Publié le 25 novembre 2020 à 8h45 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h29
Emmanuel Macron s’est félicité, lors de son allocution ce mardi 24 novembre, du ralentissement de la circulation du virus tout en notant: «Nous avons encore devant nous plusieurs semaines pour atteindre les objectifs que j’avais fixés qui permettent de contrôler l’épidémie et donc de stabiliser le nombre de contaminations autour de 5 000 personnes par jour et d’avoir entre 2 500 à 3 000 personnes en lits de réanimation». Dans ce contexte il a tenu à «fixer un cap, un calendrier et esquisser des perspectives»…
28 novembre: tous les commerces pourront rouvrir jusqu’à 21 heures au plus tard
Emmanuel Macron s’est réjoui du ralentissement de la circulation de la Covid, sans juger celle-ci suffisamment positive. Il a donc annoncé trois étapes du déconfinement avec dès ce samedi matin, plusieurs changements. Les déplacements pour motif de promenade ou activité physique en extérieur seront désormais permis dans un rayon de 20 kilomètres et pour trois heures. Les activités extra-scolaires en plein air seront à nouveau autorisées. Pour les cultes, les offices seront à nouveau permis dans la stricte limite de 30 personnes. Tous les commerces pourront rouvrir jusqu’à 21 heures au plus tard. Les librairies, les disquaires, les bibliothèques et archives pourront également rouvrir dans ces conditions et les services à domicile reprendre. La deuxième étape débutera le 15 décembre: «Si nous sommes bien arrivés autour des 5 000 contaminations par jour et environ 2 500 à 3 000 personnes en réanimation, nous pourrons alors franchir un nouveau cap. Alors le confinement pourra être levé». Un couvre-feu de 21 heures à 7 heures du matin sera mis en place. «Nous pourrons circuler librement les soirs des 24 et 31 décembre, pour partager ces moments en famille, mais les rassemblements sur la voie publique ne seront pas tolérés». Il prévient immédiatement: «Il faudra au maximum limiter les déplacements inutiles. Souffler et se retrouver, oui. Mais j’en appelle à votre sens des responsabilités : il ne s’agira pas, à coup sûr, de vacances de Noël comme les autres». Les activités extrascolaires en salle, pour l’accueil des enfants durant les fêtes, seront à nouveau autorisées avec des règles strictes. Les salles de cinéma, les théâtres, les musées pourront reprendre leurs activités, «toujours dans le cadre des protocoles sanitaires qui ont été négociés» et un système d’horodatage permettra d’organiser les représentations en fin de journée. Mais, durant cette période, les grands rassemblements seront interdits ainsi que tous les événements festifs dans les salles à louer ; tous les lieux, comme les parcs d’attraction, les parcs d’expositions resteront fermés. De même, les bars, les restaurants, les discothèques, «ne pourront rouvrir leurs portes malheureusement», indique le Chef de l’État. Concernant les stations de sports d’hiver, une concertation a été engagée par le Gouvernement avec les élus locaux et les professionnels, le Président évoque une réouverture courant janvier…
Le 20 janvier sera la 3e échéance
L’étape suivante sera pour le 20 janvier. Si le nombre de contaminations demeure en-dessous de 5 000 cas par jour, les salles de sport et les restaurants pourront rouvrir et le couvre-feu pourra être décalé. Les lycées pourront à ce moment-là être pleinement rouverts avec la totalité des élèves présents durant les cours. Quinze jours plus tard, ce sont les universités qui pourront reprendre les cours. Emmanuel Macron invite «à tout faire pour éviter un troisième confinement» et de mettre en exergue trois outils pour y parvenir: «Le premier, c’est l’esprit de responsabilité de tous». Le deuxième outil réside dans la stratégie « tester, alerter, protéger, soigner » «que nous sommes en train de réorganiser pour la rendre beaucoup plus efficace», précise Emmanuel Macron. Concernant les tests, il rappelle que la France est «l’un des pays européens qui teste le plus». Le Président de la république affiche l’ambition, début janvier, qu’aucun test ne mette plus de 24 heures entre la demande et son résultat, ceci à propos des tests PCR, «que nous continuerons de déployer», assure-t-il. Quant aux tests antigéniques, qui permettent d’obtenir un résultat en moins de 30 minutes, «ils seront utilisés massivement en particulier pour les personnes qui ont des symptômes ou lorsqu’il faut dépister rapidement, par exemple dans une école ou dans une maison de retraite». Concernant le volet « Alerter » le Chef de l’État considère : «Nous devons dans les prochaines semaines améliorer notre organisation afin de casser beaucoup plus rapidement les chaînes de contamination à la racine en identifiant plus complètement l’ensemble de ce qu’on appelle les cas contact». Il insiste à ce propos sur l’importance d’utiliser l’application TousAntiCovid, «que vous êtes près de 10 millions à avoir téléchargé».
