Publié le 27 janvier 2021 à 19h21 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h35
Pour le Paglia Orba, la navette Marseille-Bastia, l’entrée dans la rade corse n’a pas été sans dommages. Le navire de la Corsica Linea a ainsi eu la mauvaise surprise de heurter un haut fond. Il n’en fallait pas plus pour relancer le vieux débat sur l’obsolescence des infrastructures portuaires bastiaises.
Le Paglia Orba de la Corsica Linea, dans le cadre de sa desserte habituelle, avait quitté la cité phocéenne le 24 janvier à 18h45, pour une arrivée prévue le 25, au matin, à Bastia. Les conditions météo défavorables ne lui permettront pas de respecter cet horaire et l’obligeront à attendre au large l’autorisation d’accoster. Elle interviendra peu après 17 heures. «C’est lors de sa manœuvre d’accostage, effectuée sur autorisation de la Capitainerie du Port avec pilote à bord, que le navire a heurté un haut fond. Il est actuellement à quai à Bastia et en sécurité – les passagers ont été débarqués, le fret déchargé », a indiqué la compagnie dans un communiqué. Les investigations menées ont « révélé des dommages à différents endroits du navire, notamment au niveau de la coque et de l’hélice.» Si on ne connait pas encore l’indisponibilité du navire, on parle déjà d’une période pouvant aller jusqu’à 3 mois.
Propriano impacté fortement par l’arrêt de la navette Marseille-Bastia
Cet épisode relance de vieux débats. L’un d’eux est soulevé par « Core in Fronte », le mouvement nationaliste porté par Paul-Félix Benedetti. Il concerne l’activité du port de Propriano, à 70 kilomètres au sud d’Ajaccio. En effet, pour pallier l’avarie, la ligne Bastia-Marseille est, à présent, opérée par le Kallisté, affrété à la Méridionale notamment dans le cadre d’un service public… à Propriano ! Core in Fronte met donc en garde contre les conséquences économiques lourdes de l’arrêt des rotations à partir du 26 janvier pour « les transporteurs, les commerçants et les usagers ». Il insiste sur «une incidence négative sur l’économie de la micro-région dans un contexte déjà difficile». D’autant que le Kallisté doit observer ensuite une révision technique en mars. Autant dire que l’activité de Propriano va grandement pâtir de la situation. De quoi s’interroger pour les acteurs économiques locaux.
A Bastia, ce sont les infrastructures portuaires, devenues obsolètes au regard du trafic maritime et de l’évolution des navires, qui cristallisent une fois encore l’attention. Il y a treize ans, la collectivité de Corse s’était prononcée en faveur de la construction d’un nouveau port à la Carbonite. Depuis, d’autres scénarios ont vu le jour et déchaîné les passions locales en matière d’écologie ou d’économie. Ils font référence à l’éco-port Portu Novu, au doublement du bassin Saint-Nicolas et à l’extension de la digue existante.
Des infrastructures complexes qui handicapent une partie de l’économie corse
De son côté, il faut se rappeler que le port de Bastia a vu le jour en 1900 et a été totalement détruit en 1943. Sa reconstruction s’est prolongée jusqu’au début des années soixante. Il est aujourd’hui, le principal port de Corse, pour le trafic des marchandises comme pour les flux de passagers. En 2019 l’année, avant Covid, 1,4 million de mètres linéaires de fret et 2,1 millions de passagers y ont transité. De ce fait, il est le troisième port français en termes de trafic passagers, derrière Calais, Dunkerque… mais devant Marseille, exception faite des croisières. Pourtant, son exiguïté, son exposition aux forts coups de vent ont incité la plupart des compagnies du secteur à passer au large sans faire escale. Un manque à gagner évident pour un écosystème corse centré autour du tourisme et du transport de marchandises. On comprend pourquoi, il ne faut pas grand-chose pour relancer un débat au cœur de toutes les attentions sur l’Ile de Beauté.
Nathalie Rossi