Publié le 29 octobre 2020 à 7h24 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h29
Dans la nuit de jeudi à vendredi la France connaîtra un nouveau confinement a indiqué Emmanuel Macron en précisant que, cette fois, les établissements scolaires resteront ouverts ainsi que les services publics, le travail restera possible et que les Ehpad pourront recevoir des visites. Un dispositif qui sera réévalué tous les quinze jours. «L’objectif est de passer de 40 000 à 5 000 contaminations par jour, de ralentir significativement le nombre d’entrées à l’hôpital».
C’est en insistant sur la gravité de la situation et le devoir de protéger «les plus âgés, les plus jeunes, les soignants et les plus modestes et notre économie», que le Président de la République, a ouvert son allocution en rappelant la grave situation épidémique. «Nous avons pris des mesures difficiles, souvent contestées. Elles s’avèrent insuffisantes pour endiguer une vague qui touche toute l’Europe», prévient-t-il alors que la France compte 36 437 nouveaux cas en 24 heures, que 58% des lits de réanimation sont occupés et que l’on déplore 35 785 décès depuis le début de l’épidémie. Et d’insister: «Quoi que nous fassions, près de 9 000 patients seront en réanimation à la mi-novembre», évoquant une deuxième vague «qui sera sans doute plus violente et plus meurtrière». Il va jusqu’à avancer que cela dépasse le seul cas de la France: «nous sommes submergés par l’accélération» de l’épidémie.
«Si d’ici quinze jours, nous maîtrisons la situation, nous pourrons alors réévaluer les choses»
Alors, après avoir consulté les scientifiques, dialogué avec les forces politique, économique, sociale, après avoir échangé avec les partenaires européens et pesé le pour et le contre «j’ai décidé, qu’il fallait retrouver, à partir de vendredi, le confinement qui a stoppé le virus», annonce Emmanuel Macron. Le reconfinement débutera donc dans la nuit de jeudi à vendredi et doit se poursuivre jusqu’au 1er décembre, minimum. Des points réguliers sur l’évolution de l’épidémie seront réalisés «tous les quinze jours». «Nous déciderons, le cas échéant, de mesures complémentaires et nous évaluerons alors si nous pouvons alléger certaines contraintes», précise Emmanuel Macron qui note à ce propos : «Si d’ici quinze jours, nous maîtrisons la situation, nous pourrons alors réévaluer les choses et espérer ouvrir certains commerces, en particulier dans cette période si importante avant les fêtes de Noël». Le Président forme le vœux «de célébrer ce moment si précieux des Fêtes de fin d’année». Emmanuel Macron annonce donc un nouveau confinement national avec seulement des adaptations pour les territoires d’outre-mer. Par rapport au confinement de mars-avril, trois aménagements sont énoncés : «Les crèches, écoles, collèges et lycées resteront ouverts avec des protocoles sanitaires renforcés. Les universités et établissements d’enseignement supérieur assureront à l’inverse des cours en ligne». De même le travail pourra continuer et, «partout où cela est possible, le télétravail sera généralisé. Les guichets des services publics resteront ouverts. Les usines, les exploitations agricoles et le BTP continueront de fonctionner». Il est également à noter que les visites en Ehpad et en maisons de retraite seront cette fois autorisées dans le strict respect des règles sanitaires». Emmanuel Macron souhaite aussi que «les personnes en situation de handicap puissent bénéficier des souplesses dont elles ont besoin». Et, en cette période marquée par la Toussaint, les cimetières demeureront ouverts. Le Président ajoute un autre changement, contrairement au mois de mars : «Nos frontières intérieures à l’espace européen demeureront ouvertes et, sauf exception, les frontières extérieures resteront fermées. Les Français de l’étranger pourront rentrer». Sachant que des tests «rapides et obligatoires» seront déployés dans les ports, les aéroports: «Aucun voyageur ne doit rentrer sur le territoire européen sans que nous soyons certains qu’il ne soit pas porteur du virus».
«Des mesures de trésorerie pour les charges et pour les loyers seront prévues»
Les règles, après débat au Parlement, seront détaillées par le gouvernement ce jeudi 29 octobre. Le Président met en exergue ce qui ne change pas par rapport au précédent confinement: on pourra sortir, «avec des attestations pour se rendre au travail, à un rendez-vous médical, pour porter assistance, faire des courses, prendre l’air». Les réunions privées, «en dehors du strict noyau familial, sont exclues». On ne pourra pas se déplacer d’une région à une autre «si ce n’est une tolérance ce week-end pour le retour des vacances de la Toussaint». Les commerces considérés comme non essentiels, tels les bars et restaurants seront fermés. «Des mesures continueront d’être prises pour nos petites entreprises fermées administrativement», précise Emmanuel Macron. L’État continuera à apporter une aide aux petites entreprises impactées «avec la prise en charge jusqu’à 10 000 euros par mois de leurs pertes en chiffres d’affaires». Les salariés et les employeurs continueront à bénéficier du chômage partiel. Des mesures de trésorerie pour les charges et pour les loyers seront prévues. Un plan spécial sera annoncé pour les indépendants, les commerçants, les très petites et moyennes entreprises. Emmanuel Macron tient également, alors qu’un nouveau confinement arrive, à rendre hommage aux «maires, aux élus, aux présidents d’intercommunalité, de métropole». Il leur adresse un message: «Nous avons besoin de vous de manière accrue pour aller plus loin en matière de prévention, de mobilisation des associations pour aider les personnes précaires, pour accompagner les enfants dans le temps périscolaire, accompagner les personnes vulnérables».
Qui peut sérieusement vouloir que des milliers de nos compatriotes passent des semaines en réanimation?
Avant de présenter ce nouveau confinement le Président Macron avait pris soin de balayer les autres options. Il lance notamment: «Quand bien même nous pourrions ouvrir beaucoup de lits de réanimation qui peut sérieusement vouloir que des milliers de nos compatriotes passent des semaines en réanimation avec les séquelles que cela implique?». «Nous pourrions ne rien faire, poursuit-il, comme certains le préconisent, et laisser le virus circulé jusqu’à atteindre l’immunité collective, mais nous aurions au moins 400 000 morts supplémentaires à déplorer. Jamais la France n’adoptera cette stratégie». Le confinement des seules personnes âgées est également rejeté car des jeunes sont également touchés et que les personnes âgées ne «vivent pas dans des bulles». Et le: «Alerter, tester, protéger» vient de montrer ses limites. Alors, Emmanuel Macron en appelle «au sens des responsabilités de chacun et de l’esprit citoyen de tous. La réussite dépend de chacune et chacun d’entre nous». Tout en reconnaissant: «Très peu de générations auront eu comme la nôtre autant de défis: la pandémie, les crises internationales, le terrorisme, les divisions de la société et une crise économique et sociale sans précédent liée à la première vague. Mais j’ai confiance en nous, en vous. Nous devons tenir dans la transparence et le débat, la détermination en nous serrant les coudes».
Michel CAIRE