Publié le 12 avril 2021 à 21h06 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 15h51
Clap de fin du Festival de Pâques 2021 avec la carte blanche donnée à Renaud Capuçon. Ce ne sont pas moins de sept violonistes, cinq altistes, cinq violoncellistes, et un pianiste qui se sont retrouvés ou se sont croisés sur la scène du Grand théâtre de Provence (GTP). Pour un concert en trois moments avec entracte et surtout une énergie joyeuse déployée tout au long de la soirée.
Quel plateau ! Que de talents ! Que du grand, de l’élégant et du beau son. Saluons d’abord une performance intellectuelle avec les deux premiers morceaux à savoir l’Octuor à cordes en mi bémol majeur de Mendelssohn (1809-1847), une œuvre de jeunesse, d’adolescence même, écrite en 1825, à seize ans. Profondément mûr, cet octuor rayonne de passion et de fougue. Il sera suivi par l’Octuor à cordes de Max Bruch (1838-1920), composé l’année de la mort du compositeur à quatre-vingt-deux ans. Renaud Capuçon dirige les jeunes artistes qui l’entourent avec énergie, bienveillance. Fanny Robillard, Raphaëlle Moreau, David Petrlik, aux violons, Adrien La Marca, Béatrice Muthelet, aux altos, Aurélien Pascal et Justine Metral aux violoncelles laissent entendre tout le génie de Mendelssohn qui signa cet octuor incroyable de fragrances. Autour de Renaud Capuçon pour l’octuor de Max Bruch, qui résonne comme un hommage au romantisme allemand, ainsi qu’à Mendelssohn, Eva Zavaro, Guillaume Chilemme, Thomas Lefort aux violons, Violaine Despeyroux, Gabrielle Lafait aux altos, Yan Levionnois et Caroline Sypniewsky aux violoncelles qui jouent là encore dans un souci d’unité. On retiendra l’adagio du second des trois mouvements (l’octuor de Mendelssohn en compte quatre), d’une beauté à couper le souffle. Humilité, intérêt porté au groupe et aux partitions, pas de maillon faible, ce fut absolument exceptionnel d’un bout à l’autre.
Un Brahms éclatant et le piano étincelant de Lahav Shani
Changement de décor après l’entracte mais pas d’état d’esprit. Renaud Capuçon proposait le Quatuor pour piano et cordes N°1 de Brahms (1833-1897), et retrouvait sur scène ses complices Edgar Moreau au violoncelle, Gérard Caussé et au piano un Lahav Shani en état de grâce. Beauté sonore, avec le remarquable Andante con moto du 3e mouvement, ce fut là encore un moment qui semblait hors du temps, comme suspendu et inoubliable. Une carte blanche comme un Arc-en ciel.
Jean-Rémi BARLAND