La boîte à Polars de Jean-Rémi Barland. ‘Le promontoire du reptile’ de Federico Axat: Quand crimes, rêve et réalité se mélangent…l’effroi est partout

Publié le 30 juin 2021 à  13h51 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  19h18

John Brenner a toujours eu des problèmes avec l’alcool. Il s’est battu pour les régler déclarant avec lucidité : «l’alcoolisme était un monstre tapi au plus profond de moi et profitait de mes faiblesses pour se montrer, ce qui ne manquait pas d’arriver.»

Federico Axat : un thriller où l’on voit qu’un rêve peut en cacher un autre ©DR
Federico Axat : un thriller où l’on voit qu’un rêve peut en cacher un autre ©DR

Les raisons de son addiction à l’alcool étant multiples, on découvre que son passé familial pesa très lourd sur son comportement. Son père s’étant suicidé quand il avait onze ans après avoir étouffé sa mère sous un oreiller, John, enfant, a grandi avec l’aide de son frère Mark, son aîné de cinq ans, qui malgré son âge donna l’impression d’être un jeune adulte. Et c’est tout naturellement vers ce dernier qu’il se tourna lorsque un nouveau drame relevant du judiciaire frappa à sa porte vers la trentaine. Se réveillant à plat ventre, au-milieu de son salon, dans un brouillard confus, comme lorsqu’il était soûl, son regard est attiré par l’éclat d’une forme brillante qui se révéla être le Ruger P85 ayant appartenu à son père. Et à côté le corps d’une fille couverte d’un drap blanc, la tête légèrement penchée vers sa direction, « ses yeux ouverts tournés vers l’infini.»

Qu’as-tu fait ? se demande-t-il alors, sachant qu’on l’impliquerait dans ce meurtre. La peur s’emparant de lui, demeurant sûr et certain qu’il n’avait jamais vu cette fille, même si quelque chose en elle lui semble familier, il court au-dehors songeant que l’assassin rôde peut-être dans les parages. Une détonation le saisit alors d’effroi tandis que plus loin s’élève ce que son frère et lui appelaient «le promontoire du reptile», dont on verra l’importance passé dans la vie des deux enfants d’autrefois. Retour chez lui, et là ô stupeur le corps de la défunte a disparu. Mark, appelé en hâte reste lui aussi interloqué, et on se dit avec raison que Dean Timbert, le nouveau commissaire qui succéda à Harrison, le commissaire de Carnival Falls, qui fut un ami de son père, aura bien du mal à démêler le vrai du faux.

Un récit aux multiples facettes

Au-delà de l’intrigue diaboliquement ficelée qui nous entraîne du côté d’agissements singuliers de laboratoires pharmaceutiques, et par laquelle la personnalité de la disparue qui s’appelle Paula Marrel, révèle bon nombre de points d’ombres, Federico Axat signe avec «Le promontoire du serpent» un récit aux multiples facettes.

Romancier né à Buenos Aires, ingénieur de formation, très au faite du fonctionnement du FBI dont il est beaucoup question en filigrane, cet écrivain surpuissant brosse d’abord une série de portraits bigarrés mettant en avant le courage des femmes. De multiples personnages, un autre suicide que celui du père de John, les confidences faites sur le Blog de SpeedRacer95, la photographie de Stuart Nance (8 juin 1995-17 avril 2015), l’amitié douloureuse de Tim Gustafsson et Richard Sullivan, autant d’éléments qui ajoutent de la profondeur au mystère. Federico Axat d’une grande finesse quant à l’analyse des comportements humains, nous fait entrer dans un univers où la frontière entre rêve et réalité se fait au fil des pages du roman de plus en plus mince et inquiétante.

Un rêve peut en cacher un autre

Quelle est cette amnésie dont est atteint John Brenner, et qui l’empêche de se souvenir des événements précédant la découverte du corps de la jeune fille dans son salon ? Son enquête se superposant à celle des autorités policières se révélera explosive faisant surgir une foultitude de coupables potentiels. L’onirique de l’écriture épouse la pensée du personnage central, et c’est un épilogue coup de poing que nous offre l’auteur qui s’affirme alors un observateur aguerri des rouages de la politique internationale. Et qui prouve qu’un rêve peut en cacher un autre.
Jean-Rémi BARLAND
«Le promontoire du reptile » de Federico Axat paru aux Éditions Calmann-Lévy- 377 pages – 22,90 €

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