Publié le 22 janvier 2021 à 10h48 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h34
«Nous devons faire plus, plus vite, déployer des solutions adaptées au cas par cas», déclare Jean-Luc Chauvin, le président de la CCI Aix-Marseille Provence lors de ses vœux à la presse. Dans ce contexte de crise, il appelle à l’union et invite à l’innovation et envoie un message d’espoir: «Chaque entreprise sauvée aura des longueurs d’avance dans le monde d’après».
Jean-Luc Chauvin, lors de la présentation de ses vœux à la presse, n’a pas manqué de rappeler les nombreuses actions menées en 2020 pour sauver les entreprises. Mais, insiste-t-il, «s’en contenter serait irresponsable. Nous avons un devoir de lucidité, malgré les efforts sans précédent du Gouvernement on doit faire plus pour les entreprises du territoire.» Il ne cache pas son inquiétude: «Les entreprises fragilisées ont bénéficié d’aides qui leur ont donné une bouffée d’oxygène, leur a permis de survivre. Mais, si rien n’est fait quatre commerces ou CHR (cafés, hôtels, restaurants NDLR) sur dix nous disent qu’ils pourraient arrêter au plus tard au 30 juin». Considère que la fin des aides pourrait entraîner «une véritable déflagration» et parle de «5 600 emplois menacés dans les 1 300 entreprises sous procédure judiciaire.» Alors, pour Jean-Luc Chauvin: «On doit se battre pour obtenir de nouvelles aides». S’il apprécie les propos tenus par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, il considère toutefois: «Il faut surtout que les aides arrivent au plus vite dans les entreprises». Le président de la CCIAMP n’entend pas se focaliser sur les seules entreprises en difficulté:« Il faut aussi soutenir les secteurs qui se portent bien» avant d’inviter «à se réconcilier avec le travail». Et de déplorer qu’«en opposant santé et économie on a provoqué du décrochage scolaire, professionnel, du désespoir. Il vaut mieux apprendre à vivre avec le virus. On a appris à travailler différemment, réorganiser l’espace, appliquer les gestes barrières, faisons confiance, laissons sa place au travail».
«Nous avons vu le moral fluctué entre espoir, détresse et parfois colère»
Karine Guillem, responsable de la cellule urgence de la CCIAMP rappelle «Dès le début de la crise la Chambre s’est mobilisée en mettant en place une cellule d’urgence avec son numéro 0491393479. Et nous avons répondu à plus de 10 000 sollicitations. Et nous avons vu le moral fluctué entre espoir, détresse et parfois colère. Nous avons pu mesurer à quel point une situation subie peut être anxiogène». Nicolas Guyot, élu à la Chambre fait un focus sur le tourisme: «Je suis hôtelier, un secteur qui a connu une perte de 55% de son chiffre d’affaires en 2020 dans les Bouches-du-Rhône. Aujourd’hui nous apprenons à nous réinventer. « Le click and collect » est un facteur de succès pour certains, une zone à explorer pour d’autres. Et la CCI aide énormément à se réinventer».
Événementiel: «70% de nos entreprises ont perdu 70% de leur chiffre d’affaires»
Sylvie Cottin, élue CCIAMP évoque un autre secteur fortement impacté par la crise, l’événementiel. Là encore le constat est sans appel:«70% de nos entreprises ont perdu 70% de leur chiffre d’affaires en 2020. Il faut réinventer le monde de l’événementiel car le modèle d’avant ne se retrouvera pas». Pour Jean-Luc Chauvin: «Les témoignages parlent d’eux-mêmes. Nous resterons fortement mobilisés car les entreprises ont besoin d’être soutenues. Et il ne suffit pas de leur permettre de survivre mais de garder suffisamment de force pour la relance». Dans ce cadre il annonce le lancement prochainement, avec les avocats, les experts-comptables, d’«un guichet unique pour les entreprises en grande difficulté, pour jouer un rôle de Samu, de grands frères, trouver des solutions». Si la vaccination est la solution le président de la CCIAMP s’interroge sur la stratégie: «Il vaudrait mieux vacciner les actifs -nous mettons d’ailleurs à disposition les locaux de la CCI pour un vaccinodrome- et protéger les plus fragiles». Et puis, poursuit-il, «nous demandons à l’État de prendre en charge les personnes atteintes de la Covid dans des hôtels volontaires. C’est mieux que de laisser les personnes seules ou en famille. Il pourrait bénéficier là d’un suivi complet, s’alimenter et même faire du télétravail si son état lui permet». Il préconise encore la mise en place de cellules psychologiques. «Et, là encore, nous sommes disposés à mettre nos locaux à disposition pour aider nos chefs d’entreprise». Il s’adresse aux entreprises en ce qui concerne la médiation crédit: «certaines n’osent pas nous contacter, qu’elles le fassent. Sur les 984 entreprises que nous avons accompagnés notre taux de réussite est de 98%». La crise, sanitaire, sociale, économique est là, Jean-Luc Chauvin affiche sa détermination: «Dans la crise, il y a des dangers mais aussi des opportunités et je crois profondément dans l’état d’esprit rebelle et créatif de ce territoire». Il ne manque pas de rappeler que «la plus grande partie des projets sur lesquels nous nous étions engagés ont vu le jour».
