Publié le 5 juillet 2021 à 10h53 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 19h18
Après avoir remporté le second tour des élections régionales le dimanche 27 juin avec 57,30 % des suffrages, face à son rival du Rassemblement national Thierry Mariani, à 42,70 %, Renaud Muselier, président sortant a obtenu, ce vendredi 2 juillet au sein de l’hémicycle de l’Hôtel de région, la majorité absolue dès le premier tour du scrutin avec 84 voix, soit exactement le nombre de ses colistiers. Le président de Provence-Alpes-Côte d’Azur interviendra longuement pour présenter sa feuille de route.
«Notre responsabilité est immense», déclare Renaud Muselier, juste après avoir retrouvé la tête de Provence-Alpes-Côte d’Azur lors d’une intervention où il est revenu sur ses projets, sa philosophie, sa stratégie de rassemblement, évoquant la «dream team» qu’il a constitué. Avant de considérer que ce territoire représente: «Une plus-value incontestable pour notre pays, la France». Il insistera à ce propos sur l’importance qu’il accorde à la décentralisation. Puis de mettre en exergue les atouts de la région environnemental, agricole, culturel, industriel et le «superbe» tissu de TPE-PME, d’artisans, de commerçants, de restaurateurs. «Des hommes et des femmes pleins de courage et de volonté, capables de faire face à toutes les épreuves». Sans oublier une économie sociale et solidaire «en plein développement».
«La vie, la liberté, et la recherche du bonheur»
Renaud Muselier explique les principes qui guident son action notamment la « Déclaration d’indépendance des États-Unis »: «Il y a dans ce deuxième texte un détail incroyable : Les pères fondateurs des États-Unis y avaient fixé trois droits inaliénables : la vie, la liberté, et la recherche du bonheur. Cette ambition est l’essence même de l’engagement politique». Il n’oublie pas la devise de la République française: liberté, égalité, fraternité. «La liberté, il nous faut la garder. L’égalité, il nous faut toujours la consolider. La fraternité, il nous faut maintenant la retrouver. La tâche du politique est donc simple mais si complexe car elle est de donner à tous les meilleures chances d’accéder à cette liberté, à cette vie, à cette égalité, à cette fraternité, à ce bonheur. Nous en donner toutes les chances, tous ensemble. Voilà notre mission».
«Tous les mensonges se sont cumulés»
Un climat loin de celui de la campagne: «La Région Sud est devenue un immense champ de tir, et la liste que j’avais l’honneur de piloter est devenue la cible confirmée de toutes les conversations politiques. Tous les commentaires et tous les mensonges se sont cumulés « Muselier : collabo, traître, vendu, lâche, peureux, manipulé ». « Tu vas perdre, et avec le déshonneur en prime. Il a fallu rappeler sans cesse mon parcours, mon histoire, ma vie, mon indépendance, ma liberté. Il a fallu rappeler sans cesse ma vérité, et la seule réalité : ma stratégie. Une nouvelle série Netflix était née: Après « Game of Thrones », nous avons eu « Game of Paca »». Il s’adresse alors à ses colistiers : «Je souhaite, et je vous demande que nous gardions l’unité au sein du groupe pendant toute cette mandature, autour d’un mot d’ordre, d’un nom : Notre région d’abord. Bien sûr, chacun sera libre de choisir son champion pour les échéances à venir, mais je resterai vigilant et intransigeant, afin que les débats nationaux n’entachent pas la région. On ne doit jamais se laisser polluer par la politique nationale. Et au contraire, c’est notre politique régionale qui doit être une plus-value pour la nation».
