Publié le 12 juillet 2021 à 22h21 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h28
Le pass sanitaire va être étendu début août aux trains, cafés, restaurants, centres commerciaux… Le président de la République a aussi annoncé lors de cette huitième allocution depuis le début de la crise liée au Covid-19 que les soignants seront soumis à l’obligation de se faire vacciner. Les tests PCR seront rendus payants cet automne et que la réforme des retraites sera engagée «dès que les conditions sanitaires seront réunies».
Emmanuel Macron salue d’abord le « civisme » des Français, qui a permis de «maîtriser l’épidémie et de revivre à nouveau », et rappelle les chiffres encourageants . «Nos efforts proportionnés, la réouverture progressive et réussie des mois de mai et juin et le déploiement d’un plan de vaccination inédit nous ont permis d’obtenir des résultats incontestables. Nous étions parvenus au cours de ces dernières semaines à passer sous les 2 000 contaminations par jour, contre plus de 35 000 au plus haut de la crise. Les hospitalisations, comme les décès, sont au plus bas depuis près d’un an.»
Le chef de l’État salue sa politique du « quoi qu’il en coûte » auquel il s’était engagé dès mars 2020 : «Non seulement il nous a permis de protéger nos entreprises, nos emplois, mais a préservé le pouvoir d’achat de nombre de Français et est à l’origine d’un vigoureux rebond. Notre croissance devrait s’établir à 6% en 2021 : en tête des grandes économies européennes.» Rappelle que la Covid a détruit près de 300 000 emplois depuis le début de l’année : «Nous avons déjà recréé 187 000 emplois ce seul mois de mai.»
L’heure est désormais à l’évocation de la forte reprise épidémique, qui touche tous les territoires, métropole comme outre-mer :« Aussi longtemps que le virus circulera, nous serons confrontés à ce type de situation. L’apparition du variant dit “Delta” se traduit en effet par une augmentation des contaminations partout dans le monde. Parce que ce variant est trois fois plus contagieux que la première souche, il s’engouffre dans tous les espaces non couverts par la vaccination pour y faire face.»
Un été de mobilisation pour la vaccination
En ce qui concerne la vaccination, le Chef de l’Etat évoque : « Un été de mobilisation pour la vaccination : voilà ce que nous devons viser.» Précise que «Si chez nous, en France, la situation est pour le moment maîtrisée, mais que nous n’agissons pas dès aujourd’hui, le nombre de cas va continuer de monter fortement et entraînera inévitablement des hospitalisations en hausse dès le mois d’août.»
Met en exergue: «Nous avons, pour faire face à cette nouvelle donne, un atout maître qui change tout par rapport aux vagues précédentes : le vaccin. Tous les vaccins disponibles en France nous protègent solidement contre ce variant Delta. Il divise par 12 son pouvoir de contamination et évite 95 % des formes graves.» L’équation est simple, insiste-t-il: «Plus nous vaccinerons, moins nous laisserons d’espace au virus pour se diffuser, plus nous éviterons les hospitalisations et plus nous éviterons d’autres mutations du virus, peut-être plus dangereuses encore. C’est donc une nouvelle course de vitesse qui est engagée.»
Vaccination obligatoire pour les personnels des établissements de santé
Le chef de l’Etat confirme imposer la vaccination pour les personnels des établissements de santé ou en contact avec des publics fragiles. «Quand la science nous offre les moyens de nous protéger, nous devons les utiliser avec confiance dans la raison et dans le progrès. Pour nous protéger et pour notre unité, nous devons aller vers la vaccination de tous les Français, car c’est le seul chemin vers le retour à la vie normale.» Il explique que dans un premier temps, le vaccin obligatoire concernera «les personnels soignants et non soignants des hôpitaux, des cliniques, des maisons de retraite, des établissements pour personnes en situation de handicap, pour tous les professionnels ou bénévoles qui travaillent au contact des personnes âgées ou fragile y compris à domicile, la vaccination sera rendue obligatoire sans attente.» Et qu’ils auront « jusqu’au 15 septembre pour se faire vacciner. A partir du 15 septembre, des contrôles seront opérés et des sanctions seront prises.»
