Publié le 31 juillet 2021 à 8h23 - Dernière mise à jour le 1 novembre 2022 à 14h53
Grégory Gerreboo est l’enfant dans «Léonard l’enfance d’un génie» la pièce de Brigitte Kernel et Sylvia Roux dont la dernière représentation est ce samedi 31 juillet à 14 heures au Théâtre Barretta. L’acteur retrouvera en octobre Christophe Lidon au Cado d’Orléans pour la pièce «Dom Juan -répétitions en cours»
Enfant Grégory Gerreboo voulait devenir magicien et fut très vite fasciné par le monde des marionnettes. Né en France le 9 juillet 1971, il vécut longtemps au Québec ce qui développa son goût de l’ailleurs et son amour des voyages. La vocation de comédien lui est venue très tôt également puisque collégien en banlieue parisienne, madame Blaisot, la directrice de son collège lui fit rencontrer avec ses camarades Jean Dessailly, Simone Valère et Jacques Fabbri. Des pièces de théâtre qu’il vit au Français avec des acteurs prestigieux il en garde un souvenir ému, son désir d’être sur scène datant de cette époque. «J’ai su alors que je serai comédien», indique-t-il.
Et c’est tout naturellement qu’il suivit des enseignements de professeurs s’appelant Claude Denis, puis, au Cours Florent, Xavier Hoffman ou Jean-Pierre Garnier et Joséphine Derenne, actrice au temps où Philippe Caubère était au Théâtre du Soleil. «Une grande pièce, c’est une pièce qui change ta vie, qui va te remettre en question», affirme Grégory Gerreboo définissant un grand metteur en scène comme celui qui «va te permettre d’aller où tu n’avais pas prévu d’aller, et d’aller toujours plus loin ». Quant au trac c’est pour lui «la peur qu’il y ait trop d’ego sur scène».
Aimant profondément les comédiens Grégory rappelle l’humilité avec laquelle Catherine Rich se comportait sur les planches. «J’ai eu la chance de jouer à ses côtés dans « Les dames du jeudi » la pièce de Loleh Bellon. L’intrigue en était simple et très émouvante : Tous les jeudis, trois dames d’un certain âge, amies depuis toujours, se retrouvent à l’heure du thé : Sonia, la fille d’immigrés russes, nonchalante et charmeuse, Marie, la mère de famille pragmatique et sage, et Hélène, la solitaire au caractère bien trempé. Au fil de leurs conversations animées, elles se remémorent le passé et parviennent à faire revivre, entre des fous-rires et quelques pas de danse, leurs souvenirs les plus touchants… J’y étais Victor, Marina Vlady.. Sonia, Annick Blancheteau….Marie, Bernard Alane …Jean et Catherine Rich incarnait Hélène. Elle regardait les autres en coulisses quand elle n’était pas sur le plateau. Cela m’avait touché.»
« Quand je travaille avec Christophe Lidon, je suis comme chez moi »
«Quant à Christophe Lidon le metteur en scène de ces « dames du jeudi », il m’a beaucoup appris. C’est plus que ma famille. Quand je travaille avec lui je suis comme chez moi. Je le retrouverai d’ailleurs du 1er au 15 octobre prochain au Cado d’Orléans, théâtre qu’il dirige avec la création de sa pièce « Dom Juan -répétitions en cours » un spectacle où il imagine et met en scène ce classique de Molière sous un angle inédit. Sur le plateau, huit comédiens, le metteur en scène, un texte, et surtout la propulsion du public au cœur de cette construction magique que constitue l’élaboration d’un spectacle. Élément par élément, le spectateur est amené à participer à l’intimité du choix du décor, d’un costume, d’un son, d’un départ en musique, mais aussi et surtout à la construction psychologique des personnages. C’est pour cela que la représentation à laquelle le public sera convié met en scène la troupe en répétition. Chacun(e) sera, non pas invité à une performance finalisée de Dom Juan mais témoin de la création. Un lever de rideau aussi inattendu qu’enthousiasmant », résume Grégory qui ajoute : «Et c’est par Christophe Lidon que j’ai rencontré Stéphane Cottin mon frère de théâtre. Nous étions ensemble sur « Le médecin malgré lui » vu par Thierry Hancisse au Cours Florent. On ne se quitte plus. C’est un orfèvre de la mise en scène. Et c’est lui qui me dirige sur ce « Léonard, l’enfance d’un Génie » donné cet été dans le cadre du off d’Avignon».