«La pire crise depuis la fin de la Seconde guerre mondiale»
Il revient sur son bilan: «Dans la mandature précédente, nous avons œuvré, agi, travaillé pour améliorer la vie quotidienne de nos concitoyens, dans le cadre de nos compétences, et parfois même en dehors. En dehors, car nous avons dû affronter, comme partout sur la planète, la pire crise depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale : la pandémie du Covid». Insiste sur les financements: «Pour regarder l’avenir avec confiance, nous devons aller chercher des fonds européens et les utiliser. Je vise 10 milliards d’euros pour ces six ans. Nous avions réussi à passer de 300M€ à 4,6 milliards dans la précédente mandature». Évoque l’importance de travailler avec l’État «pour mettre en place notre contrat d’avenir de 5,1 milliards d’euros, signé en janvier 2021 avec le Premier Ministre. Nous devons avancer, Ministère par Ministère, et traiter tous les problèmes relevant de nos compétences : nos trains, nos lycées, nos formations, notre culture, notre tourisme… ». Pour le président de Région, il est bien question de «faire vivre nos territoires, et organiser cette décentralisation que je demande à l’État, et que j’imposerai à la Région, en nous appuyant sur les élus locaux, en sanctuarisant l’équité territoriale, et en montrant toute notre solidarité lors des catastrophes et des épreuves que nous rencontrerons».
Un conseil régional des intercommunalités
Aborde ensuite l’enjeu démocratique après avoir une nouvelle fois remercié Jean-Laurent Félizia, «qui m’a fait confiance en sacrifiant sa liste, pour éviter le pire» et Jean-Marc Governatori «qui m’a proposé des points de programme qui pourront demain renforcer l’action régionale», précisant à ce titre qu’ils seraient associés à la gouvernance. Renaud Muselier assure qu’il n’y aura pas un centime d’augmentation d’impôt pendant le mandat qui s’ouvre. «Cela signifie que chaque projet est le fruit d’une conjonction d’énergies, du plus profond de nos territoires jusqu’à l’hémicycle régional», précise-t-il avant d’annoncer à ce propos l’installation d’un conseil régional des intercommunalités, qui viendra en soutien de la Convention régionale des maires. Il ajoute que dès la plénière de septembre des délibérations, des vœux et des motions pourront être déposés «par ceux qui ont fait le choix de se retirer de ce second tour». Ils pourront tenir un discours de politique générale, à chaque plénière de début d’année. Ils seront associés, tout au long de l’année, à la réflexion sur les sujets qui leur sembleront prioritaires.
Comment faire reculer l’abstention ?
Force a été de constater l’abstention record qui a assombri ces élections. Renaud Muselier préconise : «Nous allons retrouver le sens étymologique de la politique : ce qui concerne les citoyens, la vie de la cité. C’est pourquoi j’engage, sous l’autorité d’une vice-présidence entièrement dédiée à cette cause, une véritable refondation démocratique en Provence-Alpes-Côte d’Azur». Une action, explique-t-il, conduite à partir de trois axes: assurer la voix des forces politiques qui se sont retirées de cette élection, en s’appuyant sur un comité représentatif et/ou un organisme dédié. «Une rencontre est prévue dans les jours à venir avec les différentes forces concernées à cet effet.» Assurer une participation citoyenne de la jeunesse, «grâce à tous les outils immédiatement et intuitivement accessibles à nos jeunes, en s’appuyant sur le Parlement régional de la Jeunesse.» Renforcer la place de la société civile, «en donnant une place plus importante au Conseil économique, social et environnemental de la région qui regroupe déjà les forces économiques, associatives et syndicales.» Il entend également rapprocher l’institution des citoyens, pour cela il annonce la création «d’Allô Région pour répondre aux questions de la population. Parallèlement, chaque information recherchée sur le site devra faire l’objet, pour être trouvée, de 3 clics maximum».
