Publié le 11 avril 2021 à 10h48 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h28
Cette nuit, l’Assemblée nationale a voté, en première lecture, la suppression de certaines lignes aériennes intérieures, en cas d’alternatives en train de moins de 2h30. Pour les députés, le débat a été houleux, les divergences légion, jusque dans les rangs de la majorité.
Cette mesure emblématique du projet de loi climat vise notamment à supprimer des liaisons entre Paris et Nantes, Lyon ou Bordeaux mais prévoit des exceptions pour les trajets en correspondance. La Convention citoyenne pour le climat avait réclamé de renoncer aux lignes intérieures en cas d’alternatives de moins de 4heures en train, et non 2h30.
Le vote a donc parlé avec 56 voix pour et 14 voix contre sur 70 suffrages exprimés ! A bien y regarder, on se dit surtout que ce projet de loi confirme celui déjà existant qui avait forcé Air France, en mai 2020, à renoncer aux liaisons en question Notamment en l’échange d’un soutien financier. Avec cette étape supplémentaire se sont surtout les autres compagnies qui ne pourront pas profiter de la brèche ouverte.
Une grogne sans couleur politique
Fait rare, cette mesure a également fait, contre elle, l’unanimité chez des parlementaires de différents bords. On notera, la vigueur de la protestation des élus du Sud-Ouest, territoire historique d’Airbus, à Toulouse, et de nombre de ses sous-traitants. Pas étonnant que le risque des pertes d’emplois ait été immédiatement mis en avant par les principaux intéressés qui voient là une mesure de « décroissance » et de « chômage ». Même son de cloche chez les LR où l’on estime que cette décision est un coup d’épée dans une filière d’exception de l’industrie française. De son côté, le ministre Jean-Baptiste Djebbari a voulu désenflammer les débats en mettant en avant «la complémentarité des modes de transports» en France.
Paris-Nice, Paris-Toulouse et Paris-Marseille dans l’œil du cyclone
Pas étonnant, non plus, que les écologistes regrettent une « mesurette » un peu trop timide et demandent un retour à la proposition initiale de la Convention citoyenne pour le climat, avec le seuil de 4 heures. Certains comme la députée Danièle Obono (LFI) n’hésitent pas à exiger une interdiction des vols intérieurs en cas d’alternative en train allant jusqu’à 4 heures. Directement visées, les lignes Paris-Nice, Paris-Toulouse et Paris-Marseille !
D’ailleurs concernant ces dernières, un décret devra préciser la mesure et les autres lignes susceptibles d’être concernées, comme Paris-Rennes ou Lyon-Marseille. Autre point abordé : la compensation carbone graduelle des vols intérieurs et l’interdiction de l’agrandissement des installations aéroportuaires par expropriation, si elles entraînent une hausse des émissions. La chasse aux lignes aériennes est donc officiellement ouverte.
Mathieu SELLER