Publié le 3 décembre 2020 à 20h30 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h20
L’analyse des eaux usées donne une semaine d’avance sur le virus. Elle permet de savoir où les prochains clusters vont apparaître. Avec le Bataillon de marins-pompiers de Marseille, la Région Sud déploie une cartographie régionale.
Les eaux usées ont livré leur secret ce mercredi 2 décembre, après prélèvement et analyse par le Bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM), elles ne recèlent pas la moindre trace de la Covid-19 à l’Hôtel de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, pour le plus grand plaisir de Renaud Muselier, son président. Lequel, à travers cette expérience, a présenté la cartographie des eaux usées de la région, aux côtés de Christine Juste, adjointe à la mairie de Marseille et du Contre-Amiral Patrick Augier, commandant du BMPM. En effet, les marins-pompiers traquent depuis plusieurs semaines l’évolution de l’épidémie de Covid-19 en analysant les eaux usées. Cette technique, unique en Europe, à l’exception de la Hollande, permet d’avoir 7 jours d’avance sur la circulation active du virus. Un avantage qui permet de savoir dans quelle ville, métropole ou département, le virus reprend et de tester ces zones.
«Un outil essentiel pour éviter un troisième confinement»
«Grâce au travail d’experts du Bataillon, un dépistage du coronavirus est réalisé depuis quatre semaines dans les eaux usées de Marseille. Cette cartographie dressée sur le territoire marseillais montre une baisse constante de la présence du virus dans les eaux usées. Nous étendons donc cette cartographie à l’échelle de la Région, en accord avec l’Agence Régionale de Santé (ARS), le Bataillon de marins-pompiers de Marseille et les Intercommunalités compétentes», explique Renaud Muselier. Six intercommunalités feront parties de cette cartographie : Nice, Toulon, Avignon, Digne-les-Bains, Briançon et Marseille. «Ce sera un outil essentiel pour éviter un troisième confinement. Nous allons prendre notre destin en main, nous allons prendre le virus de vitesse».
Une opération de cartographie qui coûtera 50 000 euros par mois à la Région.
Christine Juste, adjointe à la maire de Marseille en charge de l’Environnement et de la Santé, se félicite de ce partenariat avec la Région «qui s’appuie sur la technologie de pointe développée par le BMPM». Elle n’omet pas de signaler que ce dispositif a, dans un premier temps, bénéficié aux écoles, puis aux Ehpad avant de se développer sur la ville. Elle ajoute que Marseille, avec ce dispositif et d’autres, est en pointe dans la lutte contre l’épidémie: «La clé réside dans le fait de précéder la Covid et pas de le suivre».
«Gagner cinq à six jours sur la maladie»
Le Contre-Amiral Patrick Augier rappelle: «Nous avons adapté ce dispositif d’analyse des eaux usées fin juin, il permet de gagner cinq à six jours sur la maladie. Il permet également de détecter les personnes asymptomatiques. Puis, nous avons mis en place une technique qui nous permet de découper la ville en une dizaine de secteurs, nous la mettons en œuvre depuis le mois d’août. Et, dès ce vendredi, c’est une quarantaine de points qui seront testés dans la cité phocéenne. Le dispositif permet également de vérifier la situation dans une centaine d’Ehpad du département». Alexandre Lacoste, ingénieur chimiste, responsable chez les marins-pompiers de la cellule Covid-Marseille environnemental testing and expertise indique pour sa part: «Nous pouvons suivre la maladie jusqu’au niveau d’un groupe de maisons et suivre ainsi l’évolution de la maladie au plus près». Et, en moins d’une heure, les résultats arrivent.
Les territoires veulent être le Q.G. opérationnel de la vaccination
Renaud Muselier, pour sa part, évoque également la vaccination: «Les territoires veulent être le Q.G. opérationnel de la vaccination. Soyons prêts à vacciner ceux qui sont déjà convaincus». Il invite à se servir de l’exemple allemand. «L’État fédéral et les Länder se sont déjà mis d’accord sur une stratégie de vaccination. Chacun aura donc son rôle à jouer. L’État Fédéral finance les vaccins tandis que les Länder sont responsables de l’organisation et doivent mettre en place des centres de vaccination». Le président de Région rappelle: «Avec les Départements de France, avec les Maires de France, nous avons proposé au Gouvernement de devenir le Q.G. opérationnel de cette campagne, sur le modèle des Länder adapté à la France. A chaque collectivité sa mission ou sa contribution, avec des stratégies régionales à tous les niveaux. Les Régions sont en mesure, avec les ARS et les Ordres régionaux, de mettre en place les centres de vaccination. Nous avons obtenu du Ministère de la Santé une cellule de suivi régionale avec le Préfet et l’ARS, et nous aurons très prochainement une réunion de travail au Ministère sur ce volet».
«En région Sud, l’épidémie est en chute libre»
Renaud Muselier profitait enfin de l’occasion pour faire un point sanitaire à jour (chiffres ARS 1er décembre). En France, seulement 4 000 cas ont été détectés sur la journée de lundi. «En région Sud, l’épidémie est en chute libre : effondrement observable de la circulation du virus, le taux d’incidence est passé de 479 à 134 en 2 semaines. Le taux de positivité est passé de 19,7 % à 10 % en 2 semaines». Un début de décrue en termes d’hospitalisations Covid est observée. 1 100 personnes sont hospitalisées à ce jour, soit 500 de moins qu’il y a 2 semaines. Une baisse des appels au Samu, à SOS Médecins et des entrées à l’IHU est constatée. Une stabilisation de la situation en réanimation est enregistrée, 370 patients Covid sont actuellement en réanimation, soit 150 en moins en 2 semaines. A l’AP-HM, 80 patients sont hospitalisés en réanimation contre plus de 100 la semaine dernière et à Monaco, par exemple pour 40 000 habitants, 600 cas ont été recensés, 3 morts ont été déplorés, au total, depuis le début de la crise.
Michel CAIRE