MBC : un club d’affaires Franco-Maghrébin pour fédérer les compétences et relier les deux rives de la Méditerranée

Publié le 4 novembre 2013 à  15h23 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h26

Trois jeunes chefs d’entreprise d’origine maghrébine ont lancé le 10 octobre à l’hôtel Radisson de Marseille un club d’affaires Franco-Maghrébin. Baptisé MBC pour Maghreb Business Community, il ambitionne de bâtir le réseau le plus large possible de chefs d’entreprise sur la base d’affinités culturelles. Un mouvement qui se veut apolitique, non-confessionnel et respectant les valeurs de la parité.

De gauche à droite : Kamel Malagouen, Samy Hammache et Youcef Afiri, les 3 fondateurs de Maghreb Business Community. (Photo DR)
De gauche à droite : Kamel Malagouen, Samy Hammache et Youcef Afiri, les 3 fondateurs de Maghreb Business Community. (Photo DR)

« J’ai été expatrié, j’ai bossé 12 ans à l’étranger, et quand je suis revenu il y a 2 ans de mon voyage en Algérie, où j’ai fini directeur général d’Inotis, une grosse boîte pharmaceutique, numéro 3 mondiale dans la fabrication de produits non-tissés, j’ai dressé un constat tout simple : il n’existait aucun club, aucun groupement Franco-Maghrébin à Marseille », explique Samy Hammache, âgé de 37 ans, directeur général d’AH Consulting dont il est aussi le cofondateur. C’est pour combler ce manque qu’il a créé, avec Youcef Afiri et Kamel Malagouen, Maghreb Business Community (MBC), un club d’affaires lancé officiellement le 10 octobre à l’Hôtel Radisson à Marseille. « L’idée est de créer un réseau avec des chefs d’entreprise sur la base d’affinités culturelles », précise Samy Hammache, président de la nouvelle entité. Un club qui se veut apolitique, non confessionnel, en excluant toute dimension religieuse, et respectant les valeurs de la parité. « Notre volonté est de fédérer le maximum de personnes, Franco-Maghrébins, chefs d’entreprise, cadres dirigeants et professions libérales, médecins, avocats ou experts-comptables : tous ceux qui assurent la gestion d’une équipe et ont un intérêt certain à connaître des gens. Car aujourd’hui, le réseau est indispensable », souligne encore le président de MBC.
Le club d’affaires aura ainsi une double vocation. Il s’agira tout d’abord d’animer un réseau via des rencontres mensuelles ouvertes à tous, où chacun aura la possibilité de se rencontrer et d’échanger. Mais l’objectif est aussi d’amener les membres « à faire du business ensemble ». « Sur des thématiques, on va créer des commissions et réfléchir à quelles compétences on va amener », explique Samy Hammache. L’ambition de MBC est ainsi de « fédérer les compétences » pour bâtir des groupements d’intérêt économique (GIE) afin d’aller chercher des marchés dans l’Hexagone, mais aussi au Sud de la Méditerranée. « C’est d’abord un réseau de chefs d’entreprise Franco-Maghrébins pour faire du business en France, indique le président du club. Mais après, ça peut être une réponse pour aller chercher des marchés dans les pays du Maghreb. Nous avons la culture et l’expertise européenne. Aujourd’hui, un Français de culture maghrébine a donc toute la légitimité pour faire du business là-bas : il a la référence, les compétences. Nous voulons ainsi fédérer les compétences et sous cet aspect-là, on cherche à relier les deux rives via des GIE. Même si la Méditerranée n’est qu’un volet de nos activités. »

