Innovation. Lancement de la plateforme « La Fabrique by Inter-Made & La Friche »: « Il faut avoir en tête que ces jeunes entrepreneurs de l’ESS sont en train de défricher pour tout le monde l’économie de demain »

Publié le 30 septembre 2020 à  10h10 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  12h13

La Fabrique à Initiatives, label national pour développer en région l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), avec son incubateur Inter-Made, adhérent de la Chambre Régionale des entreprises de l’ESS (Cress) en Provence-Alpes-Côte d’Azur, et la Friche La Belle de Mai, s’associent pour lancer : «La Fabrique by Inter-Made & La Friche». Une plateforme «open innovation» née de la réunion des trois organisations et d’une communauté «apprenante et engagée». L’objectif de cette nouvelle plateforme – en ligne depuis le mardi 29 septembre- n’est pas de contribuer financièrement à un projet, mais d’apporter des idées pour résoudre des problématiques d’intérêt général. Elle met en mouvement à la fois des citoyens, entrepreneurs, chercheurs… pour répondre à des défis lancés, faire naître des réponses collectives et concrétiser des solutions avec des entrepreneurs sociaux. La Fabrique à Initiatives est un programme animé au niveau national par l’Avise, l’agence d’ingénierie pour développer l’Économie Sociale et Solidaire. Sa mission est de créer des entreprises sociales en accompagnant les acteurs de chaque territoire dans la compréhension des besoins locaux. Avec la finalité de relier toujours plus les acteurs privés, publics et les citoyens pour construire des réponses entrepreneuriales adaptées. Son slogan affiché est précis : « Développons les entreprises dont nous avons besoin». C’est dans cet esprit que la Friche la Belle de Mai et Inter-Made ont lancé le mardi ce mardi 29 septembre matin «la première plateforme d’innovation ouverte de la Région Sud.»

De gauche à droite: Laurent Boy, responsable de la Fabrique à Initiatives sur le site de la Friche la Belle de Mai, Yohan Nicolas, directeur adjoint de la Friche la Belle de Mai, Caroline Bruynoghe, directrice régionale du groupe AG2R La Mondiale en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, Cyril Hoccry-Lescarmure, membre d'Inter-Made, chargé de mission régional pour la Fabrique à Initiatives © Inter-Made / La Fabrique à Initiatives
De gauche à droite: Laurent Boy, responsable de la Fabrique à Initiatives sur le site de la Friche la Belle de Mai, Yohan Nicolas, directeur adjoint de la Friche la Belle de Mai, Caroline Bruynoghe, directrice régionale du groupe AG2R La Mondiale en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, Cyril Hoccry-Lescarmure, membre d’Inter-Made, chargé de mission régional pour la Fabrique à Initiatives © Inter-Made / La Fabrique à Initiatives

L’idée principale est que les contributeurs rapportent sur la plateforme d’échanges des retours d’expérience, des idées nouvelles, des projets en cours. La Fabrique, dans un second temps, dans son rôle de plateforme «open innovation» réunissant à la fois les entreprises, la société civile, les collectivités et les acteurs de l’entreprenariat, s’engage à prototyper sur le plan économique la solution choisie. Avant, pour la déployer, de transmettre au final le prototype à un porteur de projet issu de l’écosystème de l’entreprenariat social. «Nous voulons proposer un nouvel élan dans l’entreprenariat sous l’égide de l’open innovation afin que grandissent toujours plus les entreprises qui font du bien à la fois à l’économie, à l’humain bien sûr, à notre environnement, aux végétaux…», explique Laurent Boy, responsable de la Fabrique à initiatives sur le site de la Friche qui précise encore: «Et pour cela, nous relevons le pari de nouvelles priorités, avec l’idée que chaque acteur économique doit répondre à de nouveaux besoins dans sa façon de fonctionner. Nous sommes là pour amorcer un virage, avec tous ces acteurs, pour les accompagner à interagir, de plus en plus, et les aider à pouvoir répondre aux futurs grands enjeux.»

