Publié le 19 janvier 2021 à 11h03 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h34
Au sujet des pertes touristiques liées à la Covid en Corse, il semblerait qu’Atout France se soit montré un peu trop optimiste. De son côté, l’Agence de Tourisme de la Corse avance un manque à gagner deux fois plus important que celui annoncé par le ministère.
Les résultats de la haute saison ne doivent pas être un arbre qui cache la forêt. Le bilan du tourisme sur l’île de beauté est tout simplement catastrophique et préoccupant. Les professionnels sont assez clairs : le chiffre d’affaires s’est écroulé de 50% ! Il n’y a pas de secret, quand en 2019 près de 3 millions de visiteurs étaient au rendez-vous, en 2020, ils étaient deux fois moins. «Une véritable débâcle, quand on sait que le tourisme représente 30% du PIB insulaire (3,3 milliards)». Selon les données de l’Agence de Tourisme de la Corse : «Un mois de confinement se solde par 310 millions d’euros perdus ».
Atout France minimise fortement les pertes du tourisme corse
Une situation bien plus alarmante que celle présentée, il y a peu, par le secrétaire d’État chargé du tourisme. Dans un bilan préliminaire des conséquences de la Covid-19, d’après les synthèses d’Atout France, Jean-Baptiste Lemoyne évoquait un trou dans la caisse du secteur tricolore à hauteur de 60 milliards d’euros de recettes, dont 800 000 millions pour la Corse ! Étrange ? Vous avez dit étrange ? Pour une explication plus rationnelle de ce delta, il faut regarder du côté du mode de calcul. «Le tourisme pèse plus de 30 % du PIB et génère 3 milliards de dépenses par an. La crise de la Covid a, en termes de fréquentation, engendré une perte de flux de près de 50 %, on arrive alors mathématiquement à une perte au niveau du chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros. -Précisons au passage qu’Atout France n’a pas, pour l’heure, indiqué sa méthodologie-», indique l’ATC, dans les colonnes de Corse-Matin. Vous l’aurez compris, le panel des paramètres à prendre en compte en matière de tourisme est large et l’on peut moduler selon ce que l’on souhaite mettre en avant.
Le centre de l’île nettement plus impacté que le littoral
Ce que l’on sait en revanche, c’est que la saison estivale, entre deux pandémies, n’a pas suffi à équilibrer un bilan nettement déficitaire pour de nombreux acteurs. Dans ce panorama, les pros du littoral s’en sont nettement mieux sortis que ceux de l’intérieur. Pour preuve, la baisse de 60% de la fréquentation par rapport à 2019, hormis le GR20 qui fait toujours le bonheur des aficionados de la nature. Mais cette embellie n’aura été que de courte durée puisque dès septembre et le placement de la Corse en zone rouge de circulation du virus, l’état de catastrophe a de nouveau été d’actualité.
Les pertes du tourisme touchent d’autres secteurs économiques
Sur le terrain, la situation sanitaire s’est traduite par une nette baisse du nombre de postes de travail de saisonniers. En effet, on était bien loin des 4 100 emplois créés habituellement. Les pertes sont abyssales pour les adhérents de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), à hauteur de 40 et 50 % dans de nombreux cas. D’ailleurs, circonscrire la catastrophe économique au seul secteur du tourisme serait une grave erreur, tant les dommages collatéraux sont importants. Pour inverser la tendance, il s’agira donc d’être astucieux et offensif. C’est exactement la volonté de l’Agence de Tourisme de la Corse qui souhaite valoriser plus que jamais les atouts de son île. Pour cela, l’ATC n’a pas hésité à augmenter conséquemment son budget communication avec une rallonge de 2,3 millions d’euros pour atteindre 6,3 millions. Cela suffira-t-il ?
Fabian FRYDMAN