Publié le 21 mars 2021 à 15h00 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 15h32
La nature recèle de trésors inestimables ! Pour la première fois, une équipe de recherche internationale a cartographié les zones océaniques qui permettraient d’endiguer les effets du changement climatique, de préserver la biodiversité et de favoriser une meilleure productivité des pêcheries. Petit bémol : elles ne sont absolument pas protégées. Initié par 26 scientifiques, dont des chercheurs de l’Université de Montpellier, de l’Ifremer, et la participation du CNRS, ce travail a été en partie financé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), EDF et la fondation Total.
Depuis le 17 mars, cette étude a été rendue publique et propose des alternatives pour s’attaquer à l’un des défis les plus urgents de l’humanité. Ainsi, une protection accrue et bien ciblée serait en capacité de favoriser un meilleur approvisionnement en ressources alimentaires marines, fournir une solution naturelle et peu onéreuse pour lutter contre le changement climatique, et enfin davantage protéger la biodiversité menacée.
Ces zones sont en mesure de sauvegarder plus de 80 % des habitats d’espèces marines menacées et d’augmenter les captures annuelles de plus de huit millions de tonnes, par rapport aux débarquements mondiaux actuels. Parallèlement, les scientifiques ont mesuré les méfaits du chalutage sur l’océan. En effet, cette pratique de pêche très répandue rejette des centaines de millions de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère chaque année. Pour un ordre d’idée, cela représente le volume émis par le trafic aérien mondial.
La vie océanique en déclin dans le monde entier en raison de la surpêche
Pour le Dr Enric Sala, explorateur au sein de la National Geographic Society et auteur principal de la publication, il est important d’agir vite et que tout le monde prenne conscience du risque environnemental : «La vie océanique est en déclin dans le monde entier en raison de la surpêche, de la destruction des habitats et du changement climatique. Pourtant, seulement 7 % de l’océan mondial est actuellement protégé. Dans cette étude, nous avons mis au point une nouvelle méthode pour identifier les zones qui, si elles sont fortement protégées, engendreraient une meilleure production alimentaire tout en préservant la vie marine et en réduisant les émissions de CO2. Il est clair que l’humanité et l’économie bénéficieront d’un océan plus sain. Nous pouvons concrétiser ces avantages rapidement si les pays travaillent ensemble pour protéger au moins 30 % de l’océan mondial d’ici 2030. »
Pour identifier ces zones prioritaires, les scientifiques se sont notamment focalisés sur les aires marines non protégées et y ont mesuré le degré d’impact des activités humaines. Puis, ils ont estimé le niveau d’impact positif qui pourrait découler de leur protection. Ils ont ensuite mis au point un algorithme permettant d’identifier les zones où des mesures de protection seraient les plus avantageuses pour générer des bénéfices multiples : protéger la biodiversité, augmenter la production de ressources alimentaires marines et diminuer les émissions de gaz à effet de serre… Ces secteurs sont donc identifiables sur des cartes globales qui permettront aux différents gouvernements de définir clairement leurs actions de protection de la nature.
Protéger 30 % des terres et des océans de la planète d’ici 2030
Bien qu’avec ces outils, on puisse y voir plus clair, la mission reste ardue. En effet, il faut qu’au moins 30 % des océans soient protégés pour bénéficier de tous les avantages d’une telle action. Heureusement, la quinzième conférence des Nations Unies sur la convention sur la diversité biologique aura lieu à Kunming (Chine) à la fin de l’année 2021. Ce sera le rendez-vous idéal pour définir les contours du « 30×30 », soit protéger 30 % des terres et des océans de la planète d’ici 2030. «Les solutions présentant de multiples avantages sont attrayantes tant pour les citoyens que pour les dirigeants. Notre approche pionnière leur permet d’identifier les zones à protéger afin de faire face aux enjeux majeurs de l’humanité : la sécurité alimentaire, le changement climatique et la perte de biodiversité », conclut le Dr. Sala.
Mathieu Seller