COUPE DU ROI

Publié le 27 février 2013 à  4h00 - Dernière mise à  jour le 6 juin 2023 à  18h54

Après des années d’humiliations, le Real croque le Barça

Le 5e clasico de la saison a accouché d’une surprise ce mardi 27 février avec la victoire du Real Madrid 3 à 1 sur la pelouse de son éternel rival en demi-finale retour de la Coupe du Roi. Une victoire qui marque le début d’un renversement de tendance dans les clasicos alors que dans le même temps le FC Barcelone domine la Liga comme jamais.

Paradoxale : c’est ainsi qu’on pourrait qualifier la saison que vit le football ibérique. Côté pile, un championnat écrasé et dominé de la tête et des épaules par un Barça sûr de son fait, qui compte au bout de 25 journées 68 points sur 75 possibles, soit 12 points de plus que l’Atletico Madrid, alors que son « meilleur ennemi », le Real Madrid, est relégué à 16 points. Des Blaugranas qui sont toujours en course pour battre tous les records de la Liga : 100 points marqués dans une saison, 121 buts inscrits et 32 victoires au compteur sur 38 journées… des records tous détenus depuis la saison passée par la « Casa Blanca ». Pour mesurer la performance des Catalans, soulignons qu’il faut remonter à la saison 1984-85, une autre époque, pour trouver un Barça devançant un Real d’un tel écart à l’issue de la Liga (17 points au final). Ou au moins jusqu’en 1990-91, avec 11 points d’écart, mais 16 si la victoire, comme aujourd’hui, avait alors valu 3 points au lieu de 2.
Et puis côté face, il y a le bilan des cinq « clasicos » disputés depuis le début de la saison : 1 victoire pour le Barça, 2 nuls, 2 victoires pour les Merengues. Une tendance lourde depuis la fameuse « manita » (petite main) de novembre 2010 où le Barça avait écrasé le Real 5 à 0, le premier clasico avec José Mourinho sur le banc merengue, le bilan s’est sacrément équilibré entre les deux équipes. Les Blaugranas n’ont en effet remporté « que » 5 des 15 derniers clasicos disputés, pour 4 défaites et 6 résultats nuls. Et il faut remonter 5 ans en arrière, avant l’arrivée de Pep Guardiola sur le banc du Barça, pour trouver trace d’un bilan en faveur des Madrilènes sur une saison.
Un constat d’autant plus amer que cette saison, les deux défaites catalanes ont chaque fois été synonymes de la perte d’un titre. Ainsi, après avoir déjà dû abandonner l’été dernier sa Supercoupe d’Espagne au Real, c’est de la Copa del Rey (Coupe du Roi) qu’il détenait dont le Barça a été déchu mardi soir. Une défaite d’autant plus cruelle pour les Blaugranas qu’ils étaient grandissimes favoris après le 1 à 1 du match aller.

Un jeu catalan manquant cruellement de profondeur et d’imagination

Et pourtant la supériorité du Real, sur ce match, est de celle qui ne se discute pas. Le quotidien madrilène « Marca » n’a pas d’ailleurs pas hésité à titrer ce mercredi sur son site Internet : « Le Madrid dévore le Barça ». Un constat partagé de l’autre côté des Pyrénées par France Football qui titrait pour sa part « Le Real surclasse le Barça ».
Car bien que largement dominateurs, comme toujours serait-on tenté de dire, en termes de possession de balle (près de 63% sur l’ensemble de la rencontre), les Catalans n’ont que très rarement su porter le danger devant le but madrilène : 16 tirs mais seulement trois tirs cadrés en 90 minutes contre 8 au Real. Leur fameux « toque », ce jeu fait de redoublement de passes qui a fait du Barça la meilleure équipe européenne des 5 dernières années tout en amenant la sélection espagnole sur le toit du monde, a cruellement manqué de profondeur. Et si Andres Iniesta a tenu son rang, Xavi a semblé manquer d’imagination, alors que le quadruple Ballon d’Or, Lionel Messi, a été tout aussi absent des débats qu’au match aller.
Signe de l’inefficacité de ses longues séquences de possessions de balle catalanes, il a fallu attendre la 52e minute pour que les Blaugranas chauffent les gants du portier madrilène Diego Lopez, qui assure l’intérim depuis la blessure à la main d’Iker Casillas (fracture du pouce gauche), sur une frappe du demi-défensif Sergio Busquets. Un manque percussion auquel aurait pu remédier un joueur comme David Villa, le recordman des buts inscrits sous le maillot de la Roja. Mais toujours pas revenu à son meilleur niveau depuis la grave blessure qui l’a privé de l’Euro 2012, il était une nouvelle fois sur le banc mardi soir. Et son entrée sur le terrain, réclamée par le public du Camp Nou, n’est intervenue qu’à la 59e minute, un moment où la mission était devenue impossible pour la Barça, mené 2-0, qui devait inscrire 3 buts en une demi-heure pour forcer les portes de la finale.

