Publié le 3 mai 2021 à 12h02 - Dernière mise à jour le 9 juin 2023 à 22h11
Plus de 110 auditeurs viennent de suivre la réunion, en virtuel, d’Admical -association pour laquelle le mécénat est un levier majeur d’avancées vers une société harmonieuse, solidaire et équitable- lors de laquelle a été présenté le baromètre du mécénat d’entreprise dans la région Sud.
Alors que les besoins des associations explosent en ces temps de crise sanitaire et sociale, quelles sont les dernières évolutions du mécénat en France et Provence-Alpes Côte-d’Azur et plus particulièrement dans les Bouches-du-Rhône ? En quoi le mécénat est-il un outil gagnant-gagnant-gagnant pour l’entreprise, l’association et le territoire ? Comment se lancer dans des actions solidaires sur son territoire lorsque l’on est une TPE ou une PME ? Qui sont ces entreprises engagées localement ? Les questions ne manquaient pas à la réunion organisée par Admical pour présenter le baromètre du mécénat dans la région Sud et les réponses ont été au rendez-vous tout comme des retours d’expérience d’entreprises du territoire et associations qui ont permis de montrer des exemples concrets de mécénat et les bénéfices possibles.
La restitution de l’étude co-construite avec l’ifop dresse un bilan mitigé. En effet, la région Sud compte plus de 5 250 entreprises mécènes, soit 5,5% du mécénat en France, avec des dons moyens de 10 553€ qui ont été multipliés par 4 en 8 ans. Le volume global de dons d’entreprises de la région a atteint ainsi plus de 55,4 millions d’euros en 2018. Il reste cependant un axe d’amélioration pour rejoindre les niveaux de soutiens des entreprises, l’accroissement du nombre d’entreprises s’inscrivant dans cette aventure. On ne compte que 2,7% des entreprises en Provence-Alpes-Côte d’Azur qui se déclarent mécène quand la moyenne nationale est de 4,4%.
Les explications de ce retard ? La région Sud est historiquement et traditionnellement une région paysanne, donc d’entrepreneurs individuels où la famille détenait l’entreprise héritée de génération en génération, pauvre et catholique. La transformation urbaine, industrielle et touristique ne date que de la fin du 19e siècle, avec une explosion démographique au début du 20e siècle. La Région telle que nous la connaissons a une trentaine d’années. Il n’y a donc pas de culture « territoriale ». Le « clan », c’est la famille, et la « charité » se fait dans un lieu de culte dans un cercle intime.
les entreprises s’attendent, pour plus de 72% d’entre-elles, à maintenir leur budget de mécénat
Les choses évoluent très lentement, mais elles sont bien ancrées. De plus, Marseille est la seule ville de la Région où sont domiciliées des grandes entreprises. Le Var et les Alpes-Maritimes sont composés de PME et TPE, réalité encore plus forte dans les Alpes-de-Haute-Provence, les Hautes-Alpes et le Vaucluse, donc peu de puissance de frappe en matière de mécénat. Par ailleurs, la notion fiscale de mécénat est récente dans la région, et il existe nombres initiatives qui ne sont pas répertoriées et pourtant très active de solidarité auprès du tissu associatif. Il reste à souligner que les entreprises s’attendent, pour plus de 72% d’entre-elles, à maintenir leur budget de mécénat. Car cette action leur permet d’incarner les valeurs de leur entreprise, de valoriser leur image et mobiliser leurs collaborateurs au nom de l’intérêt général.
Il est à noter, au niveau national, que la hausse du mécénat constatée ces dernières années se confirme dans le dernier baromètre Admical. Pour autant l’incertitude reste de mise car certaines entreprises pourraient bien être rattrapées par leurs difficultés financières. 87% des mécènes interrogés alertent sur le fait que l’engagement sociétal des entreprises risque d’être ralenti par la crise économique.
Proposer un vrai outil stratégique aux entreprises
Une table-ronde a suivi la présentation du baromètre. Marie-Victoire Abbou, nouvelle déléguée générale d’Admical -après avoir quitté le poste de directrice du mécénat et du développement du Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence – souhaite apporter son expérience terrain au service de la promotion, de la structuration et de la professionnalisation du mécénat. Elle explique: «Renforcer l’action mécénat c’est avant tout parler le même langage que les chefs d’entreprise et proposer un vrai outil stratégique aux entreprises afin d’illustrer leur raison d’être». Pour Cécile Malo, déléguée générale de la Fondation de France (FDF): «Le mécénat a un rôle capital à jouer pour améliorer la vie de nos concitoyens». Et de rappeler: «La FDF détecte et accompagne l’envie d’agir des particuliers et des entreprises mécènes. En tant que partenaires, ils agissent en véritable start-up de l’intérêt général à développer en parallèle avec les politiques publiques».
«La crise a fait surgir un élan de solidarité»
Cécile Malo met en exergue: «La crise a fait surgir un élan de solidarité : 220 entreprises ont sollicité la FDF, avec un focus particulier pour la Fondation de Marseille qui a levé 200 000€ pour les personnes en précarité». Il faut déconstruire le schéma de notre région dite « pauvre » et changer le regard sur le mécénat. Il y a une place pour chaque entreprise., nous avons observé un engouement pour un mécénat plus collectif, avec un fort effet levier, accélérateur social venant renforcer les interventions des pouvoirs publics.
Pour Sabrina Agresti Roubache, élue à la CCI Aix-Marseille Provence: «Chacun à son échelle peut apporter au bien commun. La crise sanitaire a révélé un changement de paradigme de la générosité». Elle précise que la question du mécénat est désormais de plus en plus prégnante à la CCIAMP.
Maxime Marchand fondateur de Mao Boa, plateforme collaborative de l’engagement à impact, évoque les solutions pour faciliter la mobilisation des collaborateurs sur des actions d’intérêt général. Invite les entreprises à choisir les projets et les associations partenaires qui leur correspondent et intégrez les partenaires historiques.
Baptiste Plantade, du Crédit coopératif, signale: Nous créons systématiquement un contact entre nos entreprises engagée RSE et les associations au sens large, à travers les actions de la fondation du crédit coopératif, mais aussi au quotidien pour créer des synergies.
«tout d’abord expliquer les ressorts fiscaux du mécénat»
Pour Stéphane Trachino, directeur général de l’Imprimerie Rimbaud, soutien historique du festival de la Roque-d’Anthéron, il importe «de convaincre l’entreprise en ayant un rôle traducteur, tout d’abord expliquer les ressorts fiscaux du mécénat pour rassurer le chef d’entreprise puis, lui montrer comment orienter son budget vers des actions d’intérêt général qui lui parle le plus».
Catherine GINESTE