Publié le 28 mai 2021 à 13h11 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 18h00
Colette Weizman est la présidente du Conseil régional de l’Ordre des Experts-comptables (Croec) Provence-Alpes-Côte D’azur. Dans un entretien accordé à Destimed, elle dresse un bilan de l’état des entreprises à la suite de cette année de crise. On est loin de la catastrophe que certains ont pu craindre
Destimed: L’heure du déconfinement est arrivé, dans quel état les entreprises sortent de cette crise?
Colette Weizman: Je ne cesse de le dire, je ne crois pas que nous allons connaître une catastrophe. Les entreprises qui tomberont cette année seraient, à mon avis, tombées sans la Covid et j’irais même plus loin, certaines entreprises qui étaient sur le fil vont se sauver grâce à tous les dispositifs mis en place tant par l’État que la Région, la mobilisation des organisations consulaires, patronales, des experts-comptables…
Avez-vous des chiffres pour étayer ce constat ?
Bien sûr. J’ai étudié les chiffres de l’Observatoire national des greffiers, sur une période allant du 1er janvier au 30 avril pour les années 2019, 2020, 2021 et ils sont parlants. Il y a eu 18 072 créations d’entreprises dans notre région en 2019, 13 992 en 2020 et pas moins de 23 542 dont 9 995 commerçants en 2021 pour 4 332 en 2020 et 1 286 dans l’hôtellerie-restauration en 2021, contre 776 en 2020. C’est bien la preuve que les gens n’ont pas peur d’entreprendre. On voit bien que c’est même le cas dans le commerce ou dans l’hôtellerie-restauration. C’est la preuve aussi que cette crise, comme toutes les précédentes, est propice à un développement.
«En 2021 on tombe à 1 065 entreprises en difficulté»
Qu’en est-il du nombre de fermetures ?
3 497 entreprises étaient en difficulté en 2019, toujours sur la période allant du 1er janvier au 30 avril. Elles étaient 2 076 en 2020, dont 894 en liquidation judiciaire, 1 064 en redressement et 118 en sauvegarde. En 2021 on tombe à 1 065 entreprises en difficulté. 657 sont en liquidation, 355 en redressement et 53 en sauvegarde. Si on regarde par secteur, le plus touché est celui de la construction, 263 entreprises en difficulté, le commerce réparation auto-moto, 241 et 144 dans le secteur Hôtels, Cafés, Restaurants. Si nous avons de tels résultats c’est bien parce que les aides ont joué à fond d’une part et d’autre part parce que cette crise a conduit les entreprises à innover: on le voit notamment avec «le click and collect». En fait cette crise a produit un électrochoc positif, a conduit des entreprises à changer leurs pratiques, à prendre conscience que l’économie de demain n’est pas celle d’hier. Et elles ont pu le faire parce qu’elles ont bénéficié d’aides, notamment à la transition. Cela a produit une envie de changer chez les uns, d’entreprendre chez les autres. Et on voit la nouvelle génération, née avec les nouvelles technologies, prendre son envol.
«Aider les contribuables à remplir leurs obligations déclaratives avec Allo Impôts»
Vous évoquez des changements dans les entreprises mais qu’en est-il pour les experts-comptables?
D’abord il y a eu une véritable avancée dans l’utilisation des nouvelles technologies qui a renforcé notre proximité avec nos clients. Les mesures nationales, régionales, ont été nombreuses, l’Ordre a communiqué en permanence en direction de l’ensemble de la profession pour l’informer des évolutions et les experts-comptables ont transmis à leurs clients toutes les informations. Et, nous sommes aussi au service de l’ensemble de nos concitoyens puisque, cette année encore, les professionnels du chiffre se mobilisent dans toute la France pour aider les contribuables à remplir leurs obligations déclaratives avec Allo Impôts.
Nous leur proposons de bénéficier de consultations personnalisées par téléphone, du mardi 25 mai au vendredi 28 mai, de 9h à 18h sans interruption les jours ouvrés. Ils peuvent appeler en toute confidentialité le numéro vert 0800 065 432 mis à disposition par l’Ordre des experts-comptables. En fait quand je regarde ce qui a pu se produire, les mouvements de solidarité qui se sont mis en place, je pense que cette crise peut donner, sur la durée, un supplément d’âme à notre société.
La reprise ne pourra se faire que si la confiance est là et si la population consomme?
Effectivement et il suffit de se promener dans les rues de nos villes pour être rassurés. La volonté de vivre, de consommer, de retrouver sa liberté est là, elle va permettre la relance.
Michel CAIRE