Le plan tactique parfait de José Mourinho

De l’autre côté, le plan tactique élaboré par l’entraîneur portugais, le très décrié José Mourinho dont les jours sont plus que jamais comptés sur le banc merengue, a fonctionné à merveille. Les Madrilènes ont abandonné la possession de balle aux Catalans tout en leur imposant un pressing tout terrain. Et dès la récupération du ballon, ils ont su jaillir dans des contre-attaques fulgurantes emmenées par un Christiano Ronaldo étincelant, un Mesut Ozil toujours aussi clairvoyant et le feu-follet argentin Angel Di Maria. Un plan qui portait rapidement ses fruits puisque dès la 12e minute Christiano Ronaldo prenait de vitesse la défense catalane et Gérard Piqué n’avait d’autres ressources que de faire faute en pleine surface. Le Portugais transformait lui-même la sentence entrant du même coup dans l’histoire du club madrilène : jamais avant lui un joueur au maillot blanc n’avait marqué lors de six clasicos consécutifs au Camp Nou. Un but qui changeait radicalement les données du match : qualifiés au coup d’envoi les Blaugranas étaient alors virtuellement éliminés. Ce qui les obligea à se découvrir davantage et donc à offrir encore plus d’espaces aux contres madrilènes. Si bien qu’au cours du premier acte, ce sont les Madrilènes qui se créèrent les meilleures opportunités. Et jamais le Barça n’a semblé en mesure d’inverser la tendance.
Il y eut bien un feu de paille au début de la seconde période quand la pression sur le but madrilène se fit plus forte durant quelques minutes. Mais les Blaugranas furent alors poignardés par un second contre éclair. A la suite d’un corner offensif catalan, une longue ouverture de Sami Khedira arrivait dans la course d’Angel Di Maria qui se jouait de Carles Puyol. Sa frappe était ensuite repoussée par le portier catalan Pinto… sur Christiano Ronaldo qui y allait de son doublé (57e), scellant définitivement le sort de cette demi-finale.

Raphaël Varane taille patron… à seulement 19 ans

Autre satisfaction côté madrilène, l’assise défensive qui a été meurtrie par les blessures tout au long de la saison (Marcelo, Coentrao, Pepe entre autres) et les relations conflictuelles entre José Mourinho et les deux incontournables du vestiaire merengue que sont Iker Casillas et Sergio Ramos. Rien de tout cela ce mardi soir avec une défense composée de Fabio Coentrao, Sergio Ramos, Raphaël Varane et Alvaro Arbeloa qui fut impeccable tout au long du match. Avec une nouvelle prestation majuscule de « M. Propre », l’ancien Lensois Raphaël Varane. Non content de mettre une nouvelle sous l’éteignoir Lionel Messi, le Français, âgé de seulement 19 ans, s’est offert, comme à l’aller, le luxe d’inscrire un but. A la 68e minute, sur un corner frappé de la droite, il s’élevait dans les airs au-dessus de Gérard Piqué pour catapulter de la tête, avec l’aide de la transversale, le ballon dans les buts de Pinto, donnant à la victoire madrilène des allures de triomphe.
Déjà battu 2 à 0 il y a la semaine dernière en huitièmes de finale aller de la Ligue des Champions par l’AC Milan, le Barça est condamné à l’exploit dans quinze jours au Camp Nou s’il ne veut pas être « en vacances » dès le mois de mars : la Liga, où le suspense s’est évaporé depuis bien longtemps, resterait en effet la seule compétition que les Blaugranas auraient à se mettre sous la dent jusqu’à la fin de la saison.
Du côté merengue, José Mourinho semble avoir réussi la moitié de son pari : il semble bien avoir mis fin à la mainmise du Barça sur les clasicos. Il lui reste désormais à tenter de conquérir la « Décima », cette 10e Ligue des Champions qui se refuse aux Madrilènes depuis la fameuse reprise de volée de Zinedine Zidane à Glasgow, un soir de mai 2002, face aux Allemands du Bayer Leverkusen (2-1). Le Real sera lui aussi condamné à l’exploit mardi prochain en huitièmes de finale retour à Old Trafford face à Manchester United après le 1 à 1 concédé au match aller à Santiago Bernabeu. Mais au moins ont-ils fait mardi soir le plein de confiance…
En attendant ces rendez-vous européens, l’Espagne va encore retenir son souffle samedi soir avec le 6e clasico de la saison, à Bernabeu, pour le compte de la 26e journée de la Liga. Si le match ne revêt aucun enjeu dramatique pour aucune des deux équipes, un clasico n’est jamais un match amical entre les deux frères ennemis du football espagnol…

Andoni CARVALHO

A Barcelone, au Camp Nou, mardi 26 février, demi-finale retour de la Coupe du Roi
Real Madrid bat FC Barcelone 3 à 1 (1-0)
Match aller : Real Madrid 1 – FC Barcelone 1. Le Real qualifié pour la finale.
Spectateurs : 98 772. Arbitre : M. Alberto Undiano Mallenco.
Buts : FC Barcelone : Jordi Alba (89e). Real Madrid : Christiano Ronaldo (13e s.p., 57e), Varane (68e).
Avertissements : FC Barcelone : Piqué (12e), Puyol (40e). Real Madrid : Arbeloa (37e).
FC Barcelone : Pinto – Diego Alves, Piqué, Puyol (cap.), Jordi Alba – Xavi (puis Thiago Alcantara 74e), Busquets, Fabregas (puis Villa 59e) – Pedro (puis Tello 71e), Messi, Iniesta.
Real Madrid : Diego Lopez – Arbeloa, Varane, Sergio Ramos (cap.), Coentrao – Khedira, Xabi Alonso (puis Essien 84e) – Di Maria, Ozil (puis Pepe 78e), Christiano Ronaldo – Higuain (puis Callejon 71e).

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