Publié le 7 juin 2021 à 8h15 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h47
Depuis la seconde moitié des années 80, l’Extrême Droite, et spécifiquement, le Front national, développe un discours axé, sur ce qui, de loin, ressemble à de l’Écologie…
Certaines thèses vont jusqu’à détourner les théories d’auteurs reconnus, tel Claude Levi-Strauss ou Hans Jonas, dont les pensées se trouvent réduites aux canons idéologiques portés par la Droite radicale : peur du mélange, hostilité envers l’étranger, rejet de l’uniformisation au profit du différentialisme ethnique.
Les notions de «diversité», ou encore de «nature», subissent, elles aussi, des distorsions importantes. Une «Écologie humaine», devrait, ainsi, fixer les «ethnies » dans une sorte de pureté bio-culturelle. En somme, niant la distinction entre nature et culture, l’extrême droite, allergique à l’assimilation, postule une vision du monde ségrégationniste.
Bien évidement, nous Écologistes, centristes, démocrates et laïques, ne pouvons que dénoncer cette vaste imposture.
L’imposture, par exemple, s’incarne largement dans la campagne électorale du RN en Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Dans un récent tweet, Thierry Mariani , présente sa tête de liste Christian Girard avec les mots suivants : «Conseiller municipal de Manosque, il est enraciné depuis plusieurs générations». La référence à l’enracinement prouve, une fois de plus, combien les atavismes racialistes du RN sont encore vivaces. L’extrême droite classe les citoyens français en fonction de leurs arbres généalogiques. Elle érige ce qui devrait rester du domaine personnel, à savoir, « l’histoire familiale », en catégorie politique. L’objectif est clair: écorner sévèrement l’égalité républicaine.
La référence à l’enracinement, ne nous y trompons pas, concerne avant tout l’écologie. Elle renvoie au principe du Localisme, où souci environnemental et différencialisme ethnique sont intimement mêlés !
Ce « localisme », nous l’affirmons haut et fort, constitue une imposture !
Thierry Mariani, à ce titre, apparaît comme un véritable homme de paille. Sous des dehors « responsable », ses incursions dans le domaine écologique sont invariablement façonnées par le logiciel « localiste ». Faisant mine de valoriser les « circuits courts » le localisme emprisonne l’écologie dans un carcan réactionnaire. Les vieux mythes de l’extrême droite y sont recyclés sans complexe : rejet des sociétés libérales, anti-individualisme, refus du progrès et de la modernité. Un tel programme politique, en réalité, serait catastrophique pour la transition écologique !
Les grands défis de notre temps appellent au contraire à l’innovation et à l’esprit d’ouverture. Comment prendre à bras le corps des problèmes aussi cruciaux que la crise climatique, l’artificialisation des sols, la pollution marine et l’érosion du vivant, sans miser sur l’activité d’une société civile plurielle, ouverte et riche ?
Dans cette perspective, nous désirons, à milles lieux des fantasme du RN, une écologie de la confiance. Confiance dans le tissu économique, qui chaque jours, agit pour des territoires beaucoup plus vert. Confiance dans l’innovation et le progrès. Nous voulons investir massivement dans l’économie circulaire, la troisième révolution industrielle, les nouvelles technologies efficaces et non polluantes !
Des lors, la victoire de Thierry Mariani, en Provence Alpes Côte d’Azur, serait une très mauvaise nouvelle pour l’écologie. Cette défaite, fruit d’un renoncement intellectuel et moral collectif, signerait la fin des projets déjà mis en œuvre par Renaud Muselier. Plantation d’1 million d’arbres, plan escale zéro fumée, plan abeille, accompagnement des entreprises dans un modèle économique favorable à la transition écologique.
En conscience, nous ne laisserons pas l’extrême droite salir nos idéaux. Les écologies localistes et « vert de gris » doivent être dénoncées pour ce qu’elles sont : des impostures racialistes.
Caroline Gora, militante laïque, écologiste et féministe.
Christophe Madrolle. Président de l’UDE