Un panel de services à la disposition des adhérents

Rappelons que Marseille et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) entretiennent des liens fraternels avec le bassin méditerranéen, de par des liens historiques, économiques et la proximité géographique. Les pays de la rive Sud de la Méditerranée représentent 16% des exportations totales de Paca, une part qui a augmenté de 25% entre 2010 et 2011, et constituent le deuxième marché à l’export de la région, alors que la moyenne nationale est de l’ordre de 6%. Au vu de telles opportunités, il est apparu nécessaire aux trois fondateurs du club d’affaires « d’agir collectivement pour développer les performances de chacun ». « Le but n’est pas pour moi le fait de dire je fais faire du business avec X ou avec Y, mais de bâtir un groupement d’intérêt en fédérant les compétences. Aujourd’hui, nous somme jeunes, Français, Républicains, ayant des origines et, avec ce club d’affaires, on va aller chercher du business à l’étranger tous ensemble », insiste Samy Hammache.
MBC apportera également tout un panel de services à ses adhérents. Dans cette optique, le club emploie trois salariés dans des locaux installés 11, rue Camoin Jeune dans le 4e arrondissement de Marseille, une perpendiculaire au boulevard de la Libération. « Pour nos membres, nous allons mettre en place un annuaire qualitatif sur la région, car l’idée est vraiment de rayonner géographiquement sur le grand Paca. Nous donnerons aussi aux adhérents une visibilité sur le net tout en répondant à des questions de premier ordre », poursuit-il.
Tout nouveau membre se verra ainsi offrir un « mini-audit » de sa structure. « Quel chiffre fait-il ? Qu’est-ce qu’il ne fait pas ? Quel nombre sont-ils ? Est-ce qu’il optimise la société ? A partir de là, cette dernière va avoir une problématique. Soit nous allons avoir la réponse directe, auquel cas nous essaierons de répondre ; soit nous le mettrons en relation afin qu’il ait une réponse rapide à sa problématique. MBC sera un véritable réseau », souligne le président du club d’affaires.

Aider les jeunes Franco-Maghrébins à s’intégrer dans la vie active

Samy Hammache souhaite aussi contribuer à l’insertion dans la vie active des jeunes Franco-Maghrébins. « J’aimerais pouvoir les aider à trouver des stages ou leur premier emploi, afin qu’ils puissent intégrer la vie active dans de meilleures conditions que ce que j’ai pu connaître », précise-t-il. Car il y a plus d’une décennie maintenant, celui qui dispose pourtant d’un DESS ingénieur technique et commercial (ITCI), obtenu sur les établissements de Saint-Jérôme et Luminy, n’arrivait à trouver ni emploi, ni stage. « J’ai dressé le constat personnel que c’est le réseau qui me manquait. Les personnes qui avaient mes origines n’étaient pas à l’époque la génération la mieux placée socialement. Alors j’ai dû m’expatrier. Et ironie de l’histoire, c’est une société française qui m’a alors embauché pour travailler en Algérie comme expatrié », se souvient-il. Et d’en arriver à cette conclusion : « On se rend compte que c’est le réseau qui fait tout. Donc je voudrais aider les futurs jeunes Franco-Maghrébins à avoir un peu moins de difficultés. »
La volonté du club est également de rompre la solitude du chef d’entreprise. « Aujourd’hui en France, il est possible de faire un GIE pour répondre à un appel d’offres. Mais les chefs d’entreprise ne le font pas car ils sont isolés. Chacun suit son chemin et les embûches, ils les prennent au fur et à mesure », observe-t-il. Et de plaider pour la mise en place de comités de réflexion transversaux. « Pour décrocher un marché dans le médical, je vais aller voir des sociétés du secteur, mais je vais aussi mettre en périphérie un médecin, un avocat spécialisé du secteur, et un expert-comptable spécialiste lui aussi du secteur si possible. Il s’agit de mettre toutes les compétences de toutes les activités ensemble afin de bâtir la meilleure réponse et être le plus performant possible », étaye Samy Hammache.
Et de rappeler, une fois de plus, que « fédérer les compétences » est le leitmotiv de MBC. « C’est ce qui m’intéresse le plus, davantage que le simple côté GIE. Je veux que le chef d’entreprise apprenne quelque chose, qu’il ressorte en apprenant des compétences. En tant que chef d’entreprise aujourd’hui, on reste limité à notre business : nous n’avons pas un œil extérieur sur nos professions qui nous apportent cette vision-là. Or, je sais par expérience que l’expertise externe est capitale pour pouvoir apporter demain la meilleure offre », conclut-il.
Serge PAYRAU

Articles similaires

Aller au contenu principal