« Léonard de Vinci, la naissance d’un génie » mis en scène par Stéphane Cottin, son frère de théâtre.
Nous y découvrons l’enfant de Vinci enfant. Séparé de sa mère, vivant avec son père, un tyran qui passe son temps à le gronder, sensible et rêveur le garçon trouve du réconfort auprès de son grand-père, un homme cultivé qui l’encourage à développer ses incroyables talents. Ce magnifique Léonard qui s’intéresse à tout, l’auteure Brigitte Kernel nous le raconte pas à pas, de sa construction d’un parachute, à sa fascination pour les créatures fantastiques, de sa passion pour le dessin à son engouement pour l’astronomie. L’éveil d’un artiste donc et d’une conscience qui réfléchit et transforme ses souffrances en œuvres d’or. Sylvia Roux qui s’est associée à Brigitte Kernel pour bâtir une version scénique du roman excelle à préciser chaque détail, chaque nuance d’un parcours atypique et au final magique. Sur scène une sorte de grand livre ouvert sur lequel s’installe Léonard de Vinci, et pour représenter tous les êtres qui l’entourent des figures de bois que le comédien Grégory Gerreboo déplace et présente au public. Seul en scène, il est la voix de Léonard, ses doutes, ses peurs, ses espoirs, et disons-le, mise en scène lumineuse de Stéphane Cottin oblige, il magnifie l’univers si riche poétiquement de Brigitte Kernel et Sylvia Roux en véritable acteur créatif. Il est saisissant de justesse et d’intensité. On saluera dans cette pièce la beauté des formes, l’intelligence et la précision de l’ensemble, la perfection de l’interprétation qui contribuent à faire de ce spectacle un moment de théâtre beau, droit d’une évidence totale. Un spectacle qui évoque aussi les notions de pardon, de réconciliation, et de transmission avec une empathie digne de celle de chacun des généreuses personnes qui l’ont créé. On ressort conquis et très émus.
« Anne Sylvestre, c’est l’artiste qui t’accompagne toute ta vie, dans tous les instants de ta journée »
Pas étonnant de voir Grégory Gerreboo embarqué dans une pièce sur la transmission, lui qui enseigne à la Guild Hall de Londres, qui a travaillé en Corée, en Allemagne, et à qui on a demandé d’insuffler à des élèves l’amour du théâtre classique au Japon, et aux États-Unis. Fou de comédies musicales, il a travaillé avec la chanteuse lyrique Dalia Constantin il aimé répéter que « Le théâtre est un art collectif. Un art d’être ensemble ». Quant à la chanson, lui qui demeure fasciné par les voix, il en écoute avec constance, et enthousiasme. Et il voue à la regrettée Anne Sylvestre dont il possède l’intégrale d’enregistrements studio un engouement quotidien: « Anne Sylvestre c’est l’artiste qui t’accompagne, toute ta vie, à tous les instants de la journée, Toutes ses chansons te permettent de mieux vivre. Et je sais qu’il y a une chanson d’Anne Sylvestre sur chaque chose que je perçois de la réalité. Et quand je me pose des questions sur l’existence ou sur le monde je trouve une réponse dans une chanson d’Anne. Et je suis d’autant plus en communion avec ce qu’elle chante qu’elle a écrit et interprété « Après le théâtre » où elle rend hommage au comédien… »
On constate là encore combien Grégory Gerreboo aime admirer et faire partager ses émotions aux autres. Un grand comédien.
Jean-Rémi BARLAND
[(
«Léonard l’enfance d’un génie » de Brigitte Kernel et Sylvia Roux. Au Théâtre Barretta au 14,Place Saint-Didier – 84000 Avignon à 14h jusqu’au 31 juillet. 19 € ; 13 € ; 10 € ; Réservations au 07.60.43.67.86. et au 06.50.60.02.78. theatre-barretta.com.
« Dom Juan – répétitions en cours » de Molière, imaginé mis en scène et scénographié par Christophe Lidon. Au Cado d’Orléans du 1er au 15 octobre 2021. Réservations et renseignements au 02.38.54.29.29. cado-orleans.fr )]