Publié le 10 mai 2021 à 8h00 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h47
Le 20 Juin 2021, nous serons appelés aux urnes pour les élections régionales. Le débat actuel n’est malheureusement pas à la hauteur de cet enjeu crucial.
Philippe Zichert ©DR » title= »Philippe Zichert ©DR » class= »caption » align= »center » />
Notre région est sans équivalent en France. Elle est belle, géographiquement diversifiée (villes, littoral, montagnes, forêts, campagnes) et riche. La diversité géographique est une force, mais elle ne doit pas faire oublier l’insuffisante connexion entre les composantes du territoires et particulièrement entre ses centralités et ses bassins de vie et d’activité.
Avec la 7e population (5 Millions d’habitants), notre Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur est la 3e en PIB/Habitant (30 688€). Mais ses départements présentent de réelles différences de typologie des revenus. Dans le Var et dans les départements alpins, la part des retraites dans le revenu est la plus élevée. Pour les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse la distinction se fait par le poids des prestations sociales, pour les Alpes-Maritimes par l’importance des revenus du patrimoine (source Insee 2014). Par conséquent, nous sommes l’une des régions les plus touchées par la pauvreté : selon le même rapport Insee, 17.5% de la population vivait sous son seuil soit 870 000 personnes, le rapport de niveau de vie entre les 10 % les plus aisés et les 10 % les plus modestes était de 3,7. Provence-Alpes-Côte d’Azur apparaît ainsi comme la 2e région la plus marquée par les inégalités après l’Île-de-France.
Les raisons de ces faiblesses sont à la fois historiques et dues à l’absence de réelle stratégie économique nationale concrète depuis le milieu des années 70. A cela s’y ajoute un certain abandon progressif de l’État dans l’appui structurel aux territoires sur les grands projets d’infrastructure. Les villes ont moins de champs de compétences, déléguées aux intercommunalités, les métropoles sont entravées dans leurs actions du fait du mode de scrutin et des équilibres politiques. Selon les partis en place, nous assistons à un jeu d’équilibriste politique entre les deux instances.
La Région est donc devenue le véritable «gouvernement» opérationnel des territoires. En termes d’emploi, de stratégie économique, les Régions depuis la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) ont plus de pouvoir, qu’auparavant. Certes, il n’appartient pas aux pouvoirs publics mais aux entreprises de créer des emplois. Mais c’est aux pouvoirs publics, à nos élus Régionaux d’en créer les conditions favorables.
«Aider, développer, promouvoir» : Ceci pourrait être un bon slogan politique, et il nécessite une explication de fond. Pour définir notre stratégie économique régionale, la loi de 2015 a prévu le dispositif du Schéma régional de développement économique d’innovation et d’internationalisation.
Pour ce faire, il doit s‘appuyer sur la synthèse des compétences territoriales (par département) et avec l’appui des acteurs économiques : autant dire les entreprises via les CCI Territoriales la CCI Régionale (où les branches professionnelles, les interpros sont représentées). Notre dernier « SRDE2I » voté dans l’hémicycle régional en 2017, est basé sur une transformation économique nécessaire vers des activités plus adaptées à notre temps (8 pôles : Opérations d’Intérêts Régional OIR), ils permettent indirectement de se concentrer sur la création d’emploi : permettre aux chômeurs de retrouver un emploi et aux jeunes de s’insérer dans la vie professionnelle.
• Industrie du futur (favoriser la modernisation industrielle)
• Smart Tech : qui regroupe le « Smart City » (Aider les villes ou entreprises utilisant/développant les technologies de l’information et de la communication pour améliorer la qualité des services urbains ou réduire leurs coûts), le « Smart Mountain » (rendre les sports d’hivers les stations plus écologiques, économes en énergies avec l’aide de la technologie) les « smart port » (Construire le port de demain avec l’aide de la technologie pour la gestion des trafics, des approvisionnements, de la fluidité…) et le « Smart Grid » (gestion intelligente de l’approvisionnement en énergie auprès des villes et des entreprises).
• Énergies de demain (développer la transition énergétiques)
• Thérapies innovantes (développement de la R&D dans le domaine de la santé)
• Économie de la mer (logistique maritime, filière réparations, industries nautiques…)
• Tourisme et industries culturelles
• Naturalité (préserver l’espace naturel)
• Silver économie (développement des filières économiques liées à la vieillesse)
Rappelons que la Provence compte des zones plutôt industrielles et logistiques (essentiellement autour du Port de Marseille Fos et de l’aéroport, Arles…), des zones tertiaires (pourtour Aixois), commerciales (plan de campagne), ambidextre (Vallée de l’Huveaune, La Ciotat), Agricoles (d’Arles à Cavaillon) et des parcs naturels un peu partout.
Alors Messieurs et Mesdames les candidats, quel bilan en tirez-vous et pourquoi ? Voilà le débat attendu par le monde économique aujourd’hui. Voilà ce que nous citoyens, artisans de la réussite du territoire, attendons, car cela relève effectivement des compétences de la région. De grâce, ne perdons plus un temps que nous n’avons plus en posture grandiloquentes pour nourrir les appétences nationales de certains.
Or, en ce début du mois de Mai, nous en sommes encore bien loin de ce niveau de débat. Nous avons des questions et nous exigeons des réponses. Comment voyez vous notre région dans 20 ans, nos emplois, l’environnement? Le scrutin régional des 20 et 27 juin prochain est désormais le plus important après les élections nationales, et nous devons ne pas nous laisser voler ce débat nécessaire . Après il sera trop tard, les candidats sans programmes ne devront pas, ne seront pas capable de diriger.
Candidats, Citoyens, ouvrons le débat !
Philippe Zichert est Président de Via Marseille Fos – Président de la Commission des Finances – Membre Élu CCIMP et Paca