Publié le 17 octobre 2020 à 22h16 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h14
Décidément les contraintes liées au Covid-19 sont porteuses de belles surprises à l’Opéra et à l’Odéon. Après une «Dame de Pique » qui a fait l’unanimité tant au niveau de la critique qu’à celui, important, du public, c’est l’Odéon qui ouvrait sa saison ce samedi 17 octobre après-midi avec une «Belle Hélène» d’Offenbach à la mise en scène intelligemment retravaillée par Bernard Pisani et à la partition, à effectif réduit, ciselée par la direction attentive et fouillée d’Emmanuel Trenque. Une partition pour neuf instrumentistes qui a été éditée mais qui, contrairement à ce certains ont pu penser, n’a jamais été validée par Offenbach. Une partition convaincante dont l’interprétation par les musiciens de l’orchestre de l’Odéon a mis en relief l’élégance et les subtilités de la composition d’Offenbach. Élégance et subtilité caractérisant également la mise en scène de Bernard Pisani qui fait bouger ses troupes sur le plateau tout en respectant les règles de la distanciation sans pour autant amoindrir la puissance des situations comiques ou amoureuses ni la qualité des chorégraphies parfois désopilantes qu’il signe aussi. De la musique, du spectacle et une Hélène vocalement et physiquement de très haut niveau en la personne de Laurence Janot, assurément la plus belle femme du monde capable de faire craquer tous les Pâris de l’univers. Mais que serait la plastique s’il n’y avait la voix. Celle de Laurence Janot est chaude et envoûtante, toujours bien placée, assurée et puissante, même lorsqu’elle est sollicitée allongée sur scène ou dans une baignoire. Du grand art. Carole Clin est une malicieuse Bacchis, Caroline Géa, arrivant de la production de « La Dame de pique » dont nous parlons plus haut, et Julie Morgane sont d’aguichantes et facétieuses Parthénis et Léanea. Du côté masculin de la distribution, Jérémy Duffau campe un Pâris séduisant qui n’hésite pas à aller piocher dans son bagage technique pour livrer les notes des « évohé » de son air « Au mont Ida ». Dominique Desmons excelle dans le rôle de Ménélas laissant s’exprimer avec bonheur ses talents de comédien et de chansonnier. L’Agamemnon d’Olivier Grand en impose et le Calchas de Philippe Ermelier ne manque ni d’aisance ni de sens comique. Alfred Bironien, Oreste, est comme un meneur de jeu, feu folet plaisant. Quant à Michel Delfaud, Vincent Alary et Yvan Rebeyrol, respectivement Achille, Ajax 1 et Ajax 2, ils prennent visiblement du plaisir sur scène et nous en donnent aussi. Le Chœur Phocéen, dirigé par Rémy Littolff, est au niveau qualitatif des instrumentistes et des solistes de la distribution. Un mot, enfin, pour les danseuses et danseurs, eux aussi parfaitement intégrés à cette joyeuse troupe et à son esprit festif. Autant dire que cette production sème du bonheur et laisse souffler un air frais en cette période où les masques protecteurs sont de sortie. Une production qui, par sa nouvelle taille liée au Covid, mériterait d’aller égayer et rafraîchir de nombreuses salles dans la région et ailleurs. Directeurs et programmateurs, Maurice Xiberras, le directeur général de l’Opéra et de l’Odéon, attend vos appels. Ce serait vraiment dommage de ne pas partager ces instants de bonheur avec un très large public.
Michel EGEA
Deuxième représentation à l’Odéon ce dimanche 18 octobre à 14h30. Plus d’info odeon.marseille.fr