Publié le 10 juin 2021 à 9h00 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 19h14
Depuis la fermeture de la station de monte en 2016 et la retraite du baudet Mara-thon resté à la disposition du Syndicat hippique et mulassier, il n’y a plus qu’un seul baudet reproducteur dans le Pays de Seyne : Xiulet, baudet catalan pleins papiers de 14 ans, la fleur de l’âge, qui mesure 1,50 m et appartient à l’élevage du Khépri de Virginie Cheysser à Montclar.
Un des derniers éleveurs à porter à bout de bras une tradition séculaire dans un pays naguère capitale du mulet, mais où on les compte désormais sur les doigts des deux mains ! Signe des temps Virginie, installée aux Boudoirs depuis un an et demi mais engagée dans la filière depuis une quinzaine d’années après avoir hérité la passion d’un grand-père maréchal-ferrant, ne produit plus de mulet-lourd de travail, animal emblématique du Pays de Seyne.
La saison de monte a repris avec les deux entiers de l’élevage Xiulet et Geronimo : les saillies se feront jusqu’à fin juin. En effet, pour s’adapter à une demande qui émane désormais surtout d’Europe du Nord, elle fait dans le mulet-fin de bât, mais aussi de selle. « La clientèle étrangère, Allemande et Suisse notamment, est prête à payer le prix mais elle est très exigeante, elle veut des produits haut de gamme et livrés clés en main, prêts à être utilisés », révèle-t-elle.
Pour ses dernières ventes, en Angleterre et en Belgique, il a fallu expédier des photos et des vidéos prises sous toutes les coutures avant de conclure.
Une demande qui évolue
Autre débouché, le mulet de sport qui prend à peine en France alors qu’il a un succès démesuré aux États-Unis : il y a deux ans Virginie est allée à Bishop, la « Mecque » américaine du mulet de sport, pour un rassemblement qui l’a impressionnée. Autre demande de cette nouvelle clientèle, la couleur. « J’ai une jument franche-montagne, race suisse qui subit des tests physiques et comportementaux très rigoureux et fournit d’excellents produits, mais pas assez colorés pour la demande, explique-t-elle. J’ai donc ajouté une appaloosa et une irish cob car on me demande des robes crème ou des yeux bleus. Je combine tel baudet avec telle jument pour obtenir le bon résultat, je vais d’ailleurs sans doute acquérir un âne andalou pour produire un mulet de selle encore plus léger et coloré ».
Des stages de découverte et de perfectionnement
En vendant trois à quatre muletons sevrés à dix mois chaque année, et avec les autres activités de l’élevage, Virginie espère pouvoir vivre de son activité. Elle dispose également d’un autre reproducteur, le poney Geronimo de Mackhemont, un pur shetland qui sert également de « souffleur » pour tester la chaleur des juments et pratique lui aussi la monte en main pour les éleveurs qui le souhaitent.
Elle propose aussi des stages de découverte et de perfectionnement mulassier, chez elle ou à domicile pour les propriétaires qui ont besoin de conseils. Enfin, après le Tyrol et la Suisse, Virginie devait organiser le premier rassemblement international mulassier de France en juin à Montclar : d’abord reporté en septembre pour raisons sanitaires, il a finalement été repoussé à l’automne 2022 et accueillera des Américains, Suisses, Autrichiens, Allemands et leurs mules dans le pays de Seyne qui redeviendra, pour quelques jours, la capitale internationale du mulet.
L’Espace Alpin
[(Gilbert Mathieu & Virginie Cheysser, Tél. : 06 66 16 04 94, site Internet : mulionis.fr ou Facebook : Virginie Cheysser.)]
[(L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin)]