Publié le 28 janvier 2021 à 22h35 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h35
La Société du canal de Provence (SCP) a réuni à Valensole, le jeudi 14 janvier, une trentaine de propriétaires fonciers du sud du plateau afin de présenter son projet d’aménagement hydraulique et de lancer sa campagne de recensement des besoins en eau. Cette réunion publique a été suivie jeudi 21 janvier d’une journée de permanence en mairie pour échanger sur les cas particuliers et de prendre des rendez-vous pour des visites sur site.
La chambre d’agriculture des Alpes-de-Haute-Provence étant associée à cette démarche Frédéric Esmiol son président a ouvert cette réunion en remerciant tout d’abord les forces économiques qui ont accompagné ce projet. Un projet qu’il juge «indispensable pour l’économie de tout le territoire». Il a également remercié la SCP et a réaffirmé l’intention de «poursuivre le travail déjà débuté ensemble». Pascal Dollet qui pilote cet aménagement a ensuite pris la parole pour présenter la SCP et l’équipe en charge de la gestion de ce projet. Il a rappelé que la SCP était indépendante et qu’elle était un outil au service de la région Sud/Provence-Alpes-Côte d’Azur qui est propriétaire des installations dont elle a la concession. Il a aussi souligné sa mission d’aménageur de la Provence en eau et de sécurisation de cette ressource. Pascal Dollet a également évoqué l’équilibre qui se crée entre la ressource principale en eau qui se situait dans les Alpes-de-Haute-Provence et le sud de la région où se concentre la grande majorité des utilisateurs. Un équilibre qui leur permet de financer des projets comme celui du plateau de Valensole qui est moins rentable car desservant moins de monde.
10 000 ha seront équipés sur le plateau
Il est ensuite entré dans le détail du projet d’aménagement qui répond à «une attente indiscutable des agriculteurs». Il est revenu sur les travaux qui avaient été conduits à la fin des années 1980-début des années 1990 le long du lac de Sainte-Croix qui ont abouti à plus de 3 200 ha équipés. Le projet actuel prévoit l’équipement de plus de 5 000 ha supplémentaires ce qui fera près de 10 000 ha équipés sur le plateau. Un projet d’un coût de 60 millions d’euros bénéficiant de subventions européennes.
Les travaux vont débuter dès cette année avec le renforcement de la ligne de production qui alimente déjà le sud du plateau et se termine dans la station d’eau potable de Valensole. Ce réseau, saturé, ne permet plus de répondre aux demandes.
Dans un deuxième temps une autre zone de plus de 4 000 ha sera aménagée sur la zone dite de Puimoisson et dans un dernier temps celle de Saint-Jurs plus compliquée compte tenu de la topographie des lieux. Ces travaux de renforcement de l’adduction débuteront en septembre avec une mise en service prévue au début de l’année 2022. Le calendrier prévisionnel prévoit une fin de travaux pour l’ensemble du plateau de Valensole en 2028 et en 2029 pour Saint-Jurs.
De nombreuses contraintes réglementaires
Pascal Dollet a bien mis l’accent sur les nombreuses contraintes réglementaires auxquelles ils étaient confrontés comme l’environnement, l’archéologie ou encore le foncier avec les demandes de servitudes, etc. Durant les phases d’enquête deux zones vont être dissociées compte tenu de leur foncier ou de leur topographie il s’agit du vallon de Notre-Dame et de celui du Colostre pour lesquels ils devront faire du sur-mesure. Le plan de financement de l’aménagement comprend 60 % des coûts supportés par la Région et le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), 20 % par la SCP, 10 % par la DLVA et 10 % par les agriculteurs.
Michèle Chauvin en charge des enquêtes d’accueil a pris la parole pour détailler le processus de contractualisation et les différentes étapes par lesquelles les propriétaires et les agriculteurs devront passer pour être raccordés. «L’enquête que nous réalisons actuellement nous permet de faire une photo à l’instant T et de savoir où l’on va, expliquait-elle. Les propriétaires doivent remplir la déclaration de souscription qu’ils doivent renvoyer même s’ils ne sont pas intéressés pour connaître le besoin réel.» Après ils devront remplir un contrat de raccordement qui permettra de confirmer le tracé, le positionnement des bornes et les demandes de débit. Celui-ci confirmera l’engagement contractuel et une participation financière sera demandée en fonction du débit souscrit. Selon la SCP les coûts ont été calculés au plus juste pour une rentabilité rapide.
Des cas concrets pour bien identifier les différentes situations
La parole a ensuite été donnée aux conseillers de la chambre d’agriculture. Martin Feigneux, juriste, a présenté la problématique du foncier et a remis des fiches pratiques aux participants. Ils ont ainsi pu identifier les principales situations qui pourraient se présenter dans le cadre de l’acquisition (forfait de raccordement) des bornes d’irrigation et les points de vigilance à surveiller. Noël Piton, chef de projets gestion de l’eau et irrigation a évoqué plusieurs exemples de cas représentatifs d’équipements pour l’irrigation comme pour le lavandin ou une exploitation d’oliviers ou d’amandiers ou encore une exploitation mixte avec des truffiers. Pour chaque cas il a fait des préconisations de matériel, de pression à la borne et des évaluations des débits nécessaires. Les participants ont pu poser leurs questions, certaines ayant même poussé les organisateurs à proposer d’étudier des changements dans leur modèle pour mieux coller à la réalité du terrain et à la demande.
A.G. pour l’Espace Alpin
[(L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin)]