Publié le 14 octobre 2020 à 22h41 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h14
Les Rencontres d’Averroès ont choisi cette année de se tourner vers les villes méditerranéennes et réfléchir à leurs devenirs. Cette 27e édition emprunte son titre au roman de l’écrivain grec d’Alexandrie Stratís Tsírkas, «Cités à la dérive», paru en 1965. Le monde méditerranéen a fait naître la cité, la polis, qui semble demeurer un creuset pour vivre et habiter ensemble. Dès lors, la cité grecque est-elle la source de notre art de gouverner ? Au temps des bouleversements climatiques et face aux fragmentations urbaines, comment les cités méditerranéennes résistent-elles ? Est-il possible de repenser l’architecture et de réinventer des lieux en surmontant les blocages politiques ? Avec l’urbanisation croissante, une autre façon d’habiter le monde est-elle pensable ? Pour répondre à ces questions, chercheurs, architectes et artistes internationaux se retrouvent à La Criée pour quatre jours de débats devant un public que l’on sait fidèle et exigeant.
Cité à la dérive? Jeudi 19 novembre 2020 à 19 heures, La Criée, petit théâtre, entrée libre, réservation conseillée.
Avec Rebecca Lighieri (écrivaine, auteure de Il est des hommes qui se perdront toujours, P.O.L, 2020) et Michel Peraldi (sociologue, auteur avec Michel Samson de Marseille en résistances, La Découverte, 2020).
Cités antiques, cités historiques, un héritage pour demain ? Table ronde animée par Jean-Christophe Ploquin, La Croix. Intervenants : Vincent Azoulay, Katell Berthelot, Jean-Noël Castorio, Sylvie Denoix et Irad Malkin. Vendredi 20 nov. 2020, 15h. La Criée, grand théâtre. 1€.
Qu’est-ce qui fait une cité ? Du plus lointain de l’héritage méditerranéen nous vient la référence à la cité-État. Est-ce un modèle, un creuset à partir duquel s’est fondé l’art du politique ? La cité grecque, qui a inventé le demos, est-elle la source, la matrice de notre art de gouverner ? Qu’est-ce qui nous vient de l’héritage grec, en fin de compte, est-ce bien la démocratie ? Athènes semble être la référence centrale, volontiers idéalisée, mais qu’en est-il de références plus militaires, telle que Sparte, ou plus religieuses, telle que Jérusalem ? Quelle place pour l’Orient ancien et pour d’autres sources et d’autres réseaux dans notre relation à la cité et au politique ? Rome semble occuper une place singulière, mais qu’en est-il exactement ? Est-ce un rapport à la loi ou à l’Empire ? L’idée de République, comme celle du « métier de citoyen », nous est-elle inspirée par le monde romain ? Quelle forme et quelle place pour notre imaginaire romain ? Qu’en est-il de la cité musulmane ? Se tient-elle à part, dans un registre spécifique parmi les mégapoles méditerranéennes ou est-elle partie prenante d’un monde commun ? Quels sont les principes qui régissent son fonctionnement ? Quelles relations, en fin de compte, entre cité de Dieu et cité des hommes ?
La Paternelle : une cité de Marseille, son histoire, ses habitants Vendredi 20 novembre 2020, 17 heures , La Criée, hall, entrée libre sans réservation.
Du 20 novembre au 10 décembre 2020, le Théâtre de la Criée présente une exposition de photographies en hommage aux habitants de la cité la Paternelle (14e arrondissement de Marseille), à l’occasion de la sortie de l’ouvrage de Dalila Guillon-Ouanes, La Paternelle : une cité de Marseille, son histoire, ses habitants (Éditions Gaussen, 2020). Cette exposition est proposée par les associations Regards Citoyens et Because U. Art, avec la participation de Vincent Beaume, avec des photographies réalisées par Lounés Abdoun, Renaud Arrighi, Pierre Ciot, Michel Guillon et Yves Jeanmougin.
Beyrouth, cité à la dérive ? vendredi 20 novembre 2020, 19 heures, La Criée, grand théâtre, entrée libre, réservation conseillée. Diane Mazloum (écrivaine, auteure de Une piscine dans le désert, JC Lattès, 2020) dialogue avec Franck Mermier (directeur de recherche CNRS, auteur de Récits de ville : d’Aden à Beyrouth, Actes Sud, 2015) et (sous réserve) Camille Ammoun (auteur de Octobre Liban, Inculte, 2020).