«Un vrai débat démocratique doit se tenir»
Emmanuel Macron en vient à « Protéger ». «Je souhaite que le Gouvernement et le Parlement prévoient les conditions pour s’assurer de l’isolement des personnes contaminées, y compris de manière plus contraignante. Un vrai débat démocratique doit se tenir. Mais si nous voulons éviter un confinement, nous devons être plus contraignants à l’égard de celles et ceux qui ont le virus». Il ajoute: «Ces personnes seront accompagnées sur le plan matériel, sanitaire et psychologique. Cette nouvelle stratégie associera, outre les services de l’État, les maires leurs services, comme les associations concernées». Puis d’en venir au troisième outil, le vaccin: «Notre stratégie repose sur plusieurs vaccins. Certains seront disponibles dès la fin décembre-début janvier et une seconde génération arrivera au printemps».
Je ne rendrai pas la vaccination obligatoire
Pour la vaccination, Emmanuel Macron lance: «Notre plan est clair». Il s’agit, premièrement, de sécuriser le nombre de doses. «Nous l’avons fait avec l’Union Européenne et la Commission, en achetant auprès des producteurs, en nous mettant en capacité d’en produire au maximum en Europe et le nombre de doses étant réparti en fonction de la population de chaque État membre». Les premiers vaccins, sous réserve des résultats des essais cliniques, pourront être administrés dès la validation des autorités sanitaires compétentes. Il importe, ensuite, de garantir la sécurité sanitaire. «Un comité scientifique sera chargé du suivi de la vaccination. Un collectif de citoyens sera aussi mis en place pour associer plus largement la population. Je tiens à ce que celle-ci se fasse dans un cadre totalement transparent. La vaccination doit se faire de manière claire, transparente, en partageant à chaque étape toutes les informations : ce que nous savons, comme ce que nous ne savons pas. Je veux aussi être clair : je ne rendrai pas la vaccination obligatoire». Le début des vaccinations devrait avoir lieu fin décembre, début janvier, pour les personnes les plus fragiles et donc les plus âgées.
«Depuis le premier jour, nous agissons»
Le Président de la République en vient à la crise économique et sociale, indique: «Depuis le premier jour, nous agissons. (…). Nous avons renforcé cette réponse lors de la deuxième vague. (…). Dès les prochains jours, nous allons encore compléter les aides». Ainsi, en plus des dispositifs déjà existants, les restaurants, les bars, les salles de sport, les discothèques, tous les établissements qui resteront fermés administrativement, se verront verser quelle que soit leur taille, 20% de leur chiffre d’affaires de l’année 2019 si cette option est préférable pour eux aux 10 000 euros du fonds de solidarité. «Les saisonniers, les extras qui n’ont plus d’engagements depuis des mois, les précaires qui travaillaient les années précédentes mais ne retrouvent plus d’emploi, les jeunes qui n’arrivent à trouver ni emploi étudiant, ni premier emploi trouveront une réponse exceptionnelle à leur situation». Le Gouvernement présentera cette réponse dans les prochains jours. Le plan « un jeune, une solution » fera l’objet de moyens accrus «et j’invite tous les jeunes à se renseigner sur la plateforme prévue à cet effet».
«Une capacité d’innovation, un sens de l’inventivité, qui seront décisifs pour construire le futur»
Emmanuel Macron entend conclure son propos par une note d’optimisme: «Toute crise comporte une part de progrès, une part d’espérance». Il avance notamment : «Nous avons su rendre notre État plus efficace pour faire face à l’urgence, sanitaire comme économique. Nous avons collectivement transformé l’hôpital, notre système de soin, nous nous sommes appuyés sur le numérique pour rapprocher les commerçants des citoyens dans les territoires, pour continuer à travailler, à apprendre, à soigner. Nous avons fait preuve d’une capacité d’innovation, d’un sens de l’inventivité, qui seront décisifs pour construire le futur et affronter les crises qui viennent». Il pointe aussi des faiblesses : «Une organisation imparfaite, trop de bureaucratie, parfois un sens des responsabilités inégal, un manque de souveraineté parfois aussi pour certaines de nos productions». Il invite à poursuivre dans cette voie, consolider «ces forces que parfois nous ne soupçonnions pas et corriger ces vulnérabilités que parfois nous ne voulions pas voir». Pour y parvenir il met en garde: «Nous devrons nous en remettre au savoir et à la science. Ne jamais céder au complotisme, à l’obscurantisme, au relativisme. Nous devrons continuer à innover, à créer, à entreprendre. C’est la force de l’esprit français». Mais il considère pour les semaines à venir : «Nous devons chacune, chacun, à la Nation, l’esprit de responsabilité. Nous nous devons les uns aux autres aussi beaucoup de bienveillance».
Michel CAIRE