La question de la vaccination obligatoire se pose
En fonction de l’évolution de la situation, avance Emmanuel Macron: «Nous devrons sans doute nous poser la question de la vaccination obligatoire pour tous les Français, mais je fais le choix de la confiance et j’appelle solennellement tous nos concitoyens non vaccinés à aller se faire vacciner dès aujourd’hui au plus vite.» Dévoile que «Neuf millions de doses vous attendent dès aujourd’hui qui n’ont pas encore été injectés et nos commandes continuent d’arriver. Que ce soit donc près de chez vous, sur votre lieu de vacances, avec ou sans rendez vous : faites vous vacciner.» Et, « Des campagnes de vaccination spécifiques seront déployés dans les établissements scolaires dès la rentrée », annonce Macron
Une campagne de rappel à compter de début septembre pour les vaccinés de janvier et février
Et à destination des premiers vaccinés, c’est à dire en janvier et février, «Ils verront prochainement leur taux d’anticorps baisser, leur immunité diminuée. Je veux ici les rassurer. Dès la rentrée, une campagne de rappel sera mise en place pour vous permettre de bénéficier d’une nouvelle injection selon le même système et dans les mêmes conditions que la où les premières. Les rendez vous pourront être pris dès les premiers jours du mois de septembre.» S’il se veut rassurant, le chef de l’État précise que «malgré le vaccin, je vous demande à toutes et tous de continuer à être prudent et de continuer à respecter ces gestes barrière contre le virus que vous connaissez bien désormais, en complément de la vaccination.»
Il annonce également que « l’état d’urgence sanitaire sera déclaré dès demain en conseil des ministres pour la Martinique et La Réunion et un couvre-feu sera instauré .» En métropole, sauf dans les départements qui dépasseraient un taux d’incidence de 200, l’approche sera « plus simple». «Pour autant dans l’Hexagone, sauf dans les départements qui dépasseraient un taux d’incidence de 200 et verraient leur hospitalisation augmenter, où des mesures de freinage pourront être prises par nos préfets, notre approche sera plus simple. Partout, nous aurons la même démarche reconnaître le civisme et faire porter les restrictions sur les non-vaccinés plutôt que sur tous.»
Contrôle aux frontières
Emmanuel Macron de prévenir que « dès cette semaine, ils seront encore renforcés pour les ressortissants en provenance des pays à risque, avec un isolement contraint pour les voyageurs non vaccinés ».
Extension du pass sanitaire
Extension du pass sanitaire pour les « lieux de loisirs et de culture » rassemblant plus de 50 personnes au 21 juillet, pour les restaurants et certains transports en août
«Dès le 21 juillet, le pass sanitaire sera étendu aux lieux de loisirs et de culture. Concrètement, pour tous nos compatriotes de plus de 12 ans, il faudra pour accéder à un spectacle, un parc d’attractions, un concert ou un festival avoir été vaccinés ou présenter un test négatif récent. A partir du début du mois d’août, et cela parce qu’il nous faut faire d’abord voter un texte de loi promulguée, le pass sanitaire s’appliquera dans les cafés, les restaurants, les centres commerciaux ainsi que dans les hôpitaux, les maisons de retraite, établissements médico-sociaux, mais aussi dans les avions, trains et cars pour les longs trajets. Là encore, seuls les vaccinés et les personnes testées négatives pourront accéder à ces lieux, qu’ils soient d’ailleurs clients, usagers ou salariés. En fonction de l’évaluation de la situation, nous nous posons la question de l’extension du pass sanitaire à d’autres activités encore».
Les test PCR rendus payants cet automne
Cet automne, les fameux tests PCR seront rendus payants, sauf prescription médicale, «et ceci afin d’encourager la vaccination plutôt que la multiplication des tests.»
