Publié le 19 avril 2021 à 19h35 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h47
Soyons fiers d’être Marseillais ! Fiers des 2 620 ans d’histoire de Marseille et de la Provence, un phare en Méditerranée et au-delà pour diffuser des savoir-faire qui font, aujourd’hui, encore le prestige de notre pays. Fiers de ce Marseille, hub des idées avec la philosophie à l’époque grecque, hub commercial avec l’essor des échanges maritimes au XVIIIe siècle … aujourd’hui hub numérique grâce à un réseau de câbles sous-marins de tout premier plan. Fiers de ce Marseille dont l’ADN rebelle synonyme d’Innovation, lui a permis de surmonter nombre de crises et se réinventer sans cesse.
Revendiquons cet héritage. Inspirons-nous de cette audace culturelle pour oser et offrir aux jeunes de ce temps un horizon ambitieux et la possibilité de s’épanouir et d’entreprendre ici.
L’actuelle pandémie historique nous ouvre une nouvelle chance dans la compétition économique internationale si nous savons, à nouveau, conjuguer nos valeurs de solidarité avec nos talents d’innovation et la force de nos atouts. Si nous savons jouer collectif pour faire d’Aix-Marseille-Provence et de ses entreprises une chance pour la France et pour l’Europe.
Encore faut-il accepter les évolutions culturelles qui traversent la société à tous les niveaux, prendre en compte les préoccupations sanitaires et environnementales, comme les contraintes financières des acteurs publics. Encore faut-il entendre que la génération des Millenials diplômés ne veut pas subir mais choisir, qu’elle accorde au moins autant d’importance à son environnement de vie et de travail qu’à son job lui-même. Encore faut-il intégrer que sous l’effet des réglementations ou de la course à l’innovation, le devenir de l’entreprise est viscéralement lié aux perspectives du territoire et à son ancrage à celui-ci.
Soyons fiers d’être métropolitains !
Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie métropolitaine Aix-Marseille-Provence, Président de l’Association des CCI métropolitaines de France, je suis convaincu de l’importance de l’échelon territorial pour créer de la valeur et relever nos niveaux de performance. Toutes les études montrent que les « territoires-métropoles » génèrent à eux seuls plus de la moitié du PIB français (51%), rassemblent 43% de l’emploi et déposent 70% des demandes de brevets, alors qu’ils ne concentrent « que » 39% de la population !
Les territoires métropolitains qui tirent au mieux leur épingle du jeu sont ceux qui savent construire localement un haut niveau de synergies, d’alliances, d’interactions. Un tissu collectif à l’ancrage fort, capable de booster l’innovation et les transferts technologiques. Cette dynamique doit pouvoir également s’appuyer sur une intervention incitatrice et facilitatrice à l’instar de « Territoires d’industrie ». Pour être encore plus efficace, ce type de dispositif doit être animé localement par un binôme élus-entrepreneurs, qui va construire le plan d’action et rédiger le protocole d’engagement. Avec l’effet positif de fédérer les acteurs et de mettre en lumière les ressources du territoire.
Aix-Marseille-Provence est l’incarnation même de ces territoires porteurs de sens et d’avantages concurrentiels qui peuvent faire gagner la France. Et d’abord d’une position géostratégique privilégiée, trait d’union entre deux continents, qui fait d’une proximité géographique une « proximité business » organisée. Gardons à l’esprit que l’Afrique est le continent qui tirera la croissance au 21ème siècle. Gardons à l’esprit les formidables atouts que constituent nos modèles multiculturels et multi-cultuels, et notre tradition d’accueil de ville port … Il faut en avoir conscience et saisir cette chance, collectivement.
Comment la France pourrait-elle se priver d’Aix-Marseille Provence dans le renouvellement d’un partenariat nouveau avec l’Afrique : C’est en se fondant sur cette conviction que la CCI Aix-Marseille-Provence a mis en place le réseau Africalink et créée aujourd’hui Afric’Agora, Totem de l’influence économique et des relations business de la France en Méditerranée et en Afrique, espace-pivot pour stimuler l’entrepreneuriat euro-africain.
