Publié le 15 juin 2021 à 15h22 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 19h15
«Santé du végétal » était le thème de l’après-midi technique dispensé par les représentants du Crieppam auprès des lavandiculteurs. Une vingtaine d’entre eux a répondu présent aux ateliers désherbage et cécidomyie organisés sur une lavanderaie témoin. L’occasion pour eux de se tenir informés de la réglementation en vigueur en matière de produits phytosanitaires mais aussi sur l’avancée des recherches concernant la lutte contre le parasite ravageur ainsi que des questions d’actualité autour de ces problématiques.
Avant tout, un technicien a rappelé les principes de base pour qu’un désherbant soit validé par les autorités. Les agriculteurs ont pu constater les résultats des essais menés par le Crieppam sur la parcelle-test. Agissant comme anti-graminées ou anti-dicot au repos végétatif de la plante ou durant sa reprise, certaines molécules ont vu leur AMM menacée de retrait suivant les résultats.
La solution végétale pour une pollution nettement moindre
Naturellement la solution mécanique reste efficace avec le passage du griffoir dans les rangs mais pollue aussi. Bernard, un lavandiculteur concerné, teste le couvert végétal interrangs « semer de l’avoine ou du trèfle permet de limiter la pousse d’herbes envahissantes, sert de barrière végétale contre la cicadelle et le dépérissement, permet aussi de maintenir une température plus basse, préserver l’humidité et ainsi éviter la prolifération des larves ».
Temporaire ou permanent, le couvert lutte aussi contre l’érosion. « Une fois fauché, il est maintenu au sol, constituant un apport organique favorisant le piégeage du carbone et la fertilité du sol » poursuit l’exploitant, qui se tourne progressivement vers des solutions naturelles, « vertueuses » selon lui.
Concernant les insecticides, les résultats sont communiqués pour chaque molécule après des essais contre le coléoptère, la cicadelle ou le lépidoptère. Certains produits sont conservés mais restreints, en ciblant la pulvérisation directement sur le rang et en tenant compte des prévisions de précipitations.
La cécidomyie pose toujours problème
Selon la nature du principe actif, il sera plus profitable avant février et à demi-dosage contrairement à ce qui était connu à ce jour. Concernant la cécidomyie, les agriculteurs sont dans une impasse. Le chlorpyrifos utilisé jusqu’ici a été interdit en 2020 et aucun substitut n’a été trouvé pour l’instant. Des recherches sont en cours mais comme le parasite ne se reproduit qu’une fois dans l’année, « la fenêtre d’action est très courte » explique le technicien. En quête d’auxiliaires « on avait monté tout un programme de recherche des parasitoïdes, informe-t-il, il a été refusé car très chronophage. On avait besoin de beaucoup de moyens pour identifier les populations d’insectes ».
Des études sont menées par des laboratoires privés avec des alternatives telles que l’usage de phéromones pour créer une confusion sexuelle. L’objectif est « de capturer les composés organiques volatiles d’une femelle avant qu’elle s’accouple, poursuit-il. On a trouvé deux molécules qui exercent une tendance mais rien de très significatif. C’est le bouquet d’odeurs qui fera, on espère un effet cumulatif ». Gardant espoir, il ajoute « une molécule qui fonctionne sur la cécidomyie des framboisiers est ajoutée au dispositif expérimental, sans aucune garantie sur celle du lavandin ». Un agriculteur s’inquiétant de l’aspect financier, le technicien lui a répondu : « Des molécules efficaces ont été écartées à cause de leur prix. ». Ainsi, comme l’a dit un participant « en attendant, il faut s’attendre à ce que la cécidomyie se propage énormément d’ici-là ».
Aurélie Mendez pour L’Espace Alpin
[(L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin)]