L’incubateur Inter-Made, précurseur en France pour les entreprises sociales et solidaires

Depuis 19 ans, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Inter-Made -qui est le tout premier incubateur d’entreprises sociales et solidaires à avoir été lancé en France- se présente comme une «grande couveuse spécialisée dans l’accompagnement et la formation à la création d’activités liées à l’économie sociale et solidaire». L’incubateur a déjà suivi des projets avec pour objet : le commerce équitable, l’éco-habitat, le lien social, l’énergie, le numérique, l’enfance et la famille, les pratiques socioculturelles, le tourisme solidaire, l’environnement, le développement durable, le projet culturel citoyen…
«Notre mission est de faire émerger des réponses entrepreneuriales aux enjeux de territoire», développe Cédric Hamon, directeur d’Inter-Made, structure adhérente et active au sein de la Cress. «Notre volonté est de faire grandir de jeunes entreprises sociales motivées, en accompagnant de manière personnalisée le développement, l’accélération et le changement d’échelle. Notre baseline est de booster les entreprises de notre territoire qui sont prêtes à opérer ce changement. Avec un objectif principal : faire naître des réponses collectives.» Depuis 2002, plus de 600 entreprises ont été créées et ou accompagnées par la structure, avec plus de 1 000 personnes formées et près de 1 000 emplois créés. C’est en 2016 que l’incubateur a installé ses bureaux à la Friche la Belle de Mai, pour booster, à son tour, l’élan de l’entreprenariat social et solidaire du lieu. Et, profiter, de son côté, des centaines d’événements organisés sur place pour se frotter à l’avis du grand public. Yohan Nicolas, directeur adjoint de la Friche souligne: «On est un lieu d’art et de culture et l’arrivée d’Inter-Made nous a permis d’avoir ce regard précis sur l’entreprenariat social et solidaire». Rappelle qu’il s’agit d’une jeune collectivité de 70 entreprises implantées sur le site. Et, ajoute-t-il: «Nous avons envie d’opérer des transformations sociales, développer la transition écologique en premier lieu. L’équipe d’Inter-Made nous apporte cette approche pragmatique sur le sujet. Nous avons sur notre média internet près de 400 000 pages vues chaque année et comptons ici 300 travailleurs au quotidien. Nous avons par exemple déjà collaboré avec leur équipe pour traiter de la question des déchets sur notre site, et trouver des solutions efficaces. La Friche est un grand laboratoire à ciel ouvert, toutes les associations nous intéressent. L’incubateur possède également une section Recherche et Développement qui travaille avec la Friche. On est en plus un lieu, ici, qui peut incarner des choses.»

Chaque année, ce sont en moyenne 72 porteurs de projets qui transitent par Inter-Made

L'équipe réunie d'Inter-Made sur le site de la Friche à Marseille © Inter-Made / La Fabrique à Initiatives
L’équipe réunie d’Inter-Made sur le site de la Friche à Marseille © Inter-Made / La Fabrique à Initiatives

