Publié le 23 juin 2021 à 21h54 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 19h16
Renaud Muselier le président LR sortant de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, candidat à sa succession, vient de présenter un ensemble de mesures pour permettre à la fois au « Rassemblement écologique et social » -qui a fait le choix de se retirer pour faire barrage au RN- de pouvoir faire entendre sa voix au sein de l’hémicycle et, plus largement de revivifier la démocratie avec des actions en direction des jeunes et des corps intermédiaires en entendant renforcer le rôle du Ceser (Conseil économique, social et environnemental régional).
C’est en rendant une nouvelle fois hommage à Jean-Laurent Félizia, tête de liste du Rassemblement écologique et social, qui a fait le choix de se retirer pour faire barrage au RN, que Renaud Muselier a démarré son intervention. «Ce choix répond avec beaucoup de dignité et de hauteur à un enjeu majeur, éviter le pire à notre région, c’est-à-dire la victoire de l’extrême droite». Il avoue mesurer l’ampleur du sacrifice d’autant que «pour la deuxième fois consécutive, les forces de gauche qui s’étaient qualifiées pour le second tour avec 16 % des voix ne seront pas représentées au sein du conseil régional». Il précise avoir promis, dès la déclaration de Jean-Laurent Félizia «de proposer des mécanismes nouveaux qui permettront à ces forces de peser malgré leur absence».
Au-delà, il note: «La participation historiquement faible de dimanche nous montre collectivement à quel point redonner du sens à la démocratie doit être une urgence et une obsession». Il faut ainsi, selon lui répondre avec force à l’enjeu de l’abstention, «tout particulièrement chez les plus jeunes», en «rénovant l’idée que l’on se fait de la participation citoyenne dans notre région». De même, pour Renaud Muselier, «la crise des gilets jaunes a montré l’importance des corps intermédiaires dans notre pays, des représentants des forces vives. Je crois personnellement que ce feu n’est pas éteint, et nous devons y répondre».
«Une usine à gaz qui n’a jamais vraiment fonctionné»
Il en vient à son projet favorisant l’expression du « Rassemblement écologique et social », un dispositif qui tient compte de l’échec de celui construit en 2015 pour répondre à ce même enjeu: «Nous avions, avec Christian Estrosi ,bâti une usine à gaz, qui n’a jamais vraiment fonctionné». Alors, de prendre l’engagement aujourd’hui, auprès des 200 000 électeurs de Jean-Laurent Félizia comme de toutes les forces de gauche : «Si je suis réélu Président de Région dimanche, la mise en place de ce dispositif nouveau sera simple et immédiate, dans la concertation avec tous ceux qui constituaient l’union de la gauche».
Il s’engage donc à construire un comité représentatif du « Rassemblement écologique et social ». «Dès les premiers jours de ce mandat régional, je recevrai les représentants des forces politiques qui constituent le Rassemblement écologique et social porté par Jean-Laurent Félizia. Je m’engage à bâtir avec eux ce comité, dans le cadre d’une concertation claire quant à sa composition, avec quelques principes clairs» Il assure: «On ne recommence pas 2015 avec des règles de pondération par département et par famille politique, ce qui n’a pas fonctionné. On fait du sérieux, de l’efficace pour donner de l’air à la démocratie régionale». Et de présenter son projet: les 9 formations politiques écologistes et de gauches engagées dans ce rassemblement y seront représentées. Ce comité représentatif, qui sera composé d’une vingtaine de membres, pourra se réunir dans l’Hôtel de Région avant chaque assemblée plénière.