Nous pouvons compter sur nombre d’infrastructures différenciantes comme le Port et l’Aéroport, et notamment les câbles sous-marins, or noir du XXIe siècle, vecteurs déterminants de la compétitivité mondiale. Nous devons accentuer désormais nos efforts pour y greffer des activités génératrices de retombées économiques comme l’exploitation de la Data et la formation aux métiers dédiés par exemple.
La Covid-19 a révélé que, contrairement à la plupart des pays européens, la France n’a pas un seul hub de communication, mais deux : Paris et Marseille. Le second plus que le premier, avec des temps de réaction pour se connecter avec l’Australie, l’Asie, la côte Ouest des États-Unis, ou la côte Est … meilleurs que Londres ou Amsterdam par exemple. Avec l’arrivée d’un quinzième câble depuis la Chine courant 2021, et sans doute prochainement un autre depuis le Brésil via le Portugal, Aix-Marseille-Provence grimpera à la 5e place des métropoles mondiales les plus connectées. L’enjeu est phénoménal.
Nous pouvons compter sur des filières gagnantes dans le monde de demain. Et d’abord les énergies décarbonées. Le projet Iter, l’une des plus grandes aventures scientifiques, technologiques et industrielles de l’histoire de l’humanité, se construit ici, sur le site de Saint-Paul-lez-Durance/Cadarache. Ce programme de recherche qui associe 7 partenaires des 4 coins du monde, ouvre la voie à l’exploitation industrielle de la fusion de l’hydrogène, une source d’énergie décarbonée potentiellement inépuisable.
Nous pouvons compter ici sur un « salaire territorial » plus élevé qu’ailleurs, favorable à l’accueil de jeunes talents, qu’ils soient salariés, entrepreneurs, porteurs de projets, accélérateurs de start-ups. Je veux parler de notre climat, de notre environnement, de notre multiculturalisme, voire d’un état d’esprit parfois transgressif, si utile pour ouvrir de nouvelles portes.
Beaucoup de chemin reste certes à parcourir. Notre territoire doit encore progresser pour exploiter pleinement tous ses atouts. D’autant plus que les métropoles, et la nôtre en particulier, sont confrontées à des tensions marquées en termes de contrastes sociaux, de défis climatiques ou de rareté des ressources.
Il nous faut d’abord atteindre sans tarder les standards d’une métropole-monde.
En offrant ainsi les perspectives d’un parcours scolaire international complet, de la maternelle à la terminale et à l’université.
En conciliant les ambitions d’une métropole monde avec la nécessité de la ville du quart d’heure.
En proposant aussi des transports adaptés aux besoins des actifs et des entreprises, des jeunes et des habitants – fret et passagers -, et surtout en phase avec les usages de la ville de demain. Que ce soit dans les airs, sur terre ou sur mer, ils devront garantir une fluidité des échanges entre acteurs économiques, actifs, idées, services. En reliant de manière innovante les principaux points du territoire, ils seront les gages de notre modernité.
En structurant une place financière seule capable d’accélérer la croissance des projets avec des porteurs internationaux. Et en garantissant une exemplarité environnementale, vitrine de la transition écologique et d’un respect du bioclimat méditerranéen.
Je nous invite collectivement, élus politiques, chefs d’entreprises, acteurs complémentaires de notre économie et de notre développement collectif, à dépasser la logique de rattrapage. A être résolument audacieux et inventifs pour faire émerger ici et maintenant les réponses aux usages de demain, en termes de mobilité, d’éducation, de tourisme et de loisirs, de services du quotidien. Qui permet d’insuffler un esprit Lab à tous les niveaux, de tester grandeur nature des solutions avant-gardistes, d’accélérer notre transformation … par des « sauts quantiques ». C’est à cette condition que nous retrouverons ces temps d’avance qui font notre histoire et assurent des avantages concurrentiels dans la compétition mondiale.
Sans attendre, mettons le Cap sur la modernité, mettons le Cap sur les JO 2024 et sur le formidable projecteur qu’ils vont mettre sur Aix Marseille Provence. Sachons l’utiliser sans modération.