Jean-François Stévenin l’homme au ‘passe-montagne’ s’en est allé

Publié le 28 juillet 2021 à  22h19 - Dernière mise à  jour le 1 novembre 2022 à  14h52

Jean-François Stévenin qui vient de nous quitter, était ce que l’on appelle au cinéma «une gueule». Il apparaissait et il se passait quelque chose.

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Il était reconnaissable entre tous. De «La chamade» d’Alain Cavalier en 1968 à «Illusions perdues» de Xavier Giannoli en 2021, sa carrière sur grand écran en tant qu’acteur fut impressionnante. Sans oublier ses propres films « Passe-montagne », (1978), «Doubles messieurs», (1986), et «Mischka» (2002), où il montra en tant que réalisateur son sens de la poésie surréaliste, son goût pour le baroque, et sa passion de l’idée même de fraternité. Il était aussi une voix. Étonnante et particulière. Son enregistrement par exemple en intégralité du roman de Philippe Djian «Impardonnables» fait partie des grands opus de la collection Ecoutez/Lire des éditions Gallimard. On l’a entendu en doublage de Gary Lewis, Tommy Lee Jones et Benicio del Toro sur certains grands films américains dont «Dans la brume électrique » de Bertrand Tavernier avec qui il était très lié. Et puis, ce n’est pas anodin il inspira l’écrivain Marc-Edouard Nabe (le fils du chanteur Marcel Zanini) en a fait un des personnages principaux de son roman Lucette, qui retrace la vie de Lucette Destouches, la veuve de l’écrivain français Céline. Nabe y dépeint un Stévenin acteur-cinéaste, qui cherche à adapter au cinéma le roman « Nord» publié par Céline.

Sympathique, talentueux et noué par le trac

Né le 23 avril 1944 à Lons-le-Saunier, Jean-François Stévenin, ayant marqué les esprits dans un nombre incalculable de téléfilms. Souvent habitué aux seconds rôles, il était père de quatre enfants Sagamaore, Robinson, Salomé et Pierre, tous acteurs. Notons à ce sujet sa scène bouleversante dans « L’argent de poche » où il évoque devant des enfants le malheur qui s’est abattu sur certains petits êtres malmenés par l’existence. Diplômé de HEC Paris (promotion Pâquerettes, 1967), il fut d’emblée passionné de 7e art au point de rédiger une thèse sur l’économie du cinéma. Parti en stage à Cuba, sur un tournage, il apprend sur le tas et effectue tous les métiers, de technicien à assistant-réalisateur, en passant par second assistant, notamment sur le film d’Alain Cavalier «La chamade ». Le reste on le connaît par le grand écran, la télévision et aussi par le théâtre où on ne l’a quand même moins vu. Où il s’est fait rare faute de temps. On retiendra sa prestation absolument sublime dans «L’anniversaire » de Pinter où il incarnait Goldberg, personnage foutraque et inquiétant. l’Aixoise Andréa Ferréol qui campait elle le personnage de Meg Boles se souvient d’un homme «sympathique, talentueux et noué par le trac». Un être humble en fait qui s’est envolé vers les étoiles et qui va manquer à sa famille, ses amis bien sûr, mais aussi au cinéma français tout entier.
Jean-Rémi BARLAND

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