La feuille de route
Renaud Muselier annonce vouloir se rapprocher du ministre de l’Intérieur lui proposant de signer un convention «qui permettra d’engager 10 millions d’euros par an pour nos polices municipales et toutes nos forces de l’ordre». Dans le même esprit il souhaite échanger avec le Garde des Sceaux avec la même idée : «Aider la chaîne pénale, pour l’exécution des peines, des Travaux d’intérêt général jusqu’aux places de prison». Il affiche son ambition de voir Provence-Alpes-Côte d’Azur devenir «la première région verte de France», pour cela deux objectifs majeurs sont mis en avant, devenir la 1ère région neutre en carbone d’Europe et une région autonome en gestion des déchets horizon 2030. Il indique à ce propos: «J’assumerai le pilotage de cette délégation majeure». Insiste sur la qualité des transports. Annonce également une augmentation de 10% du budget de la culture. Renaud Muselier se donne «six mois pour revenir à la vie et piloter la relance, six ans pour aboutir à une région sans masques, apaisée et prospère». La jeunesse, «plus que jamais», va être une priorité: «Il nous faut soutenir nos jeunes du lycée jusqu’à leur premier emploi. Je veux que nous récompensions l’engagement, et que l’on reconnaisse le mérite. On doit pouvoir aider nos jeunes à surmonter les inégalités des chances, on doit leur offrir les plus belles années de leur vie dans la plus belle région du monde ! Mon combat pour la jeunesse de cette région sera total».
Michel CAIRE
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Ils ont dit
Thierry Mariani: les urnes ont parlé même si elles ont chuchoté
Thierry Mariani, (RN), a adressé au nom des élus de son groupe ses «félicitations républicaines» à Renaud Muselier. «Les urnes se sont exprimées, la démocratie a parlé, même si elle a chuchoté». Il déplore: «Une abstention trop massive qui doit tous nous appeler à l’humilité». Pour remédier à cette, il précise que le RN «est favorable au référendum citoyen et à la consultation des populations». Il annonce que son groupe sera une «opposition combative» mais aussi «constructive». Occasion pour lui de critiquer la volonté de Renaud Muselier d’associer Jean-Laurent Félizia et Jean-Marc Governatori aux décisions : «Il ne faudrait pas que l’opposition élue ait moins de droits que ceux qui ont fait le choix de se retirer. J’espère que cette mandature mettra fin à la doctrine qui veut que toutes les motions présentées par le RN soient systématiquement rejetées par votre groupe».
Réactions
Christian Estrosi (La France audacieuse) devait indiquer sur twitter: «Toutes mes félicitations à mon ami Renaud Muselier réélu à la présidence de notre belle Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur. Je serai à ses côtés pour continuer de faire avancer la région et tous nos territoires».
Sophie Joissains (UDI) revient sur la campagne: «A vaincre sans péril on triomphe sans gloire». Elle évoque: «Une campagne très dure lors de laquelle nous avons senti des mouvements de fond avec une société traumatisée, exprimant de fortes inquiétudes sur le plan économique et social, les explosions de violence». Et de constater: «Une rupture entre la population et le monde institutionnel, une population qui ne voit plus dans les élus leurs représentants».
Christophe Madrolle (Union des centristes et des écologistes): «Je suis fier et heureux que Renaud Muselier préside la délégation en charge de la COP d’avance, il pourra ainsi imprégner toutes les politiques régionales. C’est une nouvelle preuve que l’écologie n’est pas un gadget dans cette région. Et toute la sensibilité écologique sera avec lui».
Bertrand Mas-Fraissinet (LREM): «C’est avec enthousiasme que je vis cette journée. Il y avait un vrai risque de basculement de notre région au RN. Face à cela nous n’avons cessé de tendre la main, d’appeler au rassemblement. Je rends à ce propos hommage à Sophie Cluzel qui a eu le courage de se retirer. Et nous sommes maintenant pleinement dans la majorité régionale». Face à l’abstention Bertrand Mas-Fraissinet plaide pour une réforme institutionnelle: «Je veux bien me battre la coulpe mais enfin il faut que chacun prenne ses responsabilités. J’ai l’impression que la plupart de nos concitoyens ne mesure pas la diversité de l’offre dont on peut encore bénéficier dans ce pays. La démocratie n’est pas un caprice, il importe de faire un choix et de voter».
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