Beyrouth ya Beyrouth ! vendredi 20 nov. 2020, 21heures, La Criée, grand théâtre, 20€ / réduit 15€ / super réduit 10€. PASS 2 concerts (avec l’Orchestre national de Barbès) 35€ / réduit 25€ / super réduit 15€.
Lamia Ziadé, auteure de roman graphique (Ma très grande mélancolie arabe, P.O.L, 2017 ; Ô nuit, ô mes yeux, P.O.L, 2015) et Bachar Mar-Khalifé, compositeur, pianiste et chanteur, sont tous deux originaires de Beyrouth. Ils ont vécu la récente amputation de leur ville de naissance avec effroi et colère. Leurs souvenirs, eux, restent intacts. À Marseille, ils uniront leurs talents, accompagnés sur scène par la comédienne Tatiana Spivakova, lors d’un spectacle mêlant musique, textes et dessins, hommage à la cité libanaise et à sa culture.
Musique : Bachar Mar-Khalifé -Texte et dessins : Lamia Ziadé – Avec Tatiana Spivakova
Quelles cités face aux bouleversements climatiques et aux impasses politiques ? Table ronde animée par Joseph Confavreux, Mediapart. Intervenants : Sophie Brones, Wolfgang Cramer, Salima Naji et Martin Robain, samedi 21 novembre 2020, 10heures. La Criée, grand théâtre, 1€.
Le monde méditerranéen semble être une bio-région particulièrement sensible aux évolutions ou aux révolutions climatiques.
Peut-on prendre la mesure de ce qui vient ? Quels impacts, à l’horizon de vingt ou trente ans, du réchauffement sur le niveau de la mer et sur les littoraux, là où se concentre la plus grande partie de la population ? Comment les cités du monde méditerranéen peuvent-elles anticiper de tels bouleversements ? Qu’en est-il, par exemple, d’une cité historique telle que Venise face au phénomène croissant de l’Acqua Alta ? Comment bâtir pour demain ? Les architectes doivent-ils inventer de nouveaux modèles, de nouvelles façons de construire, à partir d’autres matériaux, comme la pierre sèche par exemple ? Plus largement, peut-on repenser l’urbain, imaginer la ville autrement et habiter le monde différemment ? Comment surmonter les blocages et les impasses politiques face aux effondrements qui arrivent ? De quoi l’explosion sur le port de Beyrouth est-elle le nom ? La reconstruction de la capitale du Liban, au lendemain de la guerre, ne témoigne-t-elle pas d’une privatisation de l’espace public ? Quelles alternatives face à la prédation et à la spéculation ? Une politique du bien commun est-elle possible, pensable, réalisable ? À quelles conditions ?
Comment penser l’urbain face aux défis de la mondialisation ? Table ronde animée par Daniel Desesquelle, RFI. Intervenants : Franco La Cecla, Jean-François Pérouse, Olivier Mongin et Leïla Vignal, samedi 21 nov. 2020, 15h. La Criée, grand théâtre, 1€.
La « condition urbaine » a profondément changé au cours de ces dernières années. Les lieux, que l’on ne cesse d’habiter, sont de plus en plus traversés, percutés même par des flux, qui viennent du monde entier. Comment y faire face ? Sommes-nous les témoins d’un profond changement d’échelle, de concentrations urbaines qui s’amplifient, s’accélèrent jusqu’à devenir de plus en plus difficiles à maîtriser ? Quelles leçons tirer, par exemple, d’une ville-monde telle qu’Istanbul, mégapole de plus de 17 millions d’habitants ? Qu’en est-il également du Caire ou d’Alexandrie, de Tanger ou de Marseille ? Cités à la dérive ?…
Architectes et urbanistes sont-ils à la hauteur de ces défis, liés à la mondialisation des marchandises comme des informations ? Que faire de la pensée de l’urbain, venue d’Ildefons Cerdà, à Barcelone ? Existe-t-il toujours un art de bâtir, ensemble, ou assiste-t-on plutôt à la montée en puissance de machines singulières et d’architectes starisés et mondialisés qui se préoccupent assez peu du devenir de la ville ?
