Publié le 26 avril 2021 à 12h32 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 15h54
Lieu culte de l’industrie cinématographique, les Studios de La Victorine connaissent une seconde jeunesse. Sous l’impulsion de la ville de Nice, cet emblème du septième art français est redevenu un fleuron de l’économie azuréenne. Maryam Rousta Giroud, directrice des studios, analyse la stratégie de développement qui leur a permis de revenir sur le devant de la scène.
Comment se portent les Studios de la Victorine ?
Maryam Rousta Giroud: La reprise par la ville de Nice a représenté un véritable renouveau, au travers de la volonté de Christian Estrosi de les inscrire dans le plan local d’urbanisation. De nombreuses personnalités ont soutenu ce projet, notamment Costa-Gavras qui reste très impliqué à ce jour, siégeant au comité de La Victorine.
Est-ce que les choses ont beaucoup évolué avec ce nouvel essor?
La stratégie de développement s’est rapidement appuyée sur trois pôles : les tournages, la formation et l’accueil des entreprises. Une fois ce plan clairement défini, les équipes se sont mises en ordre de marche. Aujourd’hui, nous en sommes à la phase de concrétisation et nous sommes en mesure de percevoir l’ensemble du travail qui a été effectué, en amont, pour nous permettre de nous appuyer sur des bases solides. Nous sommes entourés de nombreuses personnes qui sont bienveillantes et engagées, à l’instar de Henry-Jean Servat et les équipes de la direction générale de la culture de la ville de Nice.
Des conditions de travail exceptionnelles
Des investissements conséquents ont-ils été effectués dans ce sens ?
Près d’un million et demi ont été opérés dans la rénovation des infrastructures. Le plan de financement a d’abord été pensé pour permettre d’accroître le nombre de mètres carrés utilisables, de bénéficier de nouveaux équipements de dernière génération… En somme améliorer les conditions de travail, qui sont à ce jour exceptionnelles.
Peut-on dire qu’aujourd’hui les studios sont devenus un acteur économique niçois
Sans aucun doute ! La Victorine est un élément d’attractivité de notre territoire, un lieu d’activité, mais également un pôle de formation reconnu qui ne cesse de grandir et de proposer de nouvelles choses.
La Victorine, un atout pour l’économie française
Avez-vous mesuré votre impact au niveau de l’économie de la Métropole ?
Des études montrent que pour un tournage, un euro investit par la collectivité engendre 7,6 euros de retombées directes ou indirectes. De même, pour une série, nous sommes sur les bases de 18 euros dans l’hôtellerie, la restauration… Notre activité est accompagnée par les fonds de soutien du département et de la région. En agissant ainsi, les institutions savent que nous allons réinvestir dans l’économie locale. D’ailleurs, dans le cadre de ces financements publics, nous sommes dans l’obligation d’apporter la preuve des dépenses engendrées sur le territoire. Au vue de ces chiffres, il semble clair que notre activité est lucrative. A tel point qu’Atout France fait la promotion de nos studios à travers le monde et nous présente comme un atout pour l’Hexagone.
Dans le Sud de la France, il y a également les Studios de Martigues. Êtes-vous en concurrence ?
Je parlerais plus d’une parfaite complémentarité. La Victorine est une institution centenaire sur la Côte d’Azur, nos homologues sont de jeunes studios qui proposent une offre différente. Cette pluralité est une force pour le Sud de la France, qui a vocation à devenir une zone leader de l’industrie cinématographique. Des réalisateurs m’ont avoué que certains scénarios évoluent parfois en fonction du choix du lieu de tournage, de l’ambiance qui doit régner dans l’œuvre. On n’écrit pas le même genre d’histoire quand on est à Nice ou Marseille.
Un magnifique trait d’union entre l’histoire de notre art et le cinéma de demain
Les confinements successifs ont-ils fragilisé votre santé financière ?
Pour 2021, nous avons de la chance, car le plan de charge est déjà quasiment complet. Dès lors que l’on applique le protocole sanitaire strict, les productions n’ont aucune raison de ne pas venir tourner. En 2019 et en 2020, l’activité était un peu plus tendue et nous avions moins de recul sur les protocoles à mettre en place. Aujourd’hui, malheureusement, nous sommes rodés.
Quels sont les défis qui attendent La Victorine dans les années à venir ?
Nous voulons maintenant accélérer l’axe de formation, notamment avec les choses que nous mettons en place avec l’École des lumières, l’université de Nice et d’autres établissements. Un accord a été récemment passé pour proposer des stages en formation continue au sein de la Victorine. Les étudiants seront plongés au cœur de leur futur métier et apprendront d’autant plus vite. Tout cela est un magnifique trait d’union entre l’histoire de notre art et le cinéma de demain. Nos studios ont vocation à accueillir cette réflexion permanente, ils doivent être de véritables laboratoires.
Propos recueillis par Mathieu SELLER