L’importance des projets Archipelago et Afric’agora
Denis Berger, conseiller relations et coopérations décentralisées de la Chambre met en lumière les potentialités à l’international en soulignant l’importance des projets Archipelago et Afric’agora. Le programme Archipelago, financé par l’Union européenne dans le cadre du Fonds Fiduciaire d’Urgence de l’Union européenne pour l’Afrique , vise à soutenir la création d’emplois, à la fois qualitatifs et durables, en Afrique Centrale et de l’Ouest. «Il nous permet de travailler avec la Mauritanie et le grand port maritime de Marseille sur un projet de formation et de sécurisation du port de Nouakchott. Ce dernier est appelé à se développer et disposer de nouvelles compétences du fait de la découverte d’un gisement de gaz en Mauritanie et au Sénégal. Ce dossier est le seul porté par une CCI qui ait été retenu». Concernant Afric’agora: «Il s’agit d’un projet de mandature, la création d’un lieu Totem dans le centre de Marseille qui aurait à la fois une dimension économique, culturelle, conviviale, sociétale portant sur un partenariat avec l’Afrique. Nous travaillons avec Africalink sur ce dossier et nous espérons ouvrir en fin d’année».
Loop: un projet pour relayer Aix-en-Provence et Marseille en 1/4 d’heure
Dans sa volonté de faire de la métropole Aix-Marseille Provence un territoire d’innovations Jean-Luc Chauvin évoque le projet de « Loop », un dossier évoqué dans le cadre des fiches « Tous acteurs »: «La CCIAMP entre dans la structure de préfiguration de Loop Aix-Marseille, un RER métropolitain en site propre équipé de véhicules électriques ou hydrogène relayant les deux villes en 1/4 d’heures. Il s’agirait là d’un mode de transport complémentaire à celui existant et qui serait réalisé sur un financement privé. Nous pourrions être, si nous sommes soutenus par les collectivités pour obtenir rapidement les autorisations, un territoire d’expérimentation d’un projet pouvant concerné 4 000 métropoles dans le monde. Il y a là une opportunité à saisir car d’évidence si le projet ne se réalise pas ici une autre métropole le réalisera».
«On ne peut pas continuer les livraisons dans les mêmes conditions»
Au niveau du transport, Jean-Luc Chauvin estime que la logistique urbaine est un enjeu capital et revient sur une proposition formulée par « Tous acteurs »: «Le tram s’arrête de une heure à cinq heures actuellement, pourquoi ne pas mettre en place des points relais et l’utiliser pendant cette période pour des livraisons. Les points relais pourraient être desservis dans la journée par des vélos-cargo, des voitures électriques… Si nous voulons devenir un territoire vertueux en matière environnementale on ne peut pas continuer les livraisons dans les mêmes conditions». De même il déplore que le partenariat signé voilà 4 ans par Marseille avec la Poste pour la réalisation de deux plateformes pour l’alimentation en mode doux du centre-ville soit toujours au point mort. Et il insiste, encore une fois, sur l’intérêt de réaliser des halles en centre ville, précisant : «Une halle doit être là où les gens habitent, en cœur de ville. Elle doit être un élément de circuit court. Cette proposition fait parler, arrêtons de parler, passons aux actes. A Marseille nous avons proposé un lieu d’expérimentation, la Place du général de Gaulle». Autre projet marseillais mis en avant par Jean-Luc Chauvin, le Frioul: «Nous avons une pépite que nous laissons aux gabians et aux rats. Nous voulons en faire un territoire emblématique, un laboratoire de la ville bioclimatique méditerranéenne. Un projet pour lequel nous pourrions bénéficier de l’aide de l’Europe ».
«Nous devons être écolos et compétitifs»
Philippe Zichert, élu CCIAMP aborde pour sa part le plan France Relance. Il voit là un atout avant d’exhorter: «Dans ce monde de difficultés il faut être uni sur le territoire: villes, métropole, département, région, CCI. Dans cette Chambre tous les secteurs sont représentés ainsi que les inter-pro et les associations de zone. Ensemble réalisons la transition écologique, réalisons la transition industrielle qui fera notre fierté, finançons le réseau vapeur de Piicto. Nous devons être écolos et compétitifs. Nous avons un grand port, nous recevons et livrons des produits, nous devons décarboner nos transports. Le Grand Port travaille beaucoup là-dessus mais quoi de mieux que de travailler ensemble, CCIAMP et collectivités pour s’en sortir car c’est difficile mais on va s’en sortir». Pour Fabrice Alimi, élu CCIAMP :«Si on ne prépare pas la jeunesse on est fichus. Il faut établir entre les besoins de l’entreprise et le futur collaborateur la meilleure passerelle possible». Pour cela, indique-t-il: «La période compliquée que nous traversons nous impose encore plus de faire autrement, de nous adapter». Et de mettre en avant les résultats de l’école pratique: «Nous avons un taux global de réussite aux examens de 88%, un taux de 80% de placements en entreprise et 85% de taux de satisfaction des entreprises.» Et d’annoncer la création d’un campus inter-métiers dans le centre-ville de Marseille prochainement. Jean-Luc Chauvin ne manque pas d’insister sur le fait que la Chambre mène ses actions, son soutien aux entreprises dans un contexte de plus en plus contraint avec Bercy qui a réduit les taxes affectées aux chambres de commerce et d’industrie de 60% en cinq ans. Enfin, à une question sur les élections à la Chambre Jean-Luc Chauvin lance: «Ce n’est pas absolument le problème actuellement, la crise est là, il faut y répondre, c’est le seul objet des élus de la Chambre, nous sommes là pour gouverner et nous le ferons jusqu’au dernier jour de notre mandat. L’heure n’est pas aux ambitions de personnes, elle l’est d’autant moins que nous ne savons même pas quand ces élections auront lieu».
Michel CAIRE