ampleur, sur un thème très important, et qui l’est encore plus dans l’actualité ; à savoir le thème de l’inclusion. Il est impératif, aujourd’hui, de parler toujours plus des rapprochements entre la société française et ses entreprises, entre le monde des sachants et celui des apprenants. Les jeunes se demandent de plus en plus ce qu’ils vont devenir ? Il faut mettre en avant l’alternance, et insister sur le fait que 97 % des jeunes sont embauchés en sortie de leur l’alternance. Entre eux et les entreprises, c’est et ce doit être du gagnant-gagnant. Car les entreprises embauchent des jeunes qui pratiquent déjà le métier quand ils l’apprennent, de cette manière les jeunes acquièrent rapidement de l’expérience. Du côté des jeunes, ils sont plus vite formés, avec déjà les codes des entreprises en tête.
Vis-à-vis des métiers actuels, futurs, proposés par votre entreprise, quel principal message entendez-vous faire passer aux plus jeunes en ces temps à nouveau très compliqués sur le plan économique ?
Aujourd’hui, il faut savoir se tourner vers les filières manuelles, industrielles. Et il faut savoir attirer les jeunes sur ces métiers. Car ce sont des métiers stables, intéressants, où il se passe des choses, des nouvelles technologies, de nouveaux chantiers, de la mobilité. Ce sont des métiers où nous avons aujourd’hui des déficits, souvent, sur des emplois très qualifiés. Et à côté de cela, nous avons une masse de jeunes dont on se demande s’ils vont trouver du travail. Le rôle des entreprises est de leur expliquer ce que nous pouvons leur proposer pour accéder à ces emplois, dont je souligne qu’ils sont bien payés.
Quels sont les objectifs fixés et, ou, déjà atteints par votre groupe dans le domaine de l’alternance ?
Nous avions fixé un premier objectif: que 5 % de nos salariés soient des alternants. Nous l’avons dépassé. On en avait un deuxième : qu’un tiers des gens que nous embauchons viennent de l’alternance, et nous l’avons également dépassé. Enfin, nous en avions un troisième : pour la quasi-totalité des gens rentrant dans des formations d’apprentissage par l’alternance à travers EDF, que nous soyons en mesure de leur proposer à la fin soit une nouvelle formation, pour aller plus loin, soit un travail stable, qui peut être soit chez nous soit chez l’un de nos prestataires. Cela a encore été atteint. Nous avons suivi ces objectifs et davantage dans cette région Provence-Alpes-Côte d’Azur, exemplaire dans ce sens.
Pour mener à bien ces objectifs, avez-vous des partenaires stratégiques afin de toucher au but ?
EDF s’engage avec l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) de Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui pilote les travailleurs en CFA. Nous collaborons avec l’UIMM pour cela, et cette dernière pilote très bien les centres de formation d’apprentis dans cette région, puisque ces centres sont une référence pour toute la France, donc nous nous appuyons complètement sur elle dans ce registre. Avec l’Ensam (École nationale supérieure d’arts et métiers), nous avons signé une convention pour prendre des jeunes dans des formations courtes, et ce afin de les entraîner dans des formations plus longues, avec au bout un diplôme reconnu par l’État.
Comment votre groupe a-t-il vécu la crise sanitaire, le confinement? Ces derniers ont-ils contribué à accélérer votre politique RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) ces derniers mois ?
Je dois vous avouer que nous avons de façon un peu coïncidente adopté précisément notre «Raison d’être» pendant la crise sanitaire. Cette dernière est tournée vers la réponse à cette question du réchauffement climatique, qui touche tous les citoyens de tous les pays, aujourd’hui. Notre rôle à EDF est de s’adapter à ce qui devient une grande cause mondiale : la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, et en particulier le dioxyde de carbone. C’est la stratégie de l’entreprise sur laquelle j’ai voulu insister depuis mon arrivée à sa tête, à savoir que nos investissements soient entièrement consacrés aux énergies décarbonées, c’est-à-dire afin que l’on ne produise plus à l’avenir de dioxyde de carbone. Les métiers, vers lesquels EDF oriente les embauches, sont tournés précisément vers la production d’énergie décarbonnée, avec une production de l’électricité mais aussi de la chaleur sans émettre de dioxyde de carbone. Il faut penser à l’économie d’énergie, à être plus sobre et faire attention à la manière dont nous consommons l’énergie. Cette maîtrise amène beaucoup d’investissements de notre part dans ces domaines, et nous voulons proposer des emplois qui y sont liés.
Propos recueillis par Bruno ANGELICA
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