Publié le 3 mai 2021 à 7h05 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 17h56
Créé en 2017 Emerging Valley est le sommet international qui attire, en Provence, les investisseurs, les start-up et les écosystèmes numériques africains souhaitant renforcer leur attractivité à l’International, développer leurs relations business et accélérer leur impact à l’échelle globale. La quatrième édition, qui s’est tenue début avril en 100% digital, s’est imposée comme une passerelle incontournable, entre la tech africaine et européenne. Ce rendez-vous permet de découvrir de nouveaux talents, des vecteurs essentiels de l’innovation, d’explorer et d’investir dans les solutions digitales de demain en se connectant avec les champions de la tech africaine. Didier Parakian vice-président LR de la Métropole Aix-Marseille-Provence, délégué aux relations internationales est un acteur et un spectateur privilégié de ces échanges. Il livre son bilan d’un événement qui permet de co-construire des stratégies de passage entre l’Afrique et l’Europe et plus loin d’un écosystème essentiel dans le cadre des relations entre les continents.
Destimed: Quelles perspectives envisagez-vous après un tel sommet 2021, qui s’inscrit désormais comme le rendez-vous de référence entre l’Afrique et l’Europe ?
Didier Parakian : Je souhaite tout d’abord rappeler que la Métropole Aix-Marseille-Provence accompagne Emerging Valley depuis sa création. Ce soutien s’inscrit dans l’ambition de faire d’Aix-Marseille-Provence, une « capitale » de l’Euro-Méditerranée. C’est d’ailleurs l’un des trois axes stratégiques de l’agenda du développement économique adopté par la Métropole. Plus globalement, tout cela s’inscrit dans la volonté d’imposer notre territoire en tant que hub Europe/Afrique. Cet axe Europe-Afrique est différenciant dans notre positionnement international.
Peut-on parler de réussite pour cette quatrième édition qui s’est tenue dans des conditions spécifiques ?
Malgré la crise sanitaire, je me réjouis du succès remarquable d’Emerging Valley, qui a su s’adapter en renouvelant son modèle dans un format digital. Les chiffres l’attestent : plus de 2 300 participants, 200 intervenants et 160 start-up, issus de 72 pays… Il faut saluer l’implication de Samir Abdelkrim et de son équipe.
Un rôle de pivot entre la France, l’Europe et l’Afrique
Quel rôle peut jouer Emerging Valley dans les relations Europe/Afrique ?
Nous souhaitons capitaliser la réussite de ce rendez-vous pour renforcer encore, dans un jeu collectif du territoire, le rôle de pivot de la France et de l’Europe en Afrique. Plus localement, des leaders économiques régionaux sont d’ailleurs engagés de longue date sur le terrain africain, que ce soient les PME du réseau Africalink, initié par la CCI Aix-Marseille-Provence avec le soutien de la Métropole, les initiatives de la Région Sud ou des grands groupes comme CMA CGM ou Veolia.
Il existe une réelle collaboration entre la Métropole et le continent africain. Quels sont les axes de développement ?
Nous devons valoriser encore plus les liens privilégiés dont bénéficie notre écosystème métropolitain avec l’Afrique pour inciter les entreprises africaines, en plein développement, à venir chez nous. Dans le même temps, il faut inciter les entreprises locales à échanger avec l’Afrique, et les entreprises françaises et étrangères qui veulent travailler avec l’Afrique à le faire depuis notre territoire. Nous devons attirer et valoriser tous ces talents.
Augmenter l’attractivité de la Métropole à l’International, notamment l’Afrique
Pouvez-vous nous en dire davantage sur « Provence Africa Connect » ?
C’est une démarche collective qui propose, sous l’impulsion de Martine Vassal, aux acteurs du territoire de s’engager tous ensemble pour mettre en synergie les actions et les services existants, augmenter l’attractivité du territoire à l’international et sa lisibilité dans son positionnement vers l’Afrique, et aider les porteurs de projets liés à l’Afrique (start-up, entreprises…). Cette démarche est complémentaire des actions lancées par la Région Sud, présidée par Renaud Muselier, un de nos principaux partenaires. Ce dernier œuvre tout particulièrement pour accélérer les investissements en Méditerranée, notamment grâce à leur rendez-vous annuel Méditerranée du Futur.
Par sa situation géographique, la Métropole Aix-Marseille-Provence est au cœur des innovations technologiques et des relations économiques entre les deux rives de la Méditerranée. Pouvez-vous citer quelques réalisations concrètes de cette ambition clairement affichée ?
Emerging Valley traite de la question de l’Afrique innovante. On ne mesure pas son importance avec l’explosion des usages numériques. Ce secteur est créateur de richesses et d’emplois, il est au cœur du partenariat économique entre l’Europe et l’Afrique. Ce sont typiquement les sujets que notre Métropole souhaite prioritairement soutenir dans le partenariat avec l’Afrique. Toujours dans l’idée de travailler collectivement sur le thème de la coopération avec l’Afrique et le bassin méditerranéen, la Métropole a engagé une démarche de co-construction d’une feuille de route de son écosystème d’innovation, associant les acteurs d’appui à l’innovation (incubateurs, pépinières, accélérateurs, pôles de compétitivité, technopoles), les start-up, PME et ETI, offreuses de solutions, mais également les collectivités et autres grands donneurs d’ordre, publics comme privés, en recherche de solutions pour répondre à leurs besoins de transition et de transformation. Parmi les axes de travail identifiés, nous avons naturellement retenu la question de la structuration d’une offre de service organisée et lisible, visant à renforcer le territoire en tant que hub entre l’Afrique et l’Europe.
Favoriser l’expérimentation d’innovation euro-africaine
Quel est l’objectif de cette feuille de route ?
Valoriser le potentiel d’innovation d’Aix-Marseille-Provence dirigé vers l’Afrique, attirer les start-up, PME et projets innovants africains, et co-innover avec des territoires cibles en Afrique. Nous avons déjà des résultats puisque plus de 350 start-ups africaines candidatent chaque année aux appels à projets issus du territoire comme Med’Innovant Africa de l’EPA Euroméditerranée, le Social and Inclusive Business Camp de l’Agence Française du Développement, les programmes portés par Anima…
Quel doit être le rôle de la Métropole dans cette action commune ?
Il faut que dans cette démarche globale Europe-Afrique, notre territoire puisse contribuer à favoriser l’expérimentation d’innovation euro-africaine, à soutenir la labellisation de l’innovation, à permettre aux start-up de se développer en Europe et dans le monde, à construire des parcours dédiés en trouvant des solutions d’accompagnement, de financement et de mentorat.
Ce sommet aura permis de rencontrer de nombreux experts et de débattre avec des acteurs du changement dont les interventions ont été riches d’enseignements. Faut-il considérer qu’avec ses potentiels et ses nombreux atouts, l’Afrique influera désormais sur l’avenir du monde ?
Le continent passera en 2050 la barre des 2 milliards d’habitants et il bénéficie d’une population jeune (60 % de la population à moins de 25 ans aujourd’hui !), ouverte aux nouveaux usages, savoir-faire et à l’entrepreneuriat. On le constate aujourd’hui avec l’explosion des usages numériques et l’explosion de start-up qui cherchent à se développer mondialement. L’Afrique va devenir le moteur de la croissance internationale ! Nous aurions torts, avec tous les atouts dont notre territoire bénéficie, avec notre hub numérique, avec nos filières qui répondent particulièrement bien à ces besoins, de ne pas saisir toute la place qui est légitimement la nôtre.
Mathieu SELLER
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