Ariane Groos, directrice de la communication et du développement à la Friche, explique que «l’une de nos principales aspirations est d’avoir une plus grande visibilité avec la Fabrique par rapport à ce sujet. Nous sommes très repérés sur le territoire au niveau culturel, et la manière dont Inter-Made est en train de nous nourrir fait que l’on peut davantage revendiquer, aujourd’hui, notre économie sociale et solidaire.» Chaque année, ce sont en moyenne 72 porteurs de projets qui transitent par Inter-Made. Parmi eux, nombreux sont ceux qui ont été accompagnés par les services de l’un des partenaires pionniers de la Fabrique : le groupe AG2R La Mondiale. Présente lors du lancement de la plateforme, Caroline Bruynoghe, directrice régionale du groupe en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, témoigne: «L’innovation sociale est au cœur de notre action. En tant que référence en assurance de la personne, nous sommes un modèle unique. Et je tiens à dire que notre engagement social n’est pas décidé de Paris, mais du cœur des territoires, à chaque fois, et l’on travaille ici avec la Région Sud. Nous sommes sur le bien vieillir, sur l’aide aux aidants, sur le retour à l’emploi des publics les plus fragiles. Le message que nous entendons faire passer est de ne pas agir seul dans l’innovation sociale, mais à plusieurs, et c’est une nouveauté.» Toujours sur les thèmes du social et de la solidarité, Caroline Bruynoghe constate: «beaucoup d’acteurs, pendant le confinement, avaient pris des bonnes résolutions, mais on assiste à un retour en arrière… Il faut reprendre ces bonnes résolutions, accélérer surtout la digitalisation, mettre des moyens et passer aux actes, maintenant. Il faut aller plus vite sur ces sujets, sur l’ESS, pour les rendre concrets.» Laurent Boy précise le sens des accompagnements conjoints menés avec AG2R La Mondiale : «Ils nous permettent de mener à bien des projets sur le lien social, l’économie bleue, la transition écologique. Mais encore des projets plus artisanaux avec des véhicules juridiques à la fois associatifs et coopératifs, et des lieux mutualisés, où différents métiers peuvent partager des machines.» Sur un plan général, explique-t-il: «Notre attention doit être de savoir quel est l’impact social et environnemental d’un porteur de projet ? Quel est son encrage territorial ? Quelle est sa gouvernance participative ? Nous nous intéressons à des entreprises qui appartiennent à leurs fondateurs, et pas à l’idée d’actionnariat.» Et de citer notamment: «Avec AG2R, par exemple, nous venons d’accompagner une coiffeuse qui a monté un atelier de beauté solidaire dans le but de favoriser des retours à l’emploi. C’est de la socio-esthétique, afin de contribuer à pouvoir donner l’accès à ce genre de soins à des personnes, de toutes classes sociales, juste avant un entretien d’embauche. Comme vous pouvez le voir, notre palette d’accompagnement est large. Autre chose importante à préciser : nous n’accompagnons pas des militants, attention, mais des entrepreneurs, dans le sens où il faut qu’ils aillent facturer.» Pour le responsable de La Fabrique, l’enjeu principal de sa structure et de la nouvelle plateforme lancée est de savoir mieux profiter de l’agilité des jeunes entreprises de l’ESS, pour tenter de «repenser les modèles» et anticiper les mutations de demain. «Il faut avoir en tête que ces jeunes entrepreneurs sont en train de défricher pour tout le monde l’économie de demain», avance-t-il avant de conclure: «Il sera de plus en plus stratégique de s’associer à eux. Pour cela, on entend faire passer un autre message : « ne considérez pas les entrepreneurs sociaux comme une façon de faire de la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), mais intégrez le fait que ces derniers peuvent vous permettre de faire de la recherche et développement. Pourquoi ? Car ils savent anticiper et répondre à des environnements sociaux qui nous impactent tous, et dont il va falloir s’en saisir ».».
Bruno ANGELICA
Plus d’info sur: lafabriquebyintermade.org

A propos de…
La Fabrique à initiatives est implantée dans 9 régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Pays de la Loire, Corse, Nouvelle-Aquitaine, Normandie, Occitanie, Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur) et elle est en développement dans 3 autres (Grand Est, Martinique, Hauts-de-France).

Les prochaines «Open Fabriques» à la Cress à Marseille, le 3 novembre

Dans le cadre des ses actions et événements menés pendant l’année, La Fabrique, Inter-Made et La Friche organisent de grands ateliers collectifs s’adressant aux porteurs de projets de la région. Les prochaines « Open Fabriques » se dérouleront ainsi le mardi 3 novembre de 10 heures à 13 heures dans les locaux de la Cress à Marseille. Le rendez-vous suivant se tiendra le jeudi 1er décembre, de 10 heures à 13 heures, à la Ruche, toujours à Marseille.

Un nouveau défi pour la Fabrique sur la restauration et l’économie circulaire

La Région Sud, l’un des principaux partenaires de la Fabrique, vient de missionner La Fabrique, Inter-Made, La Friche, et la BGE, afin de travailler sur des solutions pour faciliter et promouvoir la mise en place des principes de l’économie circulaire dans le secteur de la restauration.

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