Le projet de loi permettant ces nouvelles mesures examiné au Parlement dès le 21 juillet
«Pour pouvoir faire tout cela, je convoquerai le Parlement en session extraordinaire à partir du 21 juillet pour l’examen d’un projet de loi qui déclinera ces décisions. Vous l’avez compris, la vaccination n’est pas tout de suite obligatoire pour tout le monde. Mais nous allons étendre au maximum le pass sanitaire pour pousser le maximum d’entre vous à aller vous faire vacciner», indique encore Emmanuel Macron
Solidarité: Partage des vaccins
Le chef de l’Etat insiste sur la solidarité nécessaire en matière de partage des vaccins, et l’accroissement de l’aide française : «Nous avons déjà donné plus de deux millions et demi de doses et d’ici la fin de l’année dans plusieurs dizaines de millions de doses de vaccins. Nous contribuerons à nous mobiliser, justement, et à mobiliser tous nos partenaires pour produire plus et donner encore davantage aux pays les plus pauvres, en particulier dans les Balkans, en Afrique, au Proche et au Moyen-Orient. Plusieurs pays sont aujourd’hui fortement touchés et nous allons accroître encore notre aide. Je pense particulièrement à la Tunisie. Pour en finir durablement avec la pandémie. Nous devons vacciner partout.» Emmanuel Macron martèle son appel à la vaccination générale dans les semaines à venir « pour bloquer le virus et pour continuer de relancer notre économie» «L’été de mobilisation pour la vaccination sera aussi un été de relance. (…) Notre plan de relance se déploie à un rythme soutenu. Sur les 100 milliards d’euros votés à l’automne dernier et permis grâce à l’accord européen historique d’il y a un an, 40 milliards ont ainsi été mobilisés sur le terrain. Nous devons faire plus encore, car plus vite nous concrétiseront le plan de relance, plus fort sera notre rebond.» Transition toute trouvée pour fermer la page Covid-19 de son discours et aborder désormais la situation économique et les réformes qu’il souhaite mener d’ici la fin du quinquennat.
La réforme des retraites sera « engagée dès que les conditions sanitaires seront réunies »
«Nous devrons engager, dès que les conditions sanitaires seront réunies, la réforme des retraites. J’ai toujours tenu un langage de vérité. Oui, notre système est injuste. Avec quarante-deux régimes différents, il entretient des inégalités majeures et il faudra aller vers plus de simplicité pour plus de justice. Et donc, les régimes spéciaux devront être supprimés pour les nouveaux employés dans ces secteurs. Oui, parce que nous vivons plus longtemps, il nous faudra travailler plus longtemps et partir à la retraite plus tard. Pas demain, pas brutalement, pas de manière uniforme, car il faut prendre en compte la difficulté des métiers. Mais progressivement, sur plusieurs années et par un système qui fait la différence selon le travail réellement exercé. Et donc l’âge de départ doit être plus tardif.»
Emmanuel Macron estime que toute retraite pour une carrière complète devra être supérieure à 1 000 euros par mois . «Une vie de travail doit offrir une pension digne et donc toute retraite pour une carrière complète devra être supérieure à 1 000 euros par mois. Voilà ce que je veux en des termes clairs et simples pour protéger les retraites actuelles et celles de nos enfants sans augmenter les impôts.»
Alors que le calendrier de la réforme des retraites fait débat, Emmanuel Macron assure qu’il ne « lancera pas cette réforme tant que l’épidémie ne sera pas sous contrôle ». «J’ai entendu les débats sur le moment. Faut il faire cette réforme dès ce mois de juillet, à la rentrée ou bien plus tard ? Alors si je demande au gouvernement de Jean Castex de travailler avec les partenaires sociaux sur ce sujet dès la rentrée, je ne lancerai pas cette réforme tant que l’épidémie ne sera pas sous contrôle et la reprise bien assurée.» Mais il confirme que la réforme de l’assurance-chômage sera « pleinement mise en œuvre » le 1er octobre: «On doit toujours bien mieux gagner sa vie en travaillant qu’en restant chez soi, ce qui n’est actuellement pas toujours le cas.»
Un « revenu d’engagement » pour les jeunes sans emploi ou formation
«Ma troisième conviction, enfin, c’est que la Nation doit une réponse à ceux qui ont été le plus touchés par la crise : à notre jeunesse qui a tant sacrifié alors qu’elle risquait peu pour elle-même, à nos aînés qui ont craint plus pour leur vie. Je présenterai à la rentrée le revenu d’engagement pour les jeunes, qui concernera les jeunes sans emploi ou formation et sera fondée sur une logique de devoirs et de droits.» Sans parler d’aide spécifique, Emmanuel Macron évoque une « grande ambition humaniste » nécessaire «pour l’autonomie ».
Quant aux aînés et aux personnes en situation de handicap, «trop souvent confrontés à une solitude sans solution», Emmanuel Macron précise: «Nous leur devons une grande ambition humaniste pour l’autonomie, un accompagnement renforcé pour le maintien à domicile, des maisons de retraite modernisées.»
Le chef de l’État conclut sa huitième allocution depuis le début de la crise liée au Covid-19 en appelant à «un été de vigilance »
Patricia MAILLE-CAIRE