Qu’en est-il des villes et des cités du Proche et du Moyen-Orient confrontées à la violence et à la guerre ? Assiste-t-on à des « urbicides » ? À des destructions systématiques de la cité comme forme de vie en commun ? Quelles sont les chances et les promesses d’une possible reconstruction ? Par-delà les héritages du passé ou les modèles mythifiés, quelle pourrait être la cité idéale d’aujourd’hui et de demain ? La cité a-t-elle un avenir dans la mondialisation ?
Orchestre national de Barbès : 25 ans ! Samedi 21 nov. 2020, 21h. La Criée, grand théâtre. 25€ / réduit 20€ / super réduit 12€. PASS 2 concerts (avec Beyrouth ya Beyrouth !) 35€ / réduit 25€ / super réduit 15€.
Pour fêter ses 25 ans, l’orchestre le plus international de Barbès s’invite à Marseille. Depuis 1995, les 10 musiciens d’ONB fédèrent tous les publics en associant joyeusement jazz, chaâbi, rock anglais et chanson française, raï, salsa, musique kabyle et gnawa. De quoi nous faire voyager et nous emplir d’énergie en cette année difficile !
Cités imaginaires ou cités à la dérive ? Table ronde animée par Thierry Fabre, Rencontres d’Averroès. Intervenants : Claro, Katia Kameli, Pauline Marchetti et Benoît Peeters, dimanche 22 nov. 2020, 11h, La Criée, grand théâtre.
« Les villes ne sont rien d’autre que la forme du temps », écrivait Italo Calvino dans ses Villes invisibles. Que serait une cité sans imaginaire ? Sans les récits qui la racontent, sans les dessins qui la représentent, sans les images qui la rendent désirable ou répulsive ? Pourquoi ne pas ouvrir le champ des possibles et solliciter le regard des artistes, des écrivains et des bédéistes, des vidéastes et des architectes qui aiment rêver la ville autrement ? Alger, par exemple, dans la mémoire coloniale d’une « Maison indigène » revisitée, réinventée, où s’esquisse une architecture du passé, au présent, où se croisent notamment Camus et Le Corbusier. Voici une invitation au voyage parmi ces cités imaginaires qui peuplent nos regards, une traversée en images de ces villes-ports que la Méditerranée relie et en même temps sépare… La mer, la mer toujours recommencée, si chère à Paul Valéry, qui inspire de nouvelles formes urbaines, et pourquoi pas une « métropole sensible », qui s’étirerait de Gênes à Barcelone, en passant par Nice, Marseille et Montpellier, vision latérale et littorale qui change du regard vertical et surplombant de tant d’aménageurs. Cités imaginaires ou cités à la dérive ?…
Les beaux jours d’Erri De Luca dimanche 22 novembre. 2020, 15heures La Criée, grand théâtre. Entrée libre. Réservation conseillée.
Figure majeure de la littérature italienne, Erri De Luca revient sur son parcours d’écrivain, de poète, de journaliste mais aussi de citoyen engagé et d’alpiniste. Impossible, son dernier roman, paru chez Gallimard en cette rentrée littéraire, est un concentré de tout ce qui fonde son œuvre et anime sa vie.
Parallèlement aux Rencontres d’Averroès, Des livres comme des idées conçoit et organise une autre opération annuelle, le festival littéraire «Oh les beaux jours !», dont la 4e édition initialement prévue du 28 mai au 1er juin 2020 a été annulée. Pour pallier cette annulation, la programmation des Rencontres d’Averroès se voit ajoutée cette année trois rencontres littéraires, imaginées en prolongement de la thématique questionnée cette année. Par ailleurs, le dispositif Averroès Junior propose des actions d’éducation artistique et culturelle aux élèves de l’Académie d’Aix-Marseille. Toute l’année, sont organisés des ateliers et des rencontres qui abordent des questions en lien avec les thématiques des Rencontres d’Averroès et plus largement avec le monde méditerranéen et ses enjeux. Cette année, des ateliers d’éducation aux médias et à l’information permettent à six classes de collèges et lycées de réaliser chacune un reportage BD, en écho à la thématique des devenirs urbains.
La rédaction