«Trois prérogatives principales»
Il y aura trois prérogatives principales. Premièrement: le comité pourra, avant chaque réunion de l’assemblée plénière et avant chaque commission permanente, proposer 2 délibérations du Conseil régional, et 1 vœu ou 1 motion. «Un dispositif inédit au niveau national qui suppose que nous prenions toutes nos responsabilités, si nous sommes vainqueurs le 27 juin. Parce que personne d’autre qu’un élu régional, sur le plan juridique, ne peut déposer de délibération, ni de vœu, ni de motion. Cela signifie que, pour tenir cette parole donnée -et elle sera tenue !- il faudra à chaque plénière que le Président de notre groupe, ou un membre de l’exécutif régional, dépose lui-même la délibération, le vœu ou la motion». Un débat sera systématiquement engagé sur le sujet, et donnera lieu, comme toujours, à un vote, «auquel notre majorité, en cas de victoire, sera évidemment libre de voter pour, contre, ou s’abstenir». Il ajoute: «Fort de mon expérience à Bruxelles où les votes trans-courants n’étaient pas rares je suis persuadé que de tels textes pourront être votés». En ce qui concerne la 2e prérogative: «Chaque début d’année, et en fonction de l’organisation que nous définirons si la victoire est au rendez-vous le 27 juin, un représentant du comité pourra intervenir en Assemblée plénière pour un discours de politique générale». Et enfin, pour 3e prérogative : «Le comité aura toute légitimité à être reçu de façon régulière par le Président de région ou son exécutif, afin d’avancer sur les dossiers et maintenir un dialogue républicain permanent».
l’absence de participation de près de 90 % des 18-24 ans
Renaud Muselier en vient à l’absence de participation -de près de 90 % des 18-24 ans- «qui pose une énorme question pour l’avenir de notre démocratie». Pour lutter contre ce phénomène il entend s’appuyer sur le parlement régional de la jeunesse. «C’est un vrai laboratoire démocratique». Il annonce qu’il confiera à la prochaine mandature de ce Parlement régional de la jeunesse «une mission cruciale et urgente : bâtir, par le biais de notre site Internet, des réseaux sociaux, et par tous les moyens possibles, une nouvelle formule de participation citoyenne ouverte à tous». Elle devra répondre à trois enjeux: offrir un espace de participation, en lien avec le budget participatif citoyen de 3 millions d’euros «que nous engagerons dès 2022, conformément à notre programme»; sensibiliser les 18-24 ans «à ce qu’est la région, ce à quoi elle sert et quelle est sa place sur un échiquier politique que beaucoup, quelque soit l’âge, ont du mal à comprendre»; développer, pour l’avenir, «un lien constant avec une communauté désireuse de s’engager, qui pourra labelliser des projets participatifs soutenus par la région, dans le cadre des Engagés de la Région Sud».
En complément, et dans un autre registre Renaud Muselier va présenter aux maires et présidents d’intercommunalité de la région la création d’une Assemblée régionale des intercommunalités qui se réunira deux fois par an à la région pour maintenir la participation des territoires, en complément de la Convention annuelle des Maires créée en 2018.
«Nous allons renforcer le rôle des corps intermédiaires avec le Ceser»
Renaud Muselier annonce: «Nous allons renforcer le rôle des corps intermédiaires avec le Ceser». Il précise: «Son rôle principal est d’apporter un éclairage permanent aux élus régionaux de la part de la société civile dans son ensemble et de ses représentants». On y retrouve, répartis en quatre collèges : les représentants des entreprises et des activités professionnelles non salariées; les représentants des organisations syndicales de salariés; les représentants des organismes et associations; des personnalités qualifiées nommées par le Préfet de région. «Au-delà des commissions de travail et des débats internes au Ceser, leur principale mission est d’être saisis sur des sujets de compétences régionales, ou de s’auto-saisir sur des dossiers en lien avec le développement économique, social et culturel de la région» Et ajoute-t-il encore: «Je m’engage à discuter dès le début de ce prochain mandat des conditions dans lesquelles nous pourrons renforcer le rôle du Ceser, en augmentant le nombre de saisines par exemple, mais aussi en assurant un suivi plus important des préconisations dans la construction de nos délibérations».
Et Renaud Muselier de conclure: «J’appelle solennellement, dans toutes les régions de France mais aussi dans chaque canton de notre région, à voter et faire voter contre les binômes du Rassemblement national. Il ne peut y avoir ni ambiguïté, ni faiblesse».
Michel CAIRE