Publié le 27 mars 2021 à 18h26 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 15h45
Le crabe bleu se trouve à son aise dans les eaux saumâtres de l’étang de Biguglia, dans la portion Nord-Est de l’île. Si bien que ses effectifs ont connu une progression spectaculaire durant l’année écoulée. Un phénomène qui inquiète grandement les autorités.
La traque au crabe bleu s’intensifie, tandis que l’Office de l’environnement de la Corse (OEC) sonne la mobilisation, ou plutôt «lance un appel à tous les acteurs susceptibles d’observer ou de prélever des représentants de cette espèce». Leurs prospections de terrain viendront ensuite alimenter « Alien », le réseau de surveillance d’espèces marines exotiques en Corse. Ainsi sera effectué un diagnostic régional duquel découleront des mesures destinées a prévenir le risque de prolifération de l’espèce.
L’étang de Biguglia, un lieu de villégiature privilégié
A l’évidence le crabe bleu, callinectes sapidus pour les scientifiques, se complaît le long des golfes clairs insulaires. Et, c’est sur la façade Nord-Est, du côté de l’étang de Biguglia, entre eau douce, eau salée et parcs à huîtres, qu’il aurait jeté son dévolu. Un environnement en parfaite adéquation avec son milieu de vie. «Le crabe bleu supporte de grandes variations de salinité et de température. Son aire de répartition est par conséquent très vaste, allant de l’eau douce au milieu marin jusqu’à 35 mètres de profondeur. Il s’agit d’un prédateur vorace qui consomme de nombreux coquillages », indique-t-on depuis l’Office de l’environnement.
Un réel problème pour les pêcheurs
Le crustacé ajoute volontiers quelques poissons à son menu. Du coup, sur l’étang, c’est dans les filets des pêcheurs qu’il met ses pinces pour faire « un massacre », selon les termes des professionnels. Les juvéniles figurent d’autres proies très prisées. Ce qui entraîne une baisse des stocks de poissons. D’autant plus que les effectifs de crabes enregistrent une croissance spectaculaire désormais. «Elle est intervenue entre 2019 et 2020. Dans la période comprise entre 2014 et 2018, en revanche, le nombre de crabes bleus était stable. Toutefois, l’aire de déplacement de l’animal avait tendance à s’étendre», notent les agents de l’office de l’environnement.
Six millions d’œufs par accouplement
Le crabe gagne du terrain ! Et pour cause : «La fécondité de cette espèce est élevée, l’équivalent de 2 à 6 millions d’œufs par accouplement.» Pour l’Office de l’environnement, l’enjeu est «de maîtriser la prolifération de celle-ci avant qu’elle ne provoque trop de dégâts». Le crabe bleu, très apprécié sur les tables aux États-Unis, peut atteindre 23 cm de large, possède 8 pattes aux teintes bleutées et 2 pinces fortes. Ces dernières sont bleues chez les mâles et rouges chez les femelles. Avant de finir dans l’assiette des gourmets, il entre, dans la nature, en compétition avec d’autres espèces de crabes. Il sait aussi se montrer endurant et peut parcourir jusqu’à 15 km par jour. Ce qui en fait un adversaire redoutable, même pour les pêcheurs